Prose:Satanee Bagnole

allez je me fous dans le décor, ! ! ! ! ! !
je prends ma voiture, je roule à 200 même si elle n’y arrive pas j’essayes, je tente, je mets à fond de balle le nez dans le volant et je fonces… à 200…

sur c’te route y’a tout plein de platanes, des beaux, des forts, des maigres, des gros
tiens ça me rapelle la vie en somme,
toutes ces différences parmi ces hommes,
certains sont pourtant similaires et ça n’a pas l’air de leur plaire,
certains sont même beaux comme des dieux et ils se cherchent encore des noises,

allez j’ai décidé de rouler encore plus vite, j’ai beau insister la bagnole veut po me suivre,
veut po se retrouver tortiller, ensanglantée dans ces platanes,
mais qui lui a fait croire que ce serait un drame ?
mais qui lui a fait croire que je veux l’a bousiller,
qui a parler de mort, de cendres rougies d’une carcasse métallisée ?

non, j’ai juste expliqué à mon amie la voiture que je voulais m’envoler,
et qu’il fallait faire des efforts pour que ses ailes puissent pousser,

un peu comme la voiture de Fantomas ou celle de James Bond,
pourquoi elle n’y arriverait pas,

j’ai beau lui dire que le rêve est permis,
j’ai beau lui dire que c’est une sacrée bagnole rudement bien roulée, rien de rien,
la caisse veut plus avancer,

pire, à présent elle évite les piètons, ne veut pas les raser de près,
refuse de leur faire oeillades de ses phares allumés,
pire : la dernière dénigre mon besoin d’exaltation,
elle dénigre mon besoin avide de liberté,

alors je l’a tiraille, alors je martyrise un de ses organes vitales, la boîte de vitesse
elle se met à bouder, pleure quand je mets sa musique préférée et veut s’arrêter sur le chemin.

je me dispute avec elle, lui demande si elle trouve l’homme bon ou pas,
elle dis qu’elle n’aime plus l’homme qu’il est,
toujours à se tirailler la conscience,
toujours à chercher un moment plus frais de liberté,
alors elle me critique,
me fait la haute mine, me regardant en coin elle me dédaigne

alors moi je rentre à pieds toute froissée qu’elle n’ait pas accepté mon désir de liberté
elle restera figée avec ses amis les platanes avec qui elle n’a pas voulu danser… Sylvia