Poème:Lève-Toi Et Résiste

Pourrons-nous, à ces iniques souffrances nous soustraire,
De ces fallacieuses décisions nous défaire,
Cette guerre ignoble ayant arraché notre vie,
Ces armes et ces Hommes, ces armées aliénées sans merci.

Il sembla pourtant sage, à nos dirigeants,
De nous laisser périr, sanglants et agonisants.
Seuls et tremblants sur le front froid fiévreux de la mort,
Où chaque perle de sueur reflète d’effroyables sabords.

Cinq cents mètres…

Les boulets fusent, les lames se brisent dans un grand chœur,
Le sang coule et l’ardeur mute en une dantesque terreur.

Trois cents mètres. .

La folie prend place, les esprits, déchiquetés dans un brouhaha étourdissant,
Qui pourrait seulement nous sauver d’un au-delà si imminent ?

Cent cinquante mètres.

J’entends les pleurs, les cris, je sens les fleurs et les arbres brûlés,
Je vois désormais la masse noire avancer fièrement en grande pompe.
Je distingue alors les prières s’entrechoquer avant que les cous ne rompent,
Je tends ma main, plie mes genoux, je ne peux plus marcher.

0 m

En un temps record, les cris se sont tus faisant place au seul bruit du vent lacérant,
Dégoulinant de sueur, de sang et de boue, je sais qu’est venu mon moment.

Je réalise alors, qu’importe ce qu’il adviendra ensuite, je mourrai bientôt,
Que cela soit d’un élan de courage ou une once de lâcheté,
Mon corps sera perforé d’une multitude d’épées rouillées,
Noyé dans un flot déferlant de violence et de douleur, dans une glaciale et sombre eau de terreur.

Perdant tout espoir, je ne puis avancer, avant qu’à côté de moi, un homme se lève avec fierté.
Il n’y a pas un homme qui ne fusse tâché de sang, mais lui était recouvert d’un parfum d’héroïsme déconcertant, exaltant, éblouissant.
Cela ne fut pas dix secondes avant qu’il retourne à terre
Mais le bougre se relevait, la tête aussi haute qu’il pouvait, le poing en l’air,
Et il criait.
Avançait, tombait.
Qu’avait-il seulement en tête ?
J’aimerais pouvoir parler, lui crier « arrête ».

Mais je n’ai plus de voix et plus d’envie.
Pourtant,
Sur le sol ravagé par les pas affolés,
Une once d’espoir germa à ses pieds.

Lève-toi et résiste pour recouvrer ta fierté,
Lève-toi et résiste pour aider des comparses,
Levez-vous, résistez et formez une armée,
Levez-vous, résistez, ramassez les épées éparses.

Unissez-vous jusqu’à ce que tout soit capable,
Unissez-vous jusqu’à gagner la guerre
Vous êtes solidaires, incarnez la liberté,
Vous êtes solidaires, libérez-la de ce mal qui l’accable.

À l’unisson, comme un spectacle trop réel,
Les Hommes encore capables de bouger se levèrent.
Alimentés par une force inconnue, nos épaules se touchèrent,
Les souffles courts se transforment en cris de guerre,
Notre esprit, notre âme, notre sang ne firent qu’un,
Désormais, nous sommes ensemble, unis, tels les doigts d’une main.