Texte:Enfin Libre

Jamais Linda n’aurait cru un jour pouvoir décider librement de sa vie.
Elle qui avait depuis sa plus tendre enfance écouté et suivi les règles édictées par ses parents, puis par ses professeurs, par son mari, et même par ses amis.
Tout ce qu’elle pensait elle le refoulait, tout son être devait se fondre et disparaître pour laisser entièrement la place aux autres.
Linda ne le faisait pas par altruisme ou souci de l’autre, non, elle n’avait pas du tout d’estime pour elle-même.
Cette souffrance était insupportable, elle s’imaginait quelques fois, comme un fantôme que personne ne voit, que personne n’entend. Elle pouvait passer à travers une foule, personne ne lui adressera la parole.
Cela ne pouvait durer ainsi toute sa vie, et elle commença petit à petit, à ouvrir les yeux sur sa réalité et à comprendre que rien ni personne ne pouvait changer quoi que ce soit en elle, si elle n’en prenait pas conscience.
Alors elle commença à inspecter ses échecs et réussites relationnels. Cette séparation d’avec son mari, ses rapports superficiels avec ses parents, cette peur d’être mise à l’écart par ses amis.
Quelle était donc sa place dans ce trop-plein d’émotions. Elle analysait les nœuds et essayer de comprendre.
Heureusement, il y avait dans tout cela, quelque chose d’intangible, d’onirique, qui la transportait au-dessus des difficultés du quotidien. Elle ressentait un souffle nouveau, celui d’une liberté encore jamais atteinte.
C’est en se désengageant petit à petit, du lien conjugal, familial, que vint à elle, avec une force toujours grandissante, cet élan de liberté.
Sa transformation commençait tout juste, et déjà elle avait pu découvrir de nouvelles facettes de sa personnalité.
Rieuse, blagueuse, romantique, rêveuse et déterminée.
Des fois, il lui arrivait que son cœur s’emballe d’un je ne sais quoi de joie, d’extase rien qu’à l’idée de penser à cette liberté.
Les horizons qui s’ouvraient à elle étaient multiples, ses nouveaux amis différents, ses goûts prenaient d’autres formes, elle osait enfin être elle-même.
Des petites choses simples de la vie lui restaient graver en mémoire et marquer les nouvelles étapes de son chemin de liberté. Comme ce croissant, savourer sur la terrasse ensoleillée d’un café, ou elle s’était assise juste après avoir assisté à sa première audience pour son divorce. Ou encore, ce premier verre de champagne que ses amies lui avaient proposé lors d’un brunch, elle aima tellement que chaque petite gorgée représentait une bouffée d’oxygène, une libération de l’esprit.
Ce sont ces petits plaisirs de la vie qui la marquèrent le plus et très fort. Pour elle désormais la liberté n’était plus ce grand mot, dont le sens paraissait flou. Sa liberté à elle, avait pris la forme de sa nouvelle vie.