Poème:Née De La Neige

Que j’aime le corps de cette ingénue sans robe,
Simple, naturelle, comme née de la neige,
Comme si ce matin était sa première aube,
Comme si la toucher était un sacrilège.

Je l’observe ajuster ses dessous de soie grège,
Emu dans ce moment prélude à s’enlacer,
C’est un être irréel, nymphe ou bien sortilège,
Une vaste étendue dont les champs sont glacés.

Sur l’éther de sa peau, sur le clair de sa chair,
Blanche, comme givrée, mais de brun piqueté,
Les taches de rousseurs, telle la pluie d’hiver,
Donnent au sol de neige un aspect moucheté.

Mes doigts muets glissent et butent sur deux globes
Qui dorment encore dans leur igloo de soie,
Elle aime la chaleur qui soudain les enrobe,
Ses yeux verts se closent, prête au grand don de soi.

Quand je tombe une à une ses bretelles beiges,
La pointe de ses seins, froide, dure et rosée,
Puis leur galbe entier, transi, rond comme un manège,
S’offrent à mes lèvres qui se sont apposées.

De suite je ressens de ses seins la froidure,
De leur peau la saveur, de son grain le saillant,
De sa chair la torpeur, du glacé la brûlure,
De son âme engourdie le désir tressaillant.

Je poursuis voyageur ma glissade hivernale,
Ma grande traversée des contrées sibériennes,
Dans une incursion que je pense machinale
Vers l’horizon tout blanc de ses neiges pelviennes.

Elle semble troublée, étonnamment peureuse,
Comme réservée face à mes velléités
D’apercevoir au creux de sa lande neigeuse
Le cœur étourdissant de son intimité.

Mais je sais les gestes qui gagnent la confiance :
La bouche soufflant le chaud au creux du bassin,
Les mains qui ceinturent, et puis vont dans leur anse
Soutenir la cambrure épanouie des reins.

Elle s’abandonne alors, toute frissonnante,
Et je découvre, passé le seuil de ses hanches,
Un pubis fauve à la toison foisonnante,
Une touche animale dans ces terres blanches.

Je vois des images de grand Nord, un renard,
Apeuré sur la plaine il s’abrite du vent,
Seul dans le désert blanc, le grand froid, le blizzard,
Sa fourrure rougeoie, flamboyant paravent.