Univers de poésie d'un auteur

Prose:Ecrire Le Silence.

La Prose

Le téléphone sonne.
Comme une automate, j’ai décroché et à l’autre bout du combiné, non, non, c’était pas le fameux : « Ecoutes, maman est prêt de toi… »
C’était mon père : « - C’est fini, ta mère s’en est allée rejoindre les anges. »
Les anges ? Pas les anges de la télé-réalité, non, mais plutôt les Anges de là-haut, éternels.
De quel droit l’avaient-ils appelé auprés d’eux ? De quel droit, l’accueillaient-ils au ciel, alors qu’elle avait un chez elle ?
Je venais d’avoir 17 ans et n’étais ni une femme, ni plus une enfant. Les jours qui suivirent, je devais me tenir doite, sans flancher.
Les soirées d’hiver qui s’écoulèrent ensuite, on pouvait me voir jouer à la marelle dans le jardin.
J’imagine vos sourcils intérrogateurs.
A la marelle ? Dans le jardin en plein hiver ? A 17 ans ?
Un cerveau, c’est comme un ordinateur, n’est-ce pas ? Sauf que le mien ne possédait plus d’anti-virus pour le protèger. Alors, je passais d’un monde imaginaire (virtuel) à la réalité. Et à force d’emmagasiner les cookies, les pubs intempestives et les spams, mon cerveau commençait à ramer durement.
Bref, je dessinais dans la neige, des cages et des chiffres. Je sautais parfois sur un pied, puis deux pieds, de la terre au ciel et du ciel à la terre.
Je restais de longues minutes là-haut, faisant un voeu à chaque fois que j’atteignais les nuages.
Souvent mon père criait mon prénom pour que je rentre, au chaud dans la maison. Dans une maison qui avait perdu toute chaleur à mes yeux.
Et puis, un soir, c’est mon cœur qui se givra à son tour (comme un misterfreeze)
« - Il faut que tu sois forte. Il ne faut plus pleurer. Il faut que tu serres les dents. Elle ne reviendra plus. C’est fini, elle est morte. Il faut être forte » me dit-il.
Loin d’être une révélation, ce fut un nettoyage en profondeur de mon système intel pentium.
En réalité, mon pére ne voulait plus souffrir. (comme la plupart des hommes) . Il désirait cacher sa peine en espérant que sa douleur serait moins violente, irait en s’atténuant. C’est pas faux, si on pense aux hommes qui se remarient après un veuvage ou un divorce ou une séparation.
Il préféra enfermer au plus profond de lui, sa souffrance et jamais plus, elle ne réapparut. La douleur s’était faîte muette. Silencieuse.
Il ne me parla plus de ma mére. Il n’évitait pas le sujet, mais à son visage fermé, je comprenais qu’à mon tour, je devais garder le silence.
Il était de nature, dur et sévère et cependant juste et honnête.
Un homme juste.
Alors, je l’ai gardé le silence, jusqu’à sa mort survenue 2 ans après celle de ma mère.
« C’est le cœur. » a dit le médecin.
Un cœur mort de chagrin.

Et c’est ainsi que j’entrais dans un monde d’adulte. On ne m’y avait pas préparé, on ne m’y avait pas invité. J’y étais propulsée d’un coup.
Sans parachute pour les atterissages mouvementés.
Je ne sautais plus à pieds joints entre terre et ciel. Je trainais les pieds inlassablement vers un demain qui ne me plaisait pas.
J’ai marché des années durant comme une funambuliste sur un fil sans filet de secours.
J’ai marché trés longtemps avant de pouvoir déchiffrer les mots, les phrases, les gestes, les émotions, les silences qui m’empêchaient d’être moi-même. Qui m’empêchaient d’avancer.

Il ya des silences que je ne supporte pas et pourtant je les crois honnêtes.
J’aurais pu écrire le miracle de l’amour (ma vie n’est pas une série B) ou le silence des agneaux (ni un film d’horreur) , mais n’est-ce pas juste que d’écrire que le silence éteint le miracle des agneaux de l’amour ?

Marie-France.
31/07/2013
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PostScriptum

Plusieurs clins d’oeil sur le ton de l’humour.
« Rire de bon coeur, c’est gagner en éclat les rides du temps. » M. f. d. S

Poeme de Lysbõa

Poète Lysbõa

Lysbõa a publié sur le site 32 écrits. Lysbõa est membre du site depuis l'année 2013.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Ecrire Le Silence.lə telefɔnə sɔnə.
kɔmə ynə otɔmatə, ʒε dekʁoʃe e a lotʁə bu dy kɔ̃bine, nɔ̃, nɔ̃, setε pa lə famø : « əkutə, mamɑ̃ ε pʁε də twa… »
setε mɔ̃ pεʁə : « sε fini, ta mεʁə sɑ̃n- εt- ale ʁəʒwɛ̃dʁə lεz- ɑ̃ʒə. »
lεz- ɑ̃ʒə ? pa lεz- ɑ̃ʒə də la tele ʁealite, nɔ̃, mε plyto lεz- ɑ̃ʒə də la-o, etεʁnεl.
də kεl dʁwa lavε tilz- apəle opʁe dø ? də kεl dʁwa, lakœjε tilz- o sjεl, alɔʁ kεllə avε œ̃ ʃez- εllə ?
ʒə vənε davwaʁ di- sεt ɑ̃ e netε ni ynə famə, ni plysz- ynə ɑ̃fɑ̃. lε ʒuʁ ki sɥiviʁe, ʒə dəvε mə təniʁ dwatə, sɑ̃ flɑ̃ʃe.
lε swaʁe divεʁ ki sekulεʁe ɑ̃sɥitə, ɔ̃ puvε mə vwaʁ ʒue a la maʁεllə dɑ̃ lə ʒaʁdɛ̃.
ʒimaʒinə vo suʁsilz- ɛ̃teʁɔɡatœʁ.
a la maʁεllə ? dɑ̃ lə ʒaʁdɛ̃ ɑ̃ plɛ̃ ivεʁ ? a di- sεt ɑ̃ ?
œ̃ sεʁvo, sε kɔmə œ̃n- ɔʁdinatœʁ, nε sə pa ? sof kə lə mjɛ̃ nə pɔsedε plys dɑ̃ti viʁys puʁ lə pʁɔtεʒe. alɔʁ, ʒə pasε dœ̃ mɔ̃də imaʒinεʁə (viʁtɥəl) a la ʁealite. e a fɔʁsə dɑ̃maɡazine lε kuki, lε pybz- ɛ̃tɑ̃pεstivəz- e lε spam, mɔ̃ sεʁvo kɔmɑ̃sε a ʁame dyʁəmɑ̃.
bʁεf, ʒə desinε dɑ̃ la nεʒə, dε kaʒəz- e dε ʃifʁə. ʒə sotε paʁfwa syʁ œ̃ pje, pɥi dø pje, də la teʁə o sjεl e dy sjεl a la teʁə.
ʒə ʁεstε də lɔ̃ɡ minytə la-o, fəzɑ̃ œ̃ vø a ʃakə fwa kə ʒatεɲε lε nɥaʒə.
suvɑ̃ mɔ̃ pεʁə kʁjε mɔ̃ pʁenɔ̃ puʁ kə ʒə ʁɑ̃tʁə, o ʃo dɑ̃ la mεzɔ̃. dɑ̃z- ynə mεzɔ̃ ki avε pεʁdy tutə ʃalœʁ a mεz- iø.
e pɥi, œ̃ swaʁ, sε mɔ̃ kœʁ ki sə ʒivʁa a sɔ̃ tuʁ (kɔmə œ̃ mistεʁfʁizə)
« il fo kə ty swa fɔʁtə. il nə fo plys pləʁe. il fo kə ty seʁə- lε dɑ̃. εllə nə ʁəvjɛ̃dʁa plys. sε fini, εllə ε mɔʁtə. il fo εtʁə fɔʁtə » mə di til.
lwɛ̃ dεtʁə ynə ʁevelasjɔ̃, sə fy œ̃ nεtwajaʒə ɑ̃ pʁɔfɔ̃dœʁ də mɔ̃ sistεmə ɛ̃tεl pɑ̃tjɔm.
ɑ̃ ʁealite, mɔ̃ peʁə nə vulε plys sufʁiʁ. (kɔmə la plypaʁ dεz- ɔməs) . il deziʁε kaʃe sa pεnə ɑ̃n- εspeʁɑ̃ kə sa dulœʁ səʁε mwɛ̃ vjɔlɑ̃tə, iʁε ɑ̃ satenɥɑ̃. sε pa fo, si ɔ̃ pɑ̃sə o ɔmə ki sə ʁəmaʁje apʁεz- œ̃ vəvaʒə u œ̃ divɔʁsə u ynə sepaʁasjɔ̃.
il pʁefeʁa ɑ̃fεʁme o plys pʁɔfɔ̃ də lɥi, sa sufʁɑ̃sə e ʒamε plys, εllə nə ʁeapaʁy. la dulœʁ setε fεtə mɥεtə. silɑ̃sjøzə.
il nə mə paʁla plys də ma meʁə. il nevitε pa lə syʒε, mεz- a sɔ̃ vizaʒə fεʁme, ʒə kɔ̃pʁənε ka mɔ̃ tuʁ, ʒə dəvε ɡaʁde lə silɑ̃sə.
il etε də natyʁə, dyʁ e sevεʁə e səpɑ̃dɑ̃ ʒystə e ɔnεtə.
œ̃n- ɔmə ʒystə.
alɔʁ, ʒə lε ɡaʁde lə silɑ̃sə, ʒyska sa mɔʁ syʁvənɥ døz- ɑ̃ apʁε sεllə də ma mεʁə.
« sε lə kœʁ. » a di lə medəsɛ̃.
œ̃ kœʁ mɔʁ də ʃaɡʁɛ̃.

e sεt- ɛ̃si kə ʒɑ̃tʁε dɑ̃z- œ̃ mɔ̃də dadyltə. ɔ̃ nə mi avε pa pʁepaʁe, ɔ̃ nə mi avε pa ɛ̃vite. ʒi etε pʁɔpylse dœ̃ ku.
sɑ̃ paʁaʃytə puʁ lεz- atəʁisaʒə muvəmɑ̃te.
ʒə nə sotε plysz- a pje ʒwɛ̃z- ɑ̃tʁə teʁə e sjεl. ʒə tʁεnε lε pjez- ɛ̃lasabləmɑ̃ vεʁz- œ̃ dəmɛ̃ ki nə mə plεzε pa.
ʒε maʁʃe dεz- ane dyʁɑ̃ kɔmə ynə fynɑ̃bylistə syʁ œ̃ fil sɑ̃ filε də səkuʁ.
ʒε maʁʃe tʁe lɔ̃tɑ̃z- avɑ̃ də puvwaʁ deʃifʁe lε mo, lε fʁazə, lε ʒεstə, lεz- emɔsjɔ̃, lε silɑ̃sə ki mɑ̃pεʃε dεtʁə mwa mεmə. ki mɑ̃pεʃε davɑ̃se.

il ia dε silɑ̃sə kə ʒə nə sypɔʁtə pa e puʁtɑ̃ ʒə lε kʁwaz- ɔnεtə.
ʒoʁε py ekʁiʁə lə miʁaklə də lamuʁ (ma vi nε pa ynə seʁi b) u lə silɑ̃sə dεz- aɲoks (ni œ̃ film dɔʁəʁ) , mε nε sə pa ʒystə kə dekʁiʁə kə lə silɑ̃sə etɛ̃ lə miʁaklə dεz- aɲo də lamuʁ ?

maʁi fʁɑ̃sə.
tʁɑ̃tə e œ̃ slaʃ zeʁo sεt slaʃ dø milə tʁεzə

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Commentaires Sur La Poesie

Auteur de Poésie
31/07/2013 12:41Worker

Un écrit trés triste. Bonne chance!

Auteur de Poésie
31/07/2013 13:01Lysbõa

Merci de ton passage et de ton commentaire. Ecris, oui, avec un peu d’humour Mortimer. 🙂
Bonne chance Worker.

Auteur de Poésie
31/07/2013 16:46Daniel

Poème émouvant....la perte de ses parents....et quelques pointes d’humour pour ne pas
gommer les sourires de la vie...
Amitié...Dan....

Auteur de Poésie
31/07/2013 17:12Lysbõa

Merci Daniel. 🙂
Amitiè Sincère.

Auteur de Poésie
01/08/2013 19:32Flamboyant972

Un écrit très émouvant à la fois triste
C’est toujours dur de perdre un de ses parents je suis passée par là, seulement j’étais adulte, et toi un enfant je peux comprendre ce que tu as du endurer
IL y a que le temps qui appaise les souffrances parce qu’on vit avec se souvenir
Mais sache qu’elle te voit là où elle est et aimerait que tu sois heureuse, et continue à vivre àvec tes joies et tes peines, elle veille sur toi, je ne connais pas ta croyance soit forte et courageuse nous les amis du site te soutiendra toujours à bientôt bises

Auteur de Poésie
01/08/2013 19:40Loup Gris

Nous passons tous par ces moments détestables, et je te comprends à propos du silence, mais personnellement je peux aussi comprendre le silence carparfois, la douleur est tellement insupportable qu’il n’y a pas de mots! Très beau texte Lisbon, amitiés du loup.

Auteur de Poésie
01/08/2013 19:46Lysbõa

Flamboyant, je te remercie de ton passage et de ce long commentaire qui me touche sincèrement.
Je sens énormèment de génèrosité dans tes mots.
Je sais que ma mère est là, près de moi. Jamais trés loin, en tout cas.
Elle me disait souvent : " Pour que les morts ne viennent pas hanter nos nuits de terreur, il suffit d’être en paix avec soi-même. "
Je le suis, en paix et sa présence me réconforte.
Merci Flamboyant pour ce commentaire chaleureux.
Mes amitiès.

Auteur de Poésie
01/08/2013 21:06Lysbõa

Je te remercie Loup gris pour ton commentaire et ton passage sur mon texte qui n’est pas, lui, silencieux.
Il existe, je pense plusieurs silences.
Celui de bien-être ou de solitude. D’appel à l’aide ou tout simplement d’isolement, quelqu’il soit. Celui qui devance ou précéde la colère ou de douleurs que l’on ne partage pas.
Quand on se trouve face à une personne qui fait silence et si on sait quel en est le mode ( cité ci-dessus ), on peut agir sur une juste mesure. Agir sans fausses notes ou sans bémol.
En connaître la cause permet d’agir concrètement.
Il est vrai, qu’il existe un silence qui se passe de mots.
Comme le silence de rupture.
Mes amitiès.

Auteur de Poésie
01/08/2013 22:02Glaze

...emu...
Amitié
Glaze

Auteur de Poésie
01/08/2013 22:31Lysbõa

Merci Glaze d’être passé par ici. 🙂
Amitiè.

Auteur de Poésie
02/08/2013 11:24Birdy

Ton texte est très émouvant.
Je suis d’accord avec toi le silence peut-être effroyablement pesant, mais comme Loup gris le dit parfois la souffrance est indicible. En tout cas tu as réussi avec ton texte à le fois triste et beau à mettre des mots sur ce silence.
Bien à toi,

Birdy

Auteur de Poésie
02/08/2013 13:16Lysbõa

Merci Birdy pour ton passage.
Je suis d’accord avec toi.
Et je respecte tout silence.
Cependant une personne à laquelle je tiens tout particulièrement m’a fait sortir de bien des silences dans lesquels je m’étais enfermée.
Quand une personne conseille, il est bon et utile qu’elle mette en pratique ses propres conseils.
Donc, lorsque je m’accorde des plages de silences, il serait bien venue de la part de cette même personne ou de celles qui se sentiront visées de respecter désormais mes silences concernant certains thèmes.
Je te remercie pour ton commentaire, Birdy.
Je regarde la vérité en face : répondre au silence par le silence.

Auteur de Poésie
20/02/2014 10:22Antoine38

Cruel et très beau texte.
Amicalement