Poème:Je Suis Schizo

J’ai vu ma psy vendredi
Elle m’a dit que j’étais guérie
J’avais RDV à 15 heures
J’en suis sortie à 19
Elle m’a fait un résumé
Car 15 ans, dans son cabinet
Y’avait un gros dossier

Je n’suis plus schizo
Je suis complètement guérie
Finis la parano
Je vais enfin profiter de la vie
Vous allez beaucoup mieux
Vous pouvez vivre enfin heureux
Allez, donnez moi, votre carte vitale
Pour que je puisse partir, sur mon ile tropicale

Et pourtant, en rentrant chez moi
J’ai bien senti, que quelque chose n’allait pas
Un grand chien me suivait
Il avait des lunettes colorées
A prime abord, j’ai cru à une blague
Car le chien portait des santiags
Ce qui m’a paru le plus suspect
C’est quand il s’est mis à parler
J’ai changé aussitôt de trottoir
J’ai eu très peur de ma mémoire

Arrivée chez moi, je m’allonge sur le fauteuil
Je contemple par la fenêtre, les arbres, les feuilles
D’un coup, Je ne me sens pas très bien
Dans ma tête, c’est un véritable casse-tête
Car ils sont plusieurs
Du coup, ça me donne mal au cœur
Je ne peux pas répondre à tout le monde en même temps
Tout cela devient oppressant
Vite, mes médicaments
J’aimerai dormir
Pour ne plus écouter ses soupirs
Ses afflux de parole
Que malheureusement, je ne contrôle

Elle me dit « guérie » la psy
Mais a t’elle bien décortiqué ma maladie ?
Lâchée dans la nature
J’ai peur de n’être qu’une caricature
Pourquoi ma tête cogne dans tous les sens ?
Pourquoi, j’ai encore des absences ?
Et cet individu, qui erre dans mon jardin
A coté de mes lavandins
Ni une, ni deux, j’attrape un couteau de cuisine
Je le planterai à coté des glycines

C’était juste le jardinier
Qui était passé comme à l’accoutumé
Mais ce jour là, ma tête n’allait pas
Elle a bien dit que j’étais guérie
Oui, elle l’a bien dit
Mais avait ’elle bien décortiqué ma maladie ?

Je suis aujourd’hui à l’hôpital
Pour une issue fatale
Heureusement, le jardiner s’en est sorti
15 points de suture et une attelle au bras
C’est ce qu’il retiendra de la schizo d’en bas
Tout ça, je ne l’ai pas voulu
Je suis maintenant foutue
Jugée irresponsable
Je n’suis pas condamnable
Je resterai donc, dans ma chambre
Du moins, jusqu’à la mi-décembre
Après je serai dans un institut spécialisé
Je n’ai pas fini de dérouiller

Je me promène dans le jardin
Il fait beau ce matin
Dans un moment de conscience
Je pense
Si un jour, j’ai fait mal
Même à un animal
Je m’en excuse par avance
J’étais complètement dans l’errance
J’étais dans le flou total
Je passais mes journées à contempler les étoiles

Mon avenir reste incertain
C’est ce que j’expliquais ce matin au lapin
Je vais rester très longtemps enfermé
C’est ce que je mérite, pour avoir poignardé
Tient le bip a retentit !
Il faut que j’ aille prendre mon médicament
Il faut que je le prenne à vie
Et, je retournerai, enfin, parler au vent