Slam:On Envoie Valser

J’ai jamais eu de mal à trouver mes mots,
Seulement à trouver la personne à qui les dire,
Et si j’avais trouvé quelqu’un,
J’aurais seulement eu du mal à les prononcer…
C’est toujours pareil,
On cherche les bonnes personnes,
Et, quand on croit les trouver,
On se rend compte que ce sont les mauvaises…
Alors, on envoie valser le courage, la passion,
Notre entourage, toutes ces contusions,
On envoie valser tout ce qu’on a pas vu,
Ou tout ce qu’on aurait pu voir,
Si on avait fait tout ce qu’on aurait pu,
Au lieu de se contenter de l’espoir…
Je me suis inventé une autre famille,
D’autres amis, d’autres paroles, une autre ville, un autre moi,
Depuis toujours, je vis planquée,
Bien en sécurité derrière la barrière invisible de l’imagination,
Je passe bien plus de temps à imaginer,
Les conversations que je pourrais avoir,
Qu’à les avoir pour de vrai…
Alors, on envoie valser nos certitudes et nos doutes,
Nos aptitudes, ce qui nous barre la route,
Je pense donc je suis,
Et je suis donc je pense à ce que je suis,
A ce que je pourrais être,
Si j’avais pensé à être une autre que celle que je suis,
Et au final je pense que je ne suis plus,
Car je ne sais pas quoi penser de moi…
Alors on envoie valser la philosophie, les réflexions,
Tout ça, que des conneries, voilà la conclusion.
J’ai tellement imaginé ces autres vies que je n’ai pas,
Que si je laissais tout tomber,
Je suis sûre que c’est celles-là que je retiendrais…
Je me suis tellement évadée dans ces autres que je connais pas,
Que l’évasion, c’est quand je me réveille de ce songe éveillé,
De retour dans mes pénates,
Qui me paraissent bien tristes en comparaison avec mes utopies…
Ne serait-ce pas la voie de la folie, aux yeux des autres,
Que de s’imaginer des mondes et d’y vivre,
Jusqu’à les confondre avec la réalité ?
Seulement moi je sais ce que ça représente…
Alors on envoie valser la réalité et la fiction,
L’ingéniosité et les frissons,
Ne reste que mon monde,
Peu importe de quoi il est constitué,
Le nombre de Tables Rondes,
Ne change en rien les chevaliers…
Alors on envoie valser les rêves et les cauchemars,
Les trêves et les traquenards,
Ne reste que moi et ma tête,
Qui ne voit pas, faute d’yeux,
Pourtant, je m’entête,
Trop importants sont les enjeux…
Pourquoi parler de moi à la 3ème personne ?
Faut croire que croire peut atténuer la douleur,
Alors me prendre pour quelqu’un
Que je vois de l’extérieur, ça peut m’aider…
Alors j’envoie valser mes tempêtes, mes serments,
Ne reste plus que des miettes de tourments,
J’envoie valser le passé, le présent,
Les pensées, et au suivant !
Il me faut bien une excuse dans le présent,
Pour pouvoir pleurer le passé en toute tranquillité,
Et pour inviter le futur, il faudra convoquer le passé,
Et oublier le présent, pour une fois…
Tout cela n’a aucune importance,
Alors j’envoie tout valser…