Poème:Création

Ce que j’aime dans les mots
C ’ est qu’ils ont la force des maux.
Ces suites de caractères inégaux
Ont la puissance de mille fléaux.
Je n’ecris jamais dans le bonheur.
J’ai besoin de cris et de fureur,
De souffrances et de pleurs,
De larmes et de sueur…
Je grave mes phrases au scalpel
Comme autant de blessures mortelles.
Et si les marques paraissaient superficielles,
Le poison poursuit son œuvre sacrificielle.
Ne comptez pas sur moi pour mettre en couleurs
La nature et ses jolies fleurs.
Je laisse cela à de meilleurs auteurs.
Ma plume glisse vers vous dans la moiteur.
J’ai voulu me mettre à la peinture
Pour célébrer la divine nature
Mais la beauté des paysages m’ennuie jusqu’à la torture.
Malgré moi je dessine des corps en d’
Effrayantes postures.
Mes pinceaux trempent dans le sperme et le sang
Pour dessiner des etres ondulants
Se caressant, se pénétrant
Inspirés par un Satan triomphant.
Mes créations m ’échappent,
Le scénario dérape,
Ma civilité passe à la trappe.
Je ne suis plus que rage qui frappe.
J’ ecris et je peins
Comme beaucoup d autres cretins
Le font avec leurs poings.
C ’est toujours le même refrain.
Je ne suis qu ’un artiste raté
Essayant d’ exorciser
Ses pulsions inavouées
En les projetant sur du papier.
La Bête en nous n ’est jamais loin.
Elle est tapie dans un coin
Attendant un signe du destin
Pour se libérer en lâchant les freins.
Nous sommes tous des tueurs en série !
Ce sont les circonstances de la vie
Qui font basculer certains vers le maudit,
Et d ’autres vers d’innocentes folies…

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