Texte:La Poésie, Pour Vaincre Le Destin

Écrire. Écrire avec obstination. Écrire jusqu’à l’écœurement s’il le faut. Écrire, à tout hasard, à toute volée pour éviter le dessèchement.
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Combien de tristesses se cachent-elles derrière la monotonie des jours sans reliefs ? Sans ivresses ? Et, sans la poésie ?
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Seule la poésie, cette délectable contemplation, peut arracher toutes les ressources de l’imagination, avec les accents qui épousent les harmonies de nos émotions, et venir au secours de nos songes éveillés.
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Aujourd’hui nos désirs intellectuels s’étiolent et sombrent dans la mélancolie. Nos chants sont fragiles, nos mots se déchirent. Nos plumes élégantes se dissipent. L’un gémit, l’autre sanglote. La poésie s’esquive dans les trémolos de nos voix, et le sol, par fragments, se dérobe sous nos pas.
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Livrés à nous-mêmes, où sont passé nos moments de grâce, les éblouissants éclats de lumière ? Nos lectures magnifiées ? Les voilà insaisissables ; ils s’évanouissent en laissant les sensations d’un parfum, d’une douceur de peau, de l’insondable mystère des lèvres offertes et de l’absence d’une épaule amie…
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Ainsi, ballottés par de sombres nuages, tu supplies de se murer dans le silence, d’oublier de s’écrire, renoncer à s’exprimer, de cesser tout tapage, laisser dormir nos vies, au risque d’abdiquer sous le poids de ce silence, de laisser le temps éteindre nos envies, de nous perdre dans le brouillard. Et, perdre nos repères, nos gourmandises.
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Et, m’éloigner de tes ineffables métaphores, planètes isolées aux longues haleines !
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On rame dans la même barque dont le gouvernail est perdu. Faut l’empêcher de prendre l’eau, je ne sais pas nager. Alors nous mendions l’esquisse d’une issue porteuse d’espérance, l’aurore en bandoulière, qui fixe notre univers haut dans le ciel.
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Mais, la résurrection est possible. Le piano de Debussy, que j’écoute religieusement en ce moment, inspire à la non-résignation d’un destin de substitution. Je lui fais confiance. Je scrute portes et fenêtres, j’épie le sourire d’inédites floraisons, le retour des désirs frissonné, les matins de saphirs… Nous guérirons nos lancinantes blessures, nous multiplierons les rares éclaircies. D’autres jours viendront palpiter les bonheurs de nos quotidiens et ouvrir des voies insoupçonnées…
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Dans l’émouvante confrontation contre notre propre moi, notre délivrance exige à nous dépasser nous-mêmes ! Par la poésie, sentie profondément.
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Notre poésie.