Texte:Le Fantôme

Je suis hantée par un fantôme qui ne veut pas partir, une grande femme aux cheveux blonds et à la robe grise. Elle reste derrière moi et m’observe curieusement, je ressens sa froideur lorsqu’elle m’enlace de ses bras si menaçants. Elle vient, entre dans mon esprit et me parle. À la moindre douleur, je l’entends parler tout bas, puis de plus en plus fort. Depuis toujours, elle me force à prêter attention à chacune d’entre elles, puis elle me fait part de son interprétation. Parfois même, elle arrive à me faire croire à une folie qui serait mienne. Elle connaît mes angoisses et sournoise, me dit :
« L’hôpital t’attend, imbécile… »
« Non je ne veux pas, je ne connais personne là-bas. Je ne veux pas qu’ils me touchent ! Personne ne me touchera ! Tais-toi ! »
Elle n’écoute jamais ce que je lui dis et se moque de moi.
Par le passé, j’ai voulu mourir à cause d’elle, elle qui imprévisible, vilaine et irraisonnée s’amuse avec ses pantins de bois qui ne sont autres que ses victimes. Je l’ai haï pour ça, et je la hais toujours, mais elle, elle n’en a que faire, elle aime me tourmenter. Elle sait jouer avec mes pensées comme on joue aux soldats de plomb. Parasite de l’âme, souffrance du monde moderne. Elle choisit au hasard, même les plus rationnels ne peuvent lui échapper. Elle plane sur un monde désabusé, triste et déjà perdu. Quel âge a-t-elle vraiment ? Qui sait… Peut-être est-elle aussi vieille que le monde dans lequel elle aime à s’aventurer. Elle veut tuer mes espoirs et se rit de tous ceux qu’elle tient sous son joug. On ne peut la fuir, juste s’éloigner d’elle et de son regard anxieux et vil. Certains savent la dompter, mais elle n’est pas si docile. Elle a d’abord voulu me faire peur en me faisant croire que j’allais tout droit vers la mort, mais ça, ça ne fonctionnait pas. Alors, elle a pris ma peur des autres et des interactions comme chaînes à mes poignets. Elle est intelligente et connaît chacune de vos failles. Elle peut vous entraîner dans sa danse infernale à n’importe quel âge. Vous ne pouvez pas la semer, elle vous retrouve toujours. Même lorsqu’elle ne donne plus signe de vie, elle attend toujours, marchant derrière vous, où que vous alliez, elle sera là. Elle sera là, fantôme étrange de vos angoisses primitives, et peut-être un jour, serez-vous sa victime.