Poème:Il Faut Manger Chaque Jour…

Le long de la rivière elle allait promenant
Sa chevelure de feu, ses jambes gambadières
Sa lèvre purpurine, ses yeux assassinants
Sa robe retroussée comme une lavandière.

Sa démarche d’altesse et son teint de friponne
Les seins plus arrogants qu’un jeune cavalier
Sur leur cane d’ébène des hommes se cramponnent
Ayant peur de ce rêve qui rend fou à lier.

Ses fesses en contre point chantent la mélodie
Des amours de rencontres, des amours tarifées
D’un faux semblant d’amour qui n’est que parodie
Mais qui donne aux jeunots des airs de contes de Fées.

Elle va de l’un à l’autre infirmière de l’amour
Soigner cette inquiétude qui fait rougir l’enfant
Dont les yeux apeurés percutent l’alentour
Heureux de ce plaisir que la morale défend.

Pratiquant à monsieur ce que madame ne veut
Quelques billets de banque pour garnir l’escarcelle
Elle reste fraiche et rose du Monsieur au morveux
Et promène partout son air de jouvencelle.

« Femme de peu de vertu que faits tu de ton corps ?
Ta dignité est morte ton âme est en danger. »
Lui crie cet homme en noir avec la voix du cor
« J’ai trois enfants, curé, je leur donne à manger. »