Prose:Le Pic

Hautes Dunes ! Hautes Falaises !
Hauts monts merveilleux qui à l’aube donnent vie !
Verrai-je un matin ton désir enneigé ?

Trois fois j’ai fait le deuil de mes infâmes rivaux
Ces fous se voyaient régner déjà,
Trompant tes formes par leur force
Te dominant sous la joute des étoiles.
Mais la lune,
Elle,
Ne conduit à ses charmes
Que ceux dont l’amour prive l’orgueil.
Réponds-moi !
Car si entre mon retranchement et notre destin tu choisis le premier,
Je crierai ta folie, et tu la ressentira comme je mourrai, enfant du désespoir,
Victime de ta colère aussi prompte que les vents sont glacés.
Je te défie, à ton tour la litanie !

Ah !
Mon cœur quitte terre et au jardins d’Asgard te rejoindre,
Il bat tant comme l’aile aux sentiments du premier vol
Ce coté, l’autre, chaque traversée diverge et me trouble d’effroi.
Perdu mille fois dans ton empire aux milles et unes collines,
Gémissant dans l’abîme de la nuit…
M’entends-tu braver ton royaume de tourments ?
Tempêtes, frissons et hauteurs, je me dispute les esprits du Ciel
Tu crois qu’ils te défendent ?
Ils te condamnent à l’inviolabilité !
Libère-toi de ces tyrans,
Donne moi la clef que je te rejoigne !

Oui enfin !
Garde-moi, Montagne immortelle
Me voilà simple pantin ralenti,
Qui pas à pas s’approche de ton sein
Ébloui je m’étonne sur tes cimes,
Nos souffles de glace joint en un baiser
Fol espoir qui s’accomplit
Ma barbe gelée tu m’accueilles
Et cette nuit
Seule règne ta volonté
Et ma destinée

Aux grâces de l’astre levant
De l’autre coté de la crête,
A tes pieds invisible,
Ma blanche carcasse au sol,
Je me prosterne et te bénie
Toi la vierge invincible qui m’a accueillie,
Et moi souriant au plus haut mon infamie,
Bonheur morbide la découverte
Entre nuages et pleurs
Ton râle écho à l’infini,
Mélancolie brumeuse du sommet conquis.
Je suis déjà parti.

Hautes Dunes ! Hautes Falaises !
Hauts monts merveilleux qui à l’aube donnent vie !
Verrai-je un matin mon désir satisfait ?