Poème:Naissance

Un aveuglant éclair…
Le souffle d’un ciel d’azur
Se mêle à la poussière.
Et mon âme est brisure…
Éternel recommencement.
Adieu mon paradis,
La mélodie des chants,
Qui berçaient mon ailleurs de douces harmonies,
S’est éteinte, là-bas,
Dans les prés enchantés et les palais fleuris.
De dissonants échos se livrent un combat,
Autour d’un berceau blanc.
Je me perds et j’attends.

Quel est ce corps fragile,
Cette prison de chair rose,
Qui dort paisiblement sur sa terre d’exil,
Paupières closes ?
Il ne peut être moi…
Les galaxies de l’infinitude,
Épanouissent l’espace où mon esprit tournoie.
Le temps illimité est ma béatitude.
Que ferais-je de toi,
Triste amas de glaise immobile ?
Je suis le mouvement, la paix, la joie.
Tu ne seras jamais qu’un clown malhabile.
Tes demains sont comptés,
Petites pierres dérisoires,
Disposées le long du sentier
De notre histoire.
Écoute ma prière.
Rendors-toi dans la paix du néant primordial.
N’ouvre jamais les yeux sur ce monde éphémère,
Qui pare sa laideur d’un chaud manteau nuptial.
Il en est temps encore,
Mince fétu fragile.
Quitte ce noir décor,
Échappons aux périls,
Qui cernent notre union infortunée.
Notre joie se fondra
Dans les célestes nuées
Du divin opéra.

Sens comme l’air est froid,
Écoute les clameurs de ce monde agonie.
C’est le long d’un chemin de croix,
Que défileront tes nuits d’insomnie.
Je les ai vues souvent balayer mes espoirs,
Souffler la minuscule flamme,
Qui seule déchirait le voile de crêpe noir
Étendu sur mon âme.
Je me suis immergé,
Maintes et maintes fois,
Dans ces corps naufragés,
Qui vivaient de « pourquoi »,
Cherchaient dans la brume en pleurant,
Le sens caché de la souffrance,
De nos éternels errements,
Dans les jardins de l’inconscience.

Crois-moi, petit enfant,
Échappons au martyre.
Il est encore temps,
De ne jamais grandir.
Ce monde où tu t’éveilles,
N’est que ruine et désolation.
Je t’offrirai les merveilles,
Qui dorment dans ton imagination,
Loin de cette prison glacée,
Où s’agitent des corps pantins.
Tes vœux les plus fous se verront exaucés,
Au cœur de la matrice, où pulse le Divin.
Nous deviendrons l’éternité,
Englobant l’univers au sein de notre atome,
Dans le ciel de l’Unité.
Nous oublierons jusqu’aux fantômes,
De notre orgueil déchirant,
Les siècles désertiques où brûlaient nos désirs,
Dans les creusets de sable et de sang.
Ils sont mirages, ces plaisirs,
Qui dorment au fond de ta mémoire.
Plumes au vent du destin,
Fétus de paille illusoires.
Je t’offre l’infini matin,
Qui précéda la Création.
La pure innocence angélique,
D’avant notre malédiction.
Ouvre ton âme à la musique,
De ma permanente sagesse.

Je t’en supplie, petit enfant,
Écoute mon appel, le temps nous presse.
Dans quelques infimes instants,
Un tendre et doux visage,
Une auréole de cheveux blonds,
T’approchera comme un mirage.
La plus riante des prisons.
Si tu regardes cette femme,
Ce ventre chaud qui t’a nourri,
Tu replongeras dans le drame,
Dont je nous voudrais tant guéris.
Elle est le corpuscule-aimant,
Qui enchaîne nos pieds, rogne nos ailes.
Arrête les sourds battements,
De ton cœur mortel.
Elle jettera quelques larmes,
Puis oubliera jusqu’à ton nom,
S’enfoncera dans le vacarme,
D’une vie peuplée de démons.
J’entends son pas léger,
Qui vole vers ton berceau.
Ne nous laisse pas piéger,
Gagnons tous deux l’Eldorado.
Elle est là, près de toi, se penche avec tendresse,
La bouche entrouverte, le regard attendri.
Mon enfant, mon demain, je t’en prie,
Ne succombe pas à cette douce ivresse.

Seigneur, tout est perdu ! Tes yeux lui ont souri…
07/02/2004
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