Prose:Eventé

Il y a l’amour en pollen qui baigne dans l’air quand je te regarde accompagner le vent en gestuelle. Ça tourbillonne d’apaisement dans l’enceinte de mon être… tu ne fais qu’être toi-même et cela suffit à me changer, faisant de moi, l’hôte de ton zéphyr. Ça m’envole avec toi, bien que tu voles sans moi, et je contemple la vertu du temps qui t’accompagne au moindre endroit où tu déposes ton souffle. Comme si les éclats d’âme d’Éole revenaient de leurs mythes pour me conter que la vie a plus de couleurs que celles que je ne peux voir, puisqu’il y a toutes celles que tu transportes.

Et même si parfois les bourrasques que tu promènes avec toi semblent donner merveilles aux aubes des jours tristes, je sais que rien de tout cela n’est plus vrai que la nature que tu portes. Tu as la transparence de laisser paraître la beauté quand tes vents font virevolter mes feuilles mortes d’opacité. Ta brise soude mes entailles d’un baume écarlate, bien que parfois je me sens démunis face à tes pouvoirs, face à ton talent d’être toi. Parce que ta grandeur me rend trop fragile pour affronter la tempête, je me carapace comme à chaque fois, mais la caresse de tes vents fait remue-ménage de tous les maux qui m’étouffent pour n’en sortir que la douceur d’une plume dans le ciel. Libre plus que l’air, tu parcours le monde et quand tes rafales se heurtent à ma montagne, c’est ton effet de foehn qui vient me réchauffer. Quand je suffoque de trop chaleur, ton tendre blizzard sait revivifier mon devenir en putréfaction pour immortaliser le brin de vie qui m’accompagne. Et quand je m’isole de glace, stérilisant ma propre existence, ton simoun trouve toujours la chaleur pour m’extraire de ma paralysie.

Et même la tornade que tu deviens les jours de festins semble garder au centre de sa spirale l’oxygène dont j’ai besoin. Bien que parfois ta puissance me force à m’enterrer, je sais que cela ne fait que révéler les morceaux de ma personne qui ont peur du vent par admiration. Entre la roche qui me forme et l’humus qui me développe, je ne veux que paraître aussi réglé que l’alizée qui t’accompagne nuit et jour, pour vivre un brin des airs que tu transportes, qui caresse ceux qui te croisent comme le fait la brume sous un soleil de plomb.

Puisse la vibration de ton souffle trouver en moi un son qui nous résonne. De mes roches en végétaux qui contrastent la souplesse de tes vents, je me forge une girouette pour toujours porter regard en ton vivant.