Poème:Baiser De La Mort

À l’instant même où je me vide de mon sang,
Corps piteux étendu sur le pavé glacé
À chanter ton nom dans la ténébreuse allée,
Mon regard s’aveugle de pleurs étincelants.

En sombre bruit de fond, se font entendre au loin
Les sirènes hurlantes des ambulances
Qui, en prophètes, annoncent ma mort en cadence
Car je succomberai malgré les derniers soins…

La mort enveloppe ma chair d’un voile froid
Puis mon âme glisse dans un profond sommeil.
Seuls les pas sourds des talons pressés dans la ruelle
Semblent, de la mort, vouloir effacer l’effroi.

Puis une voix déformée me parvient dans le noir…
Ta voix saccadée par le son de tes sanglots
Qui s’approche de la faucheuse qui tient mon fardeau,
Une vie comblée par l’idylle amour privé d’espoir

Je te sens à mon côté à couvrir mon être
D’une douce enveloppe charnelle emplie de chaleur.
Dernier effort d’énergie puisée du fond du cœur
Pour ouvrir les yeux sur ton visage sinistre.

Tes traits fins m’apparaissent tachetés de vermeil
Ayant goûté à la rivière sanguine de mon dos,
De ma blessure déversée en délicats flots,
Et ombragés par une pluie dorée aux merveilles.

Ton tendre filet d’eau coule le long de ma bouche.
Tu laisses à mes sens le plaisir de savourer,
Pour la dernière fois, le goût de tes baisers,
Avant de sombrer, dans la brume obscure, farouche

Tes lèvres auront été le baiser de la mort.
Auteur divin de la liberté de mon âme,
Voleur de l’esquisse de mon ultime je t’aime
Pour te laisser en funèbre souvenir : mon sort…