Prose:Trempette

Un minuscule fil distingue le bleu du ciel du bleu de la mer, je plonge mon regard dans ce fil dans l’espoir de toucher ces deux mondes. Deux mondes de bleu qui s’embrassent à travers lesquelles se cachent l’infini. Le vent touche ma peau, me susurre des mots doux, des mots d’amour dans une musique douce. Qu’il est bon de la sentir en moi, cette brise de vie qui m’emporte et qui me chante que tout ira bien. Elle me chante l’amour, la beauté et l’infini, les trois en même temps, ce sont des synonymes. Comme la mer et le ciel. Dans ce tourbillon de vent chanteur, mes sens deviennent plus mielleux. Dans ma main des grains de sable qui s’écoulent. Ma main est un sablier duquel je perçois toute la brillance du sable, une multitude de couleurs, des couleurs de la mer, des coquillages brisés. Dans mon autre main, un coquillage entier, blanc, autrement blanc que le blanc blanc, un blanc de mer, lieu de merveilles infinies, femme du ciel. Ce coquillage me sourit, je peux en jurer : « regarde comme mes formes me siéent si merveilleusement qu’aucun autre objet du cosmos, c’est moi le coquillage et j’ai pour mission de captiver ton regard, de rester dans ta mémoire, de t’offrir la vie sous ses merveilles, touche mes sillons et tout cela s’offrira à toi car c’est moi le produit de ce bleu infini », je le touche et je l’aime, je le mets dans ma poche, l’enfant de l’infini dans ma poche, je pars faire trempette. Mes pieds s’enfoncent, ils ne veulent pas partir de cet endroit et je les comprends. Ici, le tout s’offre à moi, la mer m’appelle de ses vagues, elle m’embrasse elle aussi, le ciel n’est-il pas assez pour elle ? Lui qui est si beau. Les vagues m’embrassent et pétillent de ma chair. La mer m’aime, elle me veut, je la veux. Je cours à elle, mes pieds laissent place à mes chevilles qui laissent place à mon torse qui laisse place à mon cou qui laisse place à un cheveu de moi et ce cheveu s’envole dans le ciel…

01/04/24
FC