Poème:Tendre Écran, Douce Absence

Toujours proche, il éclaire sa nuit morne,
Souffle électrique au creux de la paume,
Cœur miniature, palpitant dans l’ombre,
L’aimé de pixels, silencieux royaume.

Il chuchote aux confins de ses mondes,
Des paroles sans corps, des étreintes profondes.
Elle s’égare, sourit au vertige,
Prisonnière douce d’une vague qui la fige.

La moindre vibration devient appel,
Fragile caresse d’un désir virtuel.
Ses doigts s’avancent, effleurent le mystère,
À la recherche d’un rêve éphémère.

Le temps se défait sous la clarté mouvante,
Les heures s’étirent, faussement apaisantes.
Son existence se mue en reflet,
Oublieuse du vent, des jeux, des secrets.

Les mots s’échouent sur des lèvres muettes,
Nul regard humain n’en saisit la bruyante conquête.
Son âme s’attache aux fils de conversation,
Jamais noués, toujours sans horizon.

Pour chaque « like », chaque battement d’icône,
Son cœur chavire, la solitude résonne.
Les amis figés en portraits lumineux
Ne voient que pixels, ignorent l’aveu.

La nuit descend sur sa prison dorée,
L’amour s’endort dans la matrice effacée.
L’amant attend, témoin invisible,
Gardien d’un silence indicible.

Mais quand la fatigue éteint l’écran affamé,
Elle rêve d’une peau, d’une chaleur émiettée,
D’une main réelle, d’un geste imprévu,
Morcelant l’engrenage, brisant l’absolu.

Puis vient l’aurore du même rituel,
La tendresse digitale, la promesse irréelle.
Parce que l’amour, dans ce siècle de verre,
Se cache parfois là où la solitude espère.