Prose:Lettre À M. No. 1

Chère M.
Sous la Spring Waltz, je dois pouvoir te dire adieu. Les notes du piano me résonnant, je crois que nous devons faire deux. Si je m’efforce de faire un avec moi même, je ne suis que blême. Les souvenirs font trembler mes jambes sous ces heures tardives du matin, si ce n’est ma torpeur qui à présent agite mes mains. L’amour m’est devenu synaptique, tandis que tu l’as rendu un jour synoptique. . Mes sentiments me paraissent si noirs, leur couleur est bien celle du désespoir ! Je ne peux nous oublier, je suis de cette aporie le vrai condamné. Si c’est une danse alors qu’elle soit sensiblement mélancolique, nous n’aurions plus pu tourner sous cet air symphonique. La nuit je rêve de ne plus rouvrir l’oeil, et je vois mes draps qui me paraissent être à présent linceuls. Ma vie n’est qu’une barque sur le lac du temps où je me m’expie au gré du vent, j’écris à l’encre là où l’amour m’a jeté la sienne, et elle m’empêche d’avancer le long de cet étang, où c’est l’image de ton regard qui me maintient vivant. . Je me rêve cygne voguant à la surface de ce bleu, mais je crois être colombe de la verte forêt de ces yeux, si profonds que j’aurais souhaité m’y perdre le long de ce voyage dont les sentiments m’ont fait naufrage. Je nous revois mon amour fuir devant le temps qui court, cette chaleur charnelle pendant notre sommeil que tu rallumais de tes lèvres vermeilles, ces mots d’amour par la pensée que je lisais sous chacun de nos baisers, et de tes joues découvertes qui me rappellent à présent la solution à ton mal-être. Je suis un Homme amoureux dont la maladie l’a rendu malheureux, et si je prie la Providence c’est bien mon petit ange qui me parle de tes silences. . je tente d’échapper à mon propre destin, à mon égo et mon vécu hautain, j’aime depuis le crépuscule une femme qui détient les clefs de mon âme, dont le charme fait d’elle la serrure d’un cœur oxydé de son azur. Ma barque est donc sans voile sous ce ciel où souffle le vent astral, éclairant la nuit de ces supernovæ effaçant nos étoiles toujours allumées.