Prose : La Grande Bouffe

Riez, chantez, dansez
Frappez dans les mains
Et honneur au bon vin
Voici venir le temps des ripailles
L’heure des agapes
Riez, chantez, dansez
Fous et résolus

La soupe fume
Le pain est coupé
Saigné et flambé, le porc est cuit
Du romarin, un plant de thym
Les arômes embaument
Fumets enivrants

Cuillères, fourchettes, couteaux
Mille bouches ingurgitent, mastiquent,
déglutent et gélatinent
Les mâchoires grincent
Les ventres gargouillent

De tant boire, bavasser, et badiner
Épuiser les digestifs
Qu’importe le vin ?
La suite est connue !

Ô Lucullus, Ô Bacchus et toi, Gargantua
Des intempérances imperturbables Dieux
Jaugez vos disciples initiés
Spectacles obscènes
Ventres gonflés
Sueurs aux fronts
Ça dégouline, ça rote, ça vente
Et éructent avec satisfaction
On a connu de bien pires outrages
Repus ils s’affalent
Et tombent endormis

ʁje, ʃɑ̃te, dɑ̃se
fʁape dɑ̃ lε mɛ̃
e ɔnœʁ o bɔ̃ vɛ̃
vwasi vəniʁ lə tɑ̃ dε ʁipajə
lœʁ dεz- aɡapə
ʁje, ʃɑ̃te, dɑ̃se
fusz- e ʁezɔlys

la supə fymə
lə pɛ̃ ε kupe
sεɲe e flɑ̃be, lə pɔʁk ε kɥi
dy ʁɔmaʁɛ̃, œ̃ plɑ̃ də tim
lεz- aʁoməz- ɑ̃bome
fymεz- ɑ̃nivʁɑ̃

kɥjεʁə, fuʁʃεtə, kuto
milə buʃəz- ɛ̃ɡyʁʒite, mastike,
deɡlyte e ʒelatine
lε maʃwaʁə ɡʁɛ̃se
lε vɑ̃tʁə- ɡaʁɡuje

də tɑ̃ bwaʁə, bavase, e badine
epɥize lε diʒεstif
kɛ̃pɔʁtə lə vɛ̃ ?
la sɥitə ε kɔnɥ !

o lykylys, o bakysz- e twa, ɡaʁɡɑ̃tɥa
dεz- ɛ̃tɑ̃peʁɑ̃səz- ɛ̃pεʁtyʁbablə djø
ʒoʒe vo disipləz- initje
spεktakləz- ɔpsεnə
vɑ̃tʁə- ɡɔ̃fle
sɥœʁz- o fʁɔ̃
sa deɡulinə, sa ʁɔtə, sa vɑ̃tə
e eʁykte avεk satisfaksjɔ̃
ɔ̃n- a kɔny də bjɛ̃ piʁəz- utʁaʒə
ʁəpysz- il safalɑ̃
e tɔ̃be ɑ̃dɔʁmi