Texte:Monologue Mortifère

Allergique à l’église depuis qu’un prêtre a braqué une arme à feu sur ma tête
Allergique à la démocratie depuis que j’ai connu l’histoire dramatique de mes ancêtres exposés dans les zoos humains après l’abolition de l’esclavage
Allergique aux nègres domestiques qui se prosternent devant les valeurs putrides d’une République négrophobe
Allergique aux religions monothéistes qui ont fait de ma couleur la serpillière de l’humanité
Allergique à la politique colonisatrice de la France sur l’Afrique avant mon arrivée clandestine comme tous ces immigrés
J’ai envie de croire en elle quand elle me prêche les vertus de sa devise
J’ai envie d’être amnésique face à la cruauté qu’elle a fait subir à ces biens meubles des Caraïbes
J’ai envie d’être courtois avec sa police empoisonnée par la xénophobie
Je vis sur son territoire et je suis conscient de ce qu’elle fait sur mes terres d’origine
Sa condescendance ne gommera pas les stratagèmes de sa supercherie universaliste
Ma poésie transgressive sera toujours révoltée face aux discours flatteurs de tous ces démocrates hypocrites qui pactisent avec les oppresseurs impérialistes occidentaux et africains contre l’émancipation de mon africanité
Mes convictions riment avec les drames générés par les crimes du capitalisme
J’ai arrêté de prier leur Dieu depuis que j’ai découvert les mémoires esclavagistes et racistes du christianisme et de l’islam
J’ai arrêté de juger les mécréants quand j’ai découvert l’obscurité qui est enfermée dans le cœur des religieux
Je ne croirai jamais à leur paradis et à leur enfer la promiscuité de mon continent a éclairé mes incertitudes
Tout seul dans les ténèbres je me drogue quand mes envies suicidaires resurgissent
J’ai peur d’aimer les êtres humains car les addictions du matérialisme ont congelé mes sentiments
Je me sens insignifiant quand je passe devant un cimetière sans visiteurs
Quand je pense qu’un jour je finirai sous une terre que je foule librement je ne supporte pas les maladresses de certains humains
Si je suis né libre avec un libre-arbitre qui m’autorise à défendre mes convictions
Je cracherai toute ma vie sur le visage hideux de leur Dieu imaginaire incapable de purifier cette planète polluée du mal
Je suis proche de leur Diable son orgueil fait battre mon cœur froid quand je vois ce que la civilisation des lumières humanistes orchestre dans le berceau de l’humanité