Prose:Désincorporation

Il y a ces moments qui me reviennent avec violence, me rappelant que la sagesse n’a rien de séduisant.

Si je souhaite rester ce qui me semble important d’être, alors dois-je renoncer à la découverte… au touché ?

Discuter n’est plus de ce monde, échanger n’appartient plus qu’aux écrans, et vides, les âmes des esthètes s’égarent en errance, croyant pouvoir capter les frissons de vies partagées quand l’attrait porte sur les couleurs vives. Et moi, terne, je me noie dans mon savoir être…
Dites-moi que je me trompe, qu’il existe encore des amoureux du sens des choses, que tout n’a pas déjà valser pour ne devenir qu’un foutu tas d’esquive… un tas d’incompréhension qui ne souhaite que l’audace et l’affirmation…

J’ai perdu mes idées en tournant sur le rivage, j’ai perdu les clefs des bras tendus, par trop de questions qui me harcèlent. Et pourtant, intègre, je me relève d’un pas, pour affronter un monde étrange qui arbore une veste de paraître dans le défilé des êtres, quand moi, je ne m’habille que d’un réel incompris pour sembler exister.

Je suis passé à côté d’une part d’existence en essayant d’être vrai. Je suis un étranger qui fait peur quand il ne souhaite que communiquer… Des réseaux se prêtent mieux à se montrer, plutôt qu’un face à face où les mots ne permettent plus d’échanger.

Adieu ce monde d’autrefois, celui auquel je crois encore appartenir… adieu la sagesse qui n’intéresse plus les âmes… en quête d’aventure plutôt que de raison… adieu les mots qui me sonnent plutôt que les actes des corps… adieu la caresse du monde aimé, j’ai beau penser et rester seul, où ai-je manqué d’agir ?

S’il vous plait, dites-moi que je me trompe…