Poème:Enigma

Les roches se contractent avec délectation,
Dévorées par le rêve trouble d’un magma,
Enceintes de ces brûlantes imprécations,
Les fractures dévoilent la lettre énigma,

Tu sais pourtant bien que tout naît d’une rupture,
Alors pourquoi toutes ces larmes vaporeuses ?
Ton rêve sur le cœur est un point de suture,
Un îlot perdu sur une mer folle furieuse,

Notre crâne emprunte sa forme à la terre,
Aux continents disloqués après la naissance,
Et unie peu à peu par les pensées premières,
La tête presqu’île s’accorde la présence,

Nous portons haut une chevauchée tectonique,
Aux languissantes éruptions des profondeurs,
Et le cœur puissant de ces rêves volcaniques,
Enfante les failles des abîmes songeurs,

Nous parcourons les dédales des cavernes,
Nous cherchons les âmes brillantes des étoiles,
Nous prolongeons le plaisir au fond des tavernes,
Sans savoir que c’est nous même que l’on dévoile,

Le bleu de nos fleuves est rouge dans nos bras,
Et dans ce remous verveine à saveur de siècle,
Se murmurent d’obscurs secrets de cobras,
Éveillant le désir quand la nuit nous encercle,

Se prélassent, rutilants, les reflets topazes,
Les paroles améthystes du sein s’éteignant,
Au sommet de ces antres où s’affirme l’extase,
Le rubis s’émerveille en des yeux de diamants,

Sur les prairies empourprées de coquelicots,
Tournent les fleurs bleues dans l’effusion du thé noir,
Bourdonnantes brûlées au parfum de l’écho,
Rivales du café à couleur d’éteignoir,

Et nous aussi nous connaissons les promontoires,
Sur les façades édifiées de nos visages,
La terre s’est ouverte et nous fermons des grimoires,
Toujours au sommet, dans le velours d’un voyage,

Nous sommes les frères de l’astre au sédiments,
Je suis dévoré par le rêve d’un magma,
Et sur le grand horizon paisible et dormant,
Je vois la présence de la lettre énigma…