Poème:Octobre Rose

Une joie perpétuelle qui illumine tes jours heureux
Tu croques la vie sans penser que tout peut basculer
Et puis un matin tu sens une boule sur ton sein
Le ciel s’assombrit, quel est donc cet ennemi silencieux
Qui ose dans ta vie s’insinuer sans y être invité
Devant ton miroir, un regard voilé devant la tristesse de ce matin.

Tout s’enchaîne et ton médecin se veut plus que rassurant
Alors tu gardes espoir en attendant de passer ta mammographie
Le temps s’arrête sur ces clichés qui déterminent une masse
Dans ta bulle, tes mains tremblent devant ce diagnostic déroutant
T’as envie de hurler quand il faut encore attendre la biopsie
Pourquoi être frappée par ce destin qui te rend déjà si lasse.

Trois semaines plus tard le diagnostic tombe c’est un cancer
Tout s’enchaîne et il faut passer à la vitesse supérieure
Une programmation intensive de chimiothérapie
Quand tu m’annonces la nouvelle au téléphone, je ne suis pas fière
Et puis mon tempérament de feu oublie cette satanée peur
Je te réponds que tu vas combattre avec force ma tendre amie.

Quoi de plus désolant que de commencer sa première chimio
Le jour de ses 36 ans, cet anniversaire on va s’en souvenir
A l’hôpital j’arrive à te faire rire, on retrouve cette complicité
De parler de tout et de rien, avec des grimaces on se prend en photo
Tu me remercies d’être venue et moi je n’ai pas envie de partir
De toi je veux profiter et te parler de notre longue amitié.

Les jours sont moroses, tu perds tes cheveux par masse
Ta féminité en prend un sacré coup et tu ne le supportes pas
Mais là encore je te rassure, tu vas avoir une belle perruque
En attendant tu noues un foulard autour de tes cheveux qui cassent
Cela me fait de la peine de te voir dans ce douloureux état
Avec ces nausées et la fatigue qui t’endolorie jusqu’à la nuque.

Les mois passent et enfin tes cheveux repoussent, le traitement est fini
Je suis tellement heureuse pour toi que je danserai sur la table
Tu n’es plus tout à fait la même regardant la vie différemment
Ta fille est fière de toi, adorable gamine elle craignait pour ta vie
Une prise de conscience où l’on se croit souvent intouchable
Tellement de courage face à ce crabe si impressionnant.

Après quatre ans et demi, cette date me marque encore
Tu as rechuté sur le même sein, il faut tout recommencer
Une batterie d’examens et je maudis à jamais ce jour
Ce combat est perdu d’avance, te voilà face à ce triste sort
Des métastases partout, ton cancer est cruel, il est généralisé
Je n’arrive pas à y croire, pas toi, pourquoi est-ce ton tour ?

En trois semaines tu es partie et tu ne voulais pas mourir
T’avais la trouille et comme je te comprends mille fois
Notre trio de meilleures amies n’est plus le même aujourd’hui
Chaque jour on pense à toi et on imagine encore ton sourire
Ces quelques vers pour honorer ce ruban rose rien que pour toi
Et toutes les femmes qui se battent avec rage face à cette maladie.