Poème:Rouge Et Bleue

Rouge et bleue

Stridulation, cris plaintif, complainte électronique,
D’un signal mes muscles se tendent, la sirène hurle.
Je saute sur mes bottes, courir sans céder à la panique,
Le garage, vite sauter derrière le volant, déjà je roule.

Lueurs bleues tournantes, reflets sur les casques brillants,
Les traits tendus de mes collègues, la sirène toujours,
J’enfile les rues, ballet des lumières de feux de croisements,
Courir toujours, aller vite, aller plus vite, porter secours.

Chez moi ailleurs, ma vie, la femme que j’aime, mes enfants,
Ils dorment, je les verrais demain, peut être, peut être.
Des bras qui s’agitent, des mains qui se tendent, en avant,
Une carcasse au bord de la route, allez je sais quoi faire.

Je cours, des cris, des pleurs, dieu aidez moi, guidez mon bras,
Du sang sur la tôle froissée, une main d’enfant qui tremble.
Penché sur des visages étreints d’angoisse, pas de faux pas,
Agir en professionnel, cet enfant comme elle lui ressemble.

Je reste assis sur le trottoir, mes mains tremblent dans le noir,
Une main sur mon épaule, le médecin capitaine hoche la tête.
La petite fille jouera encore, par elle reviennent tout les espoirs,
La tête dans les étoiles maintenant je pleure le cœur en fête.

Chaque fois que le bip lance son appel, que je cours dans le noir,
Chaque fois que je quitte les miens dans le nuit vers le destin,
Chaque fois je pense à toutes ces mains implorantes d’espoirs,
Chaque fois je prie, trouver la force d’aider, d’étreindre ces mains.

Au matin, quand l’aube me laisse aux miens, je regarde mes filles,
Quand je plonge dans le sommeil je m’endors serein dans le petit jour.
Car quelque part je sais qu’un autre déjà cet uniforme bleu enfile,
Je sais que cet autre dans ce garage, ce dortoir, attend de porter secours.