Poème:Le Baiser

C’était il y a longtemps. Des ans. Des années. Nous étions jeunes et légèrement alcoolisées. Nous étions mon premier baiser.
Un cœur entre des bras, battant pour la première fois. Mon cœur entre tes lèvres s’oubliait. Nous avions le même âge : dix-sept ans moins quelques mois. La même envie d’aimer. La même envie de liberté. Et tout dansait. Autour de nous dans ce salon d’été. Je me souviens de nos sourires, de quelques mots échangés. Et que tout s’est éteint. Soudain. Quand mes yeux se fermaient pour mieux. Sentir ta bouche au goût nouveau et délicieux.
Ton parfum parcourait ma peau pour se mêler au mien dans un imperceptible frisson. Et tes habits. Et tes cheveux. Sentaient la cigarette des années que l’on jette en fumée. Tes cheveux. Je m’en souviens car rien. Jamais, n’avait paru plus doux à mes mains. On aurait dit des pans de nuit. Qui déversaient une intime obscurité dans le cœur enflammé de chacun des instants du baiser.
Enlacées. Le temps glissait sur nous. Comme deux langues humides et sans couleur. Nous étions notre propre chaleur. Notre propre univers et le reste mourait. Et plus rien n’importait. Liberté. Le monde était si simple mais tout changeait. Tout a changé cet été là.
La musique se perdait dans la symphonie des sens. Je sentais peu à peu s’envoler l’innocence. Qui m’avait étreinte tant d’années. Tu m’étreignais. Mon cœur battait. J’étais vivante et j’aurais tout donné. Pour que jamais nos bras n’aient eu à se lâcher. Liberté. Je me souviens de ta beauté. Tu étais libre et tu t’en es allée.
En poésie je croirai éterniser. Ce baiser. Mais l’encre ternira plus vite que nos parfums se dissipaient. Dans la musique du salon d’été.