Poème:Pierrot Le Fou : Saynète Du Désespoir.

Jusqu’à cette nuit là vous n’aviez pas compris comment ignorer ce que voient les yeux, ce que touchent les mains. Vous vous étiez allongé dans ce grand lit froid et vous l’aviez attendu, la Marianne, la vôtre. Elle était apparue dans toute sa jeunesse, sa fougue, sa beauté. Elle avait tracée sous ses yeux, un grand trait d’eye-liner. Pour sûr qu’elle cherchait à vous plaire.

Pierrot ? Ferdinand ? Elle n’avait que faire de votre prénom qu’elle désacralisait en même temps qu’elle vous sommait de lui faire l’amour. Marianne avait des yeux d’un vert de mer ; elle était belle. Et vous Pierrot, qu’en aviez-vous pensé lorsque vous avez décidé de foutre votre vie en l’air : cette vie où, marié à une américaine mondaine, vous avez déserté ?

Cent quinze maquisards dans la nuit, ont passé. Hommes sans noms, oubliés des terres d’Indochine, du Vietnam.
115 maquisards, Marianne eût peur. Dans quel enfer s’était-elle jetée ? Où allait-elle se réveiller ? La seule certitude qui l’animait était votre amour à jamais magnifique. Ensemble, sur les routes de France, vous avez vogué comme deux oiseaux volages, jamais l’amour n’eût de plus beaux représentants : la jeunesse, la passion, le désespoir, l’ennui, la souffrance, l’errance et toutes ces choses qui nous rendent fous.

Pierrot-Marianne et tous ces Hommes ensemble qui n’ont que l’amour en partage, j’eusse aimé vous tenir pour ne jamais vous perdre et rêver ensemble à des contrées lointaines où l’amour serait roi et où la mort ne serait que la porte menant à l’Eternité.

Pierrot sans Marianne, tu le sais bien que tu deviendrais fou.