Poème:Le Cœur Bat Au Nord

Moi l’autre jour je me suis dis :
Franchement, qu’est ce que je fous ici ?
Je passe ma sale putain de vie
A glander aux quatre coins des rues
Noyant mes journées dans mes soucis
D’un café à l’autre de ma triste city
Avec mes potes génération étourdie
Tous, kif-kif, shootés à la tsé-tsé.

Le voisin, tout bon dernier de la classe
Un jour est parti en Europe à la chasse
Vite fait, bien fait il a réussit la passe
Et maintenant il est dans le grand buisness
Cette année là, il a ramené la grosse caisse
Les copains disent que c’est une Mercedes
Une superbe black cabriolet classe C ou S
Une bagnole à tourner la tête aux gonzesses
De quoi laisser les mecs, les yeux perplexes.

Moi l’autre jour je me suis dis :
Franchement, qu’est ce que je fous ici ?
Je passe ma sale putain de vie
A glander aux quatre coins des rues
Noyant mes journées dans mes soucis
D’un café à l’autre de ma triste city
Avec mes potes génération étourdie
Tous, kif-kif, shootés à la tsé-tsé.

Pour tout dire, moi tellement je me presse
De quitter ce paumé bled bon pour la casse
J’ai hâte de faire partie de la grande messe
Celle du club très fermé de la high classe
De ceux à la recherche des grands espaces
Qui, aux pays des merveilles, se font de la place
Des types qui voyagent en avion first classe
Loin de la misère du quartier et de ses crasses
Des horreurs du quotidien et de ses impasses
Des regards qui, au jour le jour, te pourchassent
De la maison, au café jusqu’à la grande place
Des questions qui, à la longueur, t’agacent
Te martèlent, te parcellent, t’embarrassent.

Moi l’autre jour je me suis dis :
Franchement, qu’est ce que je fous ici ?
Je passe ma sale putain de vie
A glander aux quatre coins des rues
Noyant mes journées dans mes soucis
D’un café à l’autre de ma triste city
Avec mes potes génération étourdie
Tous, kif-kif, shootés à la tsé-tsé.

Chaque jour je me dis : il faut que je le fasse
J’ai le courage qu’il le faut et j’ai l’audace
Je pars ni vu, ni connu, sans laisser de trace
A la conquête de ce continent qui me tracasse
Là où je me tape le fric des billets en liasse
De l’argent béni qui coule à flot sans cesse
Et les gonzesses qui à la pelle se ramassent
Coquettes bombettes à la beauté qui fracasse
Chouettes tels des petits pains qu’on s’arrache.

Moi l’autre jour je me suis dis :
Franchement, qu’est ce que je fous ici ?
Je passe ma sale putain de vie
A glander aux quatre coins des rues,
Noyant mes journées dans mes soucis
D’un café à l’autre de ma triste city
Avec mes potes génération étourdie
Tous, kif-kif, shootés à la tsé-tsé.

Partir vers ma terre promise et ma paroisse
Est mon unique chance de me sauver la face
Et s’il le faut, je traverse la mer à la brasse
Tout seul, dans un vrai duel de face-à-face
Je dois la jouer quitte ou double, pile ou face
Pour que je puisse espérer sortir de la masse

Ca serait mon jour de gloire si ça passe
Ainsi mon triste sort derrière moi s’efface
Pour un rayonnant avenir prenant surface
Mais si, comme d’habitude, j’aurais la poisse
Tel est souvent le cas pour les gens de ma race
C’est que, une fois de plus j’échoue et ça casse
Ca ne serait en fait, que le final coup de grâce.

Moi l’autre jour je me suis dis
Franchement, qu’est ce que je fous ici ?
Je passe ma sale putain de vie
A glander aux quatre coins des rues
Noyant mes journées dans mes soucis
D’un café à l’autre de ma triste city
Avec mes potes génération étourdie
Tous kif-kif shootés à la tsé-tsé.

Hamid Hafidi