Poème:Cadence Sensuelle - La Gitane

Elle entre sans fracas, mais l’air se plie,
Comme si le vent lui-même s’était soumis.
Ses hanches dessinent des versets païens,
Et ses pieds battent le sol comme un tocsin.

Les hommes la regardent… certains prient,
D’autres maudissent ce qu’ils désirent.
Elle est l’incendie dans la robe écarlate,
Le péché qui s’avance sans crainte, sans rempart.

Ses bras s’élèvent, ses cils s’inclinent,
Et le monde oublie ses doctrines.
On dit qu’elle ensorcelle, qu’elle provoque,
Mais c’est leur propre fièvre qu’ils invoquent.

Les femmes la jugent, les prêtres s’en détournent,
Les enfants rêvent, les vieux s’en retournent.
Elle danse pour elle, pour l’étoile qui l’habite,
Pas pour les regards, ni pour les rites.

On l’appelle sorcière, on l’appelle beauté,
On l’appelle trop libre, trop nue, trop fée.
Mais elle n’écoute que le tambour de sa peau,
Et le chant ancien qui monte de ses os.