Poème:Corps Accord

Rendez-vous sur un espace qui porte mal son nom
Un carré dans l’arène sous la lueur des projecteurs
Un arbitre, deux coins, trois juges, une autre dimension
Deux cœurs battants de combattants, la peur

Sentiments partagés, mais qu’est-ce que je fous là ?
Derniers mots, derniers conseils, on respire plus fort
Les lumières de la salle s’éteignent, comme au cinéma
Regard fixe sur celui qui s’avance dans ce haut décor

Plus bas, les juges s’apprêtent à compter les points
Je n’entends plus rien, les lumières de la salle s’éteignent
Entre les cordes je sais que je peux compter sur mes poings
Il est là en face de moi, son regard fait partie de sa mise en scène

Le gong résonne, « boxe » les pulsations s’envolent
Étrange sensation, premiers coups, premières souffrances
Une danse, une chorégraphie, chacun dans son rôle
Des gestes, des accords répétés mille fois, il faut que j’avance

Mon courage, mes valeurs affrontent mes appréhensions
Ne pas décevoir, frapper, encaisser, ils sont tous là pour moi
Je perçois le public les cris se mélangent à mes émotions
Je veux gagner, je dois placer mon direct du droit

Déjà je regagne mon coin, j’ai du mal à comprendre
Les mots se bousculent, mon esprit est encombré
Je dois me concentrer, respirer, essayer d’entendre
« Soigneurs dehors » le brouillard devient moins épais

Déterminé, je sortirai victorieux d’entre les cordes
C’est mon bras que l’arbitre lèvera à l’issue du combat
Mes amis viendront autour de moi telle une horde
La victoire est toujours belle, comme cette maestria

Il m’a touché, mes jambes et mes bras sont lourds
Jab, je fuis, je dois vite retrouver mes sensations
Ne pas tomber, ne rien montrer, attendre mon tour
Dix secondes, tout donner, il faut faire illusion

Dernier round, dernière limite, il est pour moi
Un, deux, trois, j’enchaine, uppercut, crochet
Tout s’illumine, huit, neuf, dix, il ne se relèvera pas
J’exulte, le bonheur m’envahit entièrement désormais

Je n’ai pas affronté un ennemi, je fais partie du noble art
J’ai appris, senti la force du respect à chaque confrontation
Elles me portent, me font prendre de nouveaux départs
J’ai vaincu, perdu quelques fois, toujours suscité l’admiration