Poème:Hommage À Victor Hugo

Enfant, vous étiez fort charmant,
Et déjà, vous disiez être Chateaubriand !
Aux étoiles, vous portiez ses estimes ;

Car vous connaissiez ses maximes.
Vous saviez ses délicatesses,
Ses mélodies enchanteresses.

Sur votre cœur fort ambitieux,
Planait essaim de mots précieux
Pareil une pierre dans océan profond.

Dieu, voyants à votre front
Bonnes volontés, envoya à la première heure,
Gabriel, dans votre paisible demeure.

Et quand l’ombre aux hameaux tomba,
L’ange invisible marchait aux pas
Jusqu’au chevet de votre lit ;

Et, sans que personne ne le vît,
Il sorti une liqueur couleur bleuâtre
Qu’il oignit votre font blanchâtre.

Puis, battant des ailes comme un aigle,
L’Ange et non pas l’espiègle,
S’en retourna dans les hauteurs.

Et quant le jour de sa lueur
Vous frappât fort au visage,
Pareil les yeux une image,

De votre ravin vous sursautiez !
Or, près de vous, songeait votre moitié…
- Oui, c’était jour de votre consécration !

Débout dans d’immense sensation,
Vous sentiez coulées en vous comme fleuve,
Paroles bleuâtres, pensées neuves.

C’était un fleuve à l’azur lointain,
Dont le débit ne connait de fin,
Et dont à vous seul, Dieu fit propriétaire.

Jouissance, savoir, vérité, à la terre
Vous apportiez. Des cœurs furent comblés,
Et d’autres furent fort irrités.

D’une même bénédiction,
Dieu fit pleuvoir sur Sodome et Sion :
L’un son ennemi, l’autre sa patrie.

A Dieu vous vouliez qu’on prie,
Et en lui, vous vous consolâtes
Comme faisait jadis Pilate.

Quand le crépuscule sur votre âme s’approcha,
Dieu dans les cieux ouvrit ses bras
Accueillir son fils, son serviteur.

Et aujourd’hui en toute clameur,
Je peux dire tout haut :
Je désire rien qu’être Hugo !