Texte:Le Champs Des Rescapés

Mon âme est un cimetière délabré aux pierres tombales ouvertes
Un champ de ruines où j’ai enseveli la morosité de tous ces horribles souvenirs
Je suis un passif agressif qui ne dialoguera jamais avec ces psychologues narcissiques pour soigner ses psychoses
J’ai l’humeur d’un criminel jovial à chaque fois que la force universelle punit mes oppresseurs pour tous leurs crimes odieux
Je suis un suspect dans la bouche bâillonnée de ces perroquets négrophobes
Je souhaite que ma dépouille soit noyée dans une cuve de formol pour goûter à l’immortalité
Depuis que j’ai découvert l’extase que procure les drogues dures je déteste la douceur mortifère de la faucheuse
Le chaos a tellement parfumé ma vie de ses fléaux que mon esprit a dévoré les échecs de mon existence
Ma tristesse a encensé les angoisses de ma conscience détériorée
Ma langue mélancolique prononce des mots innocents pour évacuer toute cette colère que j’ai toujours traîné
Mon cœur est une forteresse obscure où cohabitent mes démons et mes fantômes
Les anges de la mort ont couvert de remords toutes les supplications qui ont fortifié ma persévérance
Je me désaltère des liqueurs de la misère pour garder le sourire face à tous ces malheurs qui m’ont fait découvrir les saveurs mélancoliques de l’amertume
Je n’aurai jamais le charisme de ces dictateurs aux ambitions vertueuses
La gloire a enseveli mon avenir calamiteux d’une splendeur dramatique
Mon passé lugubre a purifié les malédictions de mon destin
Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter les louanges trompeuses de ces flatteurs hypocrites
Je suis l’espérance issue des souffrances d’un peuple qui a accédé à son humanité grâce à la sauvagerie de la servitude
Je préférerai toujours mon africanité à la négritude occidentalisée de ces nègres privilégiés assimilés aux lumières humanistes d’une République criminelle qui se déguise en merveilleuse philanthrope pour me maintenir dans les cachots de son aliénation
Je me répète tout le temps pour ne jamais oublier la cruauté des terres hostiles que je sillonne
Je ne suis pas un poète amoureux de la beauté des mots comme ces rêveurs aux cauchemars paradisiaques
Je dévoile les mystères cachés de leurs Évangiles macabres avec le clavier alphanumérique d’un téléphone conçu grâce au travail bénévole des enfants mineurs du tiers-monde
Mon époque est tellement virtuelle que les psychopathes sadiques commandent des scènes horribles de viol pédopornographique sans gêne comme un menu de frites à la viande licite d’une vache folle
C’est grâce aux substances illicites que je reste lucide dans ce tsunami d’aberrations humaines