Prose:Le Cœur Sur La Joue

Dans un village aux toits de mousse,
Vivait un petit, frêle et doux,
Son pas flottait comme une fronde rousse,
Sur les racines et les cailloux.

Il parlait peu, mais l’air le garde,
Ses jeux naissaient au chant du jour.
Il suivait l’ombre, cueillait la darde
Des papillons en fil d’amour.

Sa mère un soir s’est envolée,
Comme un soupir dans un halo,
Laissant sa voix désincarnée
Dans les silences du berceau.

Mais chaque aube, sans un murmure,
Quelque chose, fin comme un vœu,
Vient effleurer sa frimousse pure
D’un frisson tendre et chatouilleux.

C’est une fée, brume incarnée,
Aux ailes d’iris et de coton,
Venue des cieux, réenchantée,
Pour caresser son front mignon.

Elle rit bas, dans un soupir,
Et dans ce chant, il reconnaît
Le timbre ancien, le souvenir
De celle qui l’aimait jamais.

Depuis ce jour, sur sa peau tendre,
Un petit cœur, rose et discret,
S’est dessiné, comme pour rendre
Visible l’amour qu’il gardait.

Les gens du bourg, un peu troublés,
Disent : « Ce signe est un mystère ! »
Mais lui sait bien, sans faire de bruit,
Que c’est sa maman, douce lumière.

Elle veille là, sur sa joue ronde,
Comme un pétale bercé par l’onde,
Un cœur d’elfe, un qui rayonne,
D’un amour plus vrai que l’âme résonne.

Et quand il pleure, dans le vent,
Le petit cœur devient plus chaud,
Comme un câlin, comme un présent,
Comme un écho venu de là-haut.