Poème:Objets Perdus

Les objets perdus, tapis dans l’ombre,
Dans les coins sombres, où tout semble sombre,
Se demandent-ils, dans leur silence,
Si un jour nos mains rompront l’absence ?

Le trousseau de clés, tombé sans bruit,
Souvenir d’une maison, d’un soir, d’une nuit,
Rêve-t-il qu’un jour, nos doigts familiers,
Viendront le chercher, le libérer ?

Au fond d’une poche, un vieux billet,
Repose, caché, secret oublié.
A-t-il encore l’espoir timide,
Que nos yeux se posent, même un brin lucides ?

Un carnet de notes, jauni, défraîchi,
Relit-il les mots écrits sans bruit,
Les secrets confiés, les rêves envolés,
Au fil des pages, pour toujours figés ?

La montre cassée, seule dans un tiroir,
Compterait-elle encore chaque espoir,
À attendre le poignet d’un inconnu,
Ou juste un instant, un geste attendu ?

Les photos fanées, dans un carton cachées,
Gardent-elles mémoire de l’instant figé,
Des sourires, des larmes, des jours anciens,
Espérant que quelqu’un les reprenne enfin ?

Le jouet d’enfant, usé par le temps,
Se souvient-il des rires innocents,
Quand il voyageait, trésor chéri,
Sous un lit, là où tout finit ?

Et les vieilles lettres, pleines de mots doux,
Des promesses d’amour, égarées partout,
Sont-elles là, patientes et dévouées,
Rêvant de retrouvailles à jamais espérées ?

Les lunettes cassées, seules, délaissées,
Gardent-elles le souvenir d’un regard pressé,
À observer le monde, chaque détail, chaque coin,
Maintenant dans l’ombre, elles attendent leur fin.

Ces objets perdus s’inquiètent-ils,
D’être oubliés, immobiles, fragiles,
Ou espèrent-ils encore, à leur manière,
Qu’un jour on les trouve, qu’on les libère ?

Au fond d’une armoire, sous un canapé,
Ils attendent, muets, à moitié effacés,
Rêvant d’un retour, d’un souvenir partagé,
De retrouver leur place, enfin retrouvés.

Mais le temps passe, et le silence reste,
Ces objets perdus, condamnés au geste,
Des promesses fanées, des souvenirs sans voix,
Qui se demandent si, un jour, on pensera à eux, encore une fois.