Poème:Réaliser Son Rêve

La gare ou les gares forment un réseau
D’où sont partis tant de héros
Qui ne sont jamais revenus.
Mais c’était un autre temps où l’on y trouve
Dans chacune, un endroit dévolu
Rassemblant tous ces noms à jamais perdus.

Des mots invariables y sont toujours écrits.
La gare a son vocabulaire universel et invariable :
Départ, arrivée, quai, horaires, tableaux,
Y sont universellement décrits.
Qu’ils soient de face ou de dos,
Ils sont interchangeables, mais les y trouve toujours inscrits.

La gare a son univers de joies ou de cris,
C’est le lieu de misère pour tous les démunis.
Ils y trouvent des bancs où se retrouvent entre copains,
Des amis de misères et parfois de beuverie.
Ils s’y racontent leurs misères, y trompent leur ennui
La gare est un lieu de rassemblement où tout y est décrit,

Depuis le jeune cadre dynamique au banlieusard
Jusqu’aux gens hasardeux, au regard un peu bizarre,
De celui mal réveillé jusqu’à celui court, pressé,
Qui arrive en courant, trop tard il l’a loupé…
Il prend son téléphone, énervé excité appelle bruyamment,
On entend plus que lui au milieu de la foule bigarrée.

Et puis il y a la petite gare, celle de la campagne,
Tout le monde connaît tout le monde
Il n’y a là que des habitués, certains se font la bise,
On y trouve même de l’herbe qui pousse sur le quai
Souvent désert, tellement si peu fréquenté :
Quelques trains de voyageurs, parfois de marchandises.
Le chef de gare seul contact avec les roulants
Les connaissait tous par leur prénom en les saluant.

J’en ai des souvenirs de gares
Depuis tout jeune, voire même encore petit.
J’y ai connu le temps des machines à vapeur,
Monstres impressionnants qui me faisaient si peur,
Mais si majestueuses qu’on se demandait comment
Pouvaient elles être domptées par deux hommes seulement.
Une période extraordinaire avec des photos magnifiques
Qui ornaient ces édifices en nous faisant rêver vantant campagnes
Et montagnes traversées par leurs panaches de fumée.

J’avais un rêve déjà, c’est de savoir comment
Un jour, plus grand, je pourrais en être à la tête
Conduire mi même un train en être LE « commandant »,
D’un convoi majestueux et d’un si long défilement
Conduire des dizaines de wagons de marchandises ou bien des gens
Avoir les en main les commandes et les manettes.

Être à la tête de joies, de peines ou de tristesses,
Livrer des voitures, de l’essence, du gaz ou du ciment
De quoi faire vivre des gens ou des usines,
Avoir la responsabilité, la joie et l’ivresse
D’un train de deux mille tonnes, d’un tel chargement,
Avoir dans les mains la vie de tant de gens en conduisant ma machine.

C’est la joie que j’ai eue lors de mon premier métier
Lorsque je me suis vu partant de Sotteville,
Passer en arrivant à Rouen sur le pont aux Anglais.
C’était un samedi après midi, mon tout premier train,
J’en étais fier je me prenais pour Rouletabille
Enfin je le réalisais ce fichu rêve d’exercer cette activité

Et quelles que soient les peines et les joies que je transportais
La mienne était complète et je m’en réjouissais.
Je souhaite à tout le monde d’avoir un rêve
Comme moi, et surtout de le réaliser
C’était pour moi, une plénitude, une sève qui me soulevait.
On a tous un rêve au fond de soi, il faut surtout un jour y arriver.