Prose:Mistral En Drome (Lettre)

De mon château, je t’écris ma fille.
Belle région, mais quel climat
L’hiver, je reste cloitrée dans ma chambre
Où j’entends ce vent sifflant, ces bises aux villageois
Qui marchent en pénitence, le nez pointer vers le sol
Le corps plier en deux, sans visage.
Moi-même, je n’ose sortir, de peur qu’il me dénude
D’une rafale voyeuse, me montrant honteuse
Devant les regardants, chuchotant mon déshonneur.
Des mots pourraient s’échapper de ma raison
Pour venir, d’une rafale chez vous, timbrer de mes agacements
Glacés par ce blizzard provençal.

Pour l’été, le soleil d’Afrique a son frère jumeau ici
Il fait fondre l’imagination, vous évanouit de sueur
J’envie la girafe, qui respire un air plus frais là-haut.
Il me doit de rester inactive, pour éviter l’effort inutile
Qui me conduirait à des sursauts du coeur.
Alors, j’attends les soirées galantes et vivifiantes.
D’un air, enfin respirable, dansant jusqu’au matin
D’un nouveau jour.

Alors sur la terrasse du château
Mon regard rencontre la silhouette
Du géant du Vaucluse, a la tête chauve
Qui par une heureuse pensée me rafraichit les poumons
D’une odeur de thym, de genet.
Voilà ma fille, mon cadre de vie,
Entourée de lavande bleue parfumée,
D’oliviers, de vigne
Qui me fait boire l’ivresse des nuits de fêtes
Jusqu’à l’aube, d’un nouveau soleil
Mais rassure-toi, le ciel est souvent bleu
Reçoit tout mon amour, ma fille
Je t’envoie mille baisers.