Prose:Sur Les Planches

Les yeux fermés, elle sentait la faible chaleur de la lune lui caresser le visage.
Le bois encore chaud de la barque dans laquelle elle s’était assoupie un instant, la transportait en dehors du temps dans une sphère de sensation étrangement intense, seul le tapotement délicat des nénuphars la ramenait avec parcimonie à la réalité.

Accroupie au centre de son échappatoire flottant, une légère brise la faisait frissonner dans tout son être, en transperçant de part en part son corps meurtri plongé dans les ténèbres de cet assourdissant silence.

C’est alors qu’elle ouvrit les yeux, laissant pénétrer la douceur chaleureuse de son gourou lumineux.
Se laissant apprivoiser par cet astre, monstre dominateur, qui déferlait sans cesse sur elle des faisceaux aux amers moiteurs. Elle reprit son souffle comme pour reprendre possession d’elle, par peur de sombrer dans un abîme absolu éternel.
Quand soudain l’élément qui l’entoure s’agite se fâche et manque de la faire chavirer, elle se trouve tristement seule sur ce radeau de la désolation, le suppliant de tout son être se refusant à l’immersion.
Puis elle lève la tête, comme pour attendre son jugement, un sombre nuage recouvre son ennemi.

Soudain elle entant : « vous avez le rôle madame ».