Poème:A Ma Grande « Trufferesse »

A la lettre T d’un dictionnaire canin,
Tu serais à jamais ma grande ’’trufferesse’’
Tant, par tous les temps, tu m’as comblé de tendresse,
Quand tous deux, nous cavions la truffe au doux parfum.

Comme un couple adultère au profond des buissons,
Cherchant un sentiment dans l’ombre si complice
Toi, la reine des bois et moi, humble novice
Nous ne formions plus qu’un dans la même passion :

La quête d’un trésor, un diamant de la terre.
Un coup de patte adroit et tu montrais l’endroit
Puis assise à côté, sans bouger dans le froid,
Tu attendais qu’enfin, je lève le mystère.

C’est avec précaution que je fouillais le sol,
Tentant d’apercevoir, dans sa croûte si noire,
Le rond fruit défendu cachant sa chair ivoire,
Seul un parfum trahit cette odorante obole !

Jamais tu n’as failli en douze ans de partage,
Quand je ne trouvais pas, tu revenais sur place
M’indiquer à coup sûr, où se situait la trace.
Soyeux temps de bonheur, ma main sur ton pelage.

Et quand enfin la truffe exhumée se livrait,
A genoux devant toi, je te rendais hommage.
Nous ne parlions plus que l’unique langage
D’un amour parfait… et que la mort a défait.