Poème:Tonton Léon

A Cormorand, le 16 septembre 2017

A l’angle du meuble de télévision,
Trônait une lampe composée de trois sabots
Travaillés avec application, par un rabot
Dans des mains expertes et sans confusion.

L’artisan ainsi doué,
Était bien sûr mon tonton
Léon, décédé, faut-il l’avouer ?
Hélas dans la fleur de l’âge, dit-on.

Fauché par un cancer
Situé au cerveau,
Dans les années soixante, mon cœur se ressert
Quand je pense à lui au fil des jours, tristes maux.

Fils ainé d’une fratrie de huit
Enfants, il vécut chez ses parents,
Réservé de nature, mais marrant
A ses heures, l’humour fortuit.

Ne l’ayant jamais connu,
Il ne me reste alors de lui,
Que deux photographies aujourd’hui,
Qui l’extraient de l’inconnu.

Il ressemblait parait-il,
Fidèlement à mon pépé Follet,
Personnage gringalet
Et pourtant tout en muscles forts utiles.

Avant que je ne passe mes trente ans,
Déjà maman tremblait, elle
Qui l’accompagna antan,
Jusqu’au parapet de la vie éternelle.

En premier-né de mes oncles et tantes, il portait
Fièrement le prénom du regretté frère adoptif
De leur père Jules, qu’une chute emportait
Dès mille-neuf-cent-quinze, compagnon furtif.

Lorsque j’allume cette lampe de chevet,
Se ravive le souvenir ému
De ces deux jeunesses envolées, feux follets
Vagabonds, par l’imagination mus…