Prose:Divagations,

Des mois à écouter les pleurs
De roches ou de mon cœur.
Or
Plein de brisures éparpillées
Restent à jamais empilées
çà et là sur cette terre.

Au lointain, absence
Des châles de nuit
Semblent embrasser les cieux.
Et enfument les mers de leurs vastitudes bleuies.

Au plus près
La morte Arabie, ses pensées
Mièvres, ses tribus cernées…
Souvent, pieuses, elles s’évadent
Pour le silence d’un lieu
De poussières.

Aux nuées
Dans les rouge-sang
S’égrènent des prières d’êtres humains.
Et,
Malgré tout leur poids,
La barge solaire
Accomplit son destin sans broncher
Dans les rigueurs d’usage
Et des rivières d’eau plate.

Des tourments nous assaillent.
Dans la graisse assombrie
D’un couchant
On y voit
Des trains quittant leurs rails
Et des terres vêtues de corail.

Nulle part où aller
Depuis ces contrées sans âme.
D’ailleurs, elles n’existent qu’un jour ou pas
Ailleurs n’est ici qu’un leurre
Le Néant, un trépas.

On y vit dans l’immanent présent
Immense, comme une toile tendue
L’ici de suite, le ’maintenant’…
Méfiance :
Point de clémence n’est attendue.
Chacun se trouve ravalé à la bête,
Sans révérence ni comète
Par le vœu d’un vieux poète fatigué.

Tout tourne autour de l’instant
Court, c’est sûr
Comme un verre de raki d’un trait avalé.
La magie du transport opère et nous chavire
Elle sonne le glas des espérances fourbues.

Seuls au monde bien que peuplé
Au contact de bergers solitaires contant fleurette
A des visages absents ;
Nous autres sommes enfin réunis et déliés
Présents, présents si fort pour nous ; mais en un sens
En tout si solidaires.

Paradis, Ô ! mon Paradis perdu
As-tu tes entrées ici
Pour t’inviter bien ingénu
Dans nos pensées en amnésie ?

Rougiras-tu un jour d’apprendre
Que des enfants martyrisés vivent
Dans des profondeurs d’eaux vives
Comme des plantes apprivoisées ?

Que le cœur nous en dise,
Qu’il se montre téméraire,
On est terrifié.

Et l’on navigue souvent
Par esprit du pire
Sur les étendues gelées
D’un lieu de rage,
Ou bien de Paix,
Prêts à servir un fatal
Empire.