Poème:Parcours Sombre

Partir un beau matin, je suis lasse et prostrée
Trop d’hydrolat fourbi, ma peau est altérée
Je suis seule aujourd’hui en milieu cauteleux
Face à la Faucheuse et son air si doucereux

Je me fiai, à une ère, à mes chimères.
Les existences unies mimaient le sincère
J’ai cru en ces êtres, en leurs façons de faire
Mais leurs tromperies m’ont appris l’éphémère

Brièveté de nos vies, nos espérances
On prise la seringue de délivrance
En faveur de moins longues désillusions
On exhume en fumée nos rêves nourrissons

Merci à ces amis qui m’offrent leurs substrats
Eux qui m’avaient appris que nous étions des rats
Mais que ces quelques grammes étaient notre Graal
Que ceux qui l’ont atteint sont partis en un râle

Quand je suis saine alors, je vois le Monde mort
Tandis qu’après ma dose il arrive que j’adore
Et me perds en pensées de vies multicolores
Que je reprendrai après une dose encore

On est parti et plus rien ne nous arrête
Ni cavités des bras, ni sermons de nos pères
C’est la seule vraie liberté en nos têtes
Tant pis si l’on est plus proche de l’autre enfer

Aujourd’hui trop de morts, trop d’âmes en transit
J’attends que mon heure vienne, ce corps me dépite
Nous, fantômes vivants, ne pensons qu’à interrompre
Pas la drogue, la vie est seule à nous rompre

On ne pleure les vies mais notre dépendance
Dans nos vies jamais n’y aura eu romances
J’attends le hot shot ma dernière expérience
Pour mon âme blasée, affres de la malchance

Se piquer un matin, cause de désespoir
Après les hydrolats, rencontre avec le Noir
Ne compte plus maintenant l’air si cauteleux
Seule reste la Faucheuse et son air doucereux