Prose:Au Seuil De L’être

La création naît là où le silence, soudain, interroge.
Un souffle s’y dépose — hésitant, presque timide —
comme si l’univers, dans un élan de pudeur,
tentait de se souvenir de sa propre naissance.

Dans cette fissure du réel, l’idée se cherche,
fragile esquisse offerte à la lumière.
Elle porte l’éclat d’un commencement,
la vibration première qu’aucun regard n’a encore saisie.

Créer, alors, c’est tendre l’oreille
vers ce qui n’existe pas encore
mais réclame déjà la dignité d’être.

L’esprit avance dans cet inconnu
comme un marcheur solitaire en pays de brume :
il n’y distingue qu’une lueur,
mais chaque pas l’engage.
Ainsi découvre-t-il que l’on ne trouve rien :
on révèle seulement ce qui attendait.

Car l’œuvre, lorsqu’elle surgit,
ne répond à aucune question :
elle renvoie l’interrogation
à celui qui l’a engendrée.
Elle est miroir plus que certitude,
mémoire d’un geste intérieur
que l’on croyait anodin
mais qui pourtant nous dévoile.

Créer, enfin,
c’est accepter l’instabilité du sens,
entrer dans le mouvement perpétuel
où l’infini se recueille dans un instant,
et où chaque commencement
porte déjà la promesse d’un autre.