Poème:Bateaux Et Avions

Je me mire dans l’eau du port
Moment de calme et de solitude
J’aime ce moment où je sors
Retrouver cette plénitude

J’admire tous ces bateaux
Sagement calmes
Rangés comme des poteaux
De vrais amis surveillés par la webcam

Lorsque l’un d’eux se couche
Même si on n’est pas dedans
Sa mort vous éclabousse
Et vous laisse un arrière gout dans la bouche

Gamin je naviguais
Dans les caniveaux du quartier
Capitaine de bateaux en papier
Mais dès que l’un d’eux coulait

Je le regardais blessé
Victime d’un pavé qui dépassait
Et il finissait flottant dans un dernier remous
Dans la première bouche d’égout

Commandant de bord de mes avions de papier
Certains faisaient des voyages au long cours
D’autres s’écrasaient depuis la fenêtre du premier
J’en avais le cœur lourd

J’imaginais alors les morts et les nombreux blessés
De mes voyages peu glorieux
Ces morts qui éclaboussaient ma responsabilité
De pilote et de constructeur pourtant précautionneux

Gamin déjà de la mort j’avais peur
Même si celle ci n’était qu’un leurre
Mes larmes salées j’en ai gardé le goût salé
Ce n’était pourtant que des jouets de papier

Dans l’eau calme de mon port
Se mire la lune
Aucune catastrophe on ne déplore
Ce soir rien de tout cela à la une