Prose:Des Ailes Brisées (Fragment)

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Il était partout.
Dans les chansons qu’elle écoutait à la radio, dans les parcs où ils s’étaient promenés ensemble, à plusieurs reprises, dans le lit à côté d’elle quand elle s’est réveillée le matin et même dans la salle de bains lorsque elle se douchait.
Sa voix timbrée lui résonnait dans les oreilles et elle n’arrivait toujours pas à effacer de sa mémoire son dernier souhait :

_ Tu n’oublies pas de déposer Marius chez ma mère. Ce soir je veux boire un champagne avec toi. Tu es d’accord, non ?
Ils ne l’ont jamais bu !
Peut-être que c’est pour ça qu’elle déteste autant le champagne depuis, qu’elle trouve que c’est la boisson la plus dégueulasse !
Dès lors, le moment où la moto de Michel a été renversée par un conducteur ivre au volant d’un camion, elle se sent terriblement égoïste et n’arrête pas de se comporter si mal, comme si elle était la seule personne dans le monde qui souffrait.
Pour elle la vie n’est rien d’autre qu’une poubelle cosmique purulente, se tenant prête, prête à exploser et à disperser dans le monde entier, la saleté recueillie pendant toutes ces années.
Avec la mort de Michel, en même temps avait décédé tout ce qui était génial, parce que les années passées ensemble avaient été les meilleures, des années qui aurait provoqué l’envie de n’importe quelle autre femme.
Elle ne voulait même pas se rappeler les nuits qui ont suivi après ;
Marius remplissait toutes les nuits de cris de terreur, suivis par ces mots qui résonnent dans ses oreilles, l’un après l’autre :

Tu ne vas pas mourir maman, jamais hein, hein, hein, dit hic, hic, n’est-ce pas ?
Ses bras et les mots chauds c’était le seul moyen de calmer l’enfant fragile plein de larmes qu’elle serrait dans ses bras pour le rassurer :
Bien sûr que non, maman elle va être toujours là. C’était juste un cauchemar, rendors toi !
Elle s’est allongée à coté de l’enfant en le serrant dans ses bras. Elle essayait parmi les sanglots, de chanter la chanson qu’elle lui fredonnait quand il était tout petit :
_
Do, do, l’enfant do
L’enfant dormira bien vite
Do, do, l’enfant do
L’enfant dormira bientôt
Une poule blanche
Est là dans la grange
Qui va faire un petit coco
Pour l’enfant
Qui va faire dodo
Dors ma poulette
Dors mon poulot
Do, do, l’enfant do
L’enfant dormira tantôt !
Marius s’était endormi en gardant encore les traces de sa petite âme qui souffre, secoué par le hoquet de temps en temps.
Elle quittait la pièce en laissant la porte entrouverte, comme elle faisait chaque soir depuis la mort de Michel.
Elle voulait allumer la télé, mais elle savait que rien ne pouvait l’intéresser en dehors de son nid, son nid rempli d’un poussin effrayé et mal dans son âme. Elle n’attend que de pouvoir guérir cette petite âme, dès que possible.
_Mon Dieu, Vous êtes où, Vous m’entendez ? Aidez-moi !
…
A suivre.
S. A.