Poème:Bris De Mots Reloaded

Mot lové dans le creux de l’oreille mugissant dans l’esprit à la faveur d’un éveil, ce son agite mes neurones en ce moment d’introspection.
Regardez ce son, que dis-je, attrapez-le comme un papillon avant qu’il ne s’évade alentour, jaugez-le afin qu’il vous dise s’il désigne un être, quelqu’un de connu ou d’inconnu, déclenchant cette farandole d’images, d’impressions, de conversations entendues ou imaginées, tel que votre esprit sans trouve bientôt totalement occupé à peser l’information, à fabriquer de nouvelles émotions, réagir en somme à la vibration de l’extérieur !
Il se peut aussi que ce son véhicule une idée, vous savez quelques mots, plusieurs syllabes pour certains, quand d’autres choisissent l’ultime dépouillement en alignant quelques lettres délimitées par des blancs… Et oui, parce qu’on limite les choses par des blancs ! Et si l’on prenait l’arc en ciel pour mettre en musique toutes ces lettres, n’en sortirait-il pas plus d’harmonie, plus de profondeur, révélant peut-être le monde non plus à quatre, mais à dix dimensions ?
On pourrait me dire, il se paie de mots… mes paroles seraient alors vide de sens, à cela je répondrais que jouer avec les mots permet de créer des équivoques, proposer une double lecture n’a de sens que si on provoque l’interrogation, l’échange de mots, et que de mots croisés on en vienne à se donner le mot !
J’enrage ! Comment ? Se donner le mot ? Convenir de ce qu’il faut dire, de ce qu’il faut faire, évaluer le petit dénominateur commun entre nous, et parler au bas mot ! Non ! On me dirait alors brièvement en somme, il n’y a plus qu’un mot à dire ! Faisant alors de notre échange un mot à mot ! Sans mot dire, me maudirez-vous jusqu’à ce que notre échange ne soit réduit qu’à un battement de cil, un froncement de sourcil ?
Je ne vous prendrais pas au mot, ceci m’enjoignant des maux dont seul un bon mot pourrait me tirer ! Après tout, les lettres ne sont-elles pas des bris de mots ! Et dans ce cas, Meaux n’en serait-il pas alors leur meilleur abri ?
Maudissons plutôt le sort, car un mot de trop et le sens d’une vie peut sombrer, ou tout à coup s’épanouir ! Je sais aussi que l’absence révèle tout autant de chose qu’un trop plein de mots, l’histoire sans cesse ne recommence laissant la place tantôt à de grands mots, tantôt à de gros mots ! On peut dire que certains utilisent les mots seulement pour l’emporter dans une discussion, dans un différent. Une étape dans la vie, pour le quidam, moi je crois à l’économie des mots ! Comment ? N’en ai-je pas trop écrit déjà révélant cette violation de loi ?

A Raymond DEVOS