Poème:La Rose Fanée

Triste, que tu m’aies fait don, d’une rose fanée
En guise de seul présent !
Une rose aux teintes de la Méditerranée
Sur qui, je pleure à présent !

Maintenant, ô mon innocente Velléité !
Prends altièrement la rose
Et convainc mon cœur morose
De traverser, là, son sombre fleuve inhabité,
Car, je n’ai plus de vouloir
Et la faim a disparu dans un brouillard épais
Et mon âme, tous les soirs
Ne fait plus qu’errer entre mes pensées et la paix
Que m’assurerait, ô sa faible présence !
Toute voilée dans son immonde silence !

J’aurai pris lyre et harpe, quand ce fleuve semblera loin,
Déjà loin derrière mes pas, qui, premiers témoins
Du voile sombre qui a pris soin
De m’empêcher d’épier la réalité,
S’enfonceront dans les terres alitées
Entre les vallons d’herbes, de foin ;
Ensuite, de ma voix et de ma harpe
Sonnera le cantique des jours heureux
Et résonnera dans les villages ocreux,
Sillonnés de mes pieds libres,
L’air troublé par mon écharpe,
Au bord d’un ruisseau tel le Tibre.

Mais la rose est encor fanée
Et je n’ai point traversé le fleuve ;
Pendant ce temps, passent les années
Sans qu’il n’y ait de pensées neuves…