Poème:Burn-Out

Le temps, le temps, jamais ne m’atteint
Le temps, le temps, le temps qui souffle
Le temps, le temps et si je m’éteins ?
Le temps, le temps jamais ne pantoufle

Dans ce monde où chacun veut toucher le gros lot
Où il faut toujours se dépasser, aller plus vite
Que ce soit chez-soi, dans ses hobbies, au boulot
Il arrive parfois qu’un grain de sable s’invite…

Même pas le temps de savourer un expresso
Sur le comptoir nickel d’une brasserie, en zinc
Que déjà il me faut repartir à l’assaut
Et me démener pour mon entreprise comme cinq

Il faut courir, courir et vivre à cent à l’heure
Chaque jour est fait pour qu’on pulvérise ses records
Sans se soucier jamais de l’enfant en nous qui pleure
Et ne pas écouter les longues plaintes de son corps

C’est tellement bon d’être traité comme un vainqueur
Et tant pis si nos pieds, notre âme et nos mains saignent
On en oublie que dans notre poitrine bat un seul cœur
Qui proteste encore quand les lumières s’éteignent

Grisé par la vitesse, on se sent pousser des ailes
Rien ne pourrait nous stopper dans notre ascension
On consomme l’amour, la drogue comme de simples bretzels
Mais à plus personne, plus rien, on ne fait attention

On est pareil à ce noyé aux yeux de fou
A l’oiseau englué dans une flaque de mazout
On a couru si vite qu’on a pas vu le trou
Et on finit par tomber dans un profond burn out

Le temps, le temps, le temps m’étreint
Le temps, le temps un truc de ouf
Le temps, le temps est comme un train
Le temps, le temps, le temps… et plouf !

Alors ceux qu’on croyait nos amis nous disent bye bye
On est plus rien, juste un énorme morceau de plomb
On a plus la force de retourner au travail
Il faudrait de l’amour pour nous remettre d’aplomb