Poème:Les Émotions De Selma

Dans le recueil doré des veines argentines,
Étoffe précieuse des rêves murmurés,
Passaient en cadence les anciennes épines
Montées sur un diadème de nacre épuré…
Que je pose sur mon cœur élu et troublé
Par la douce chair qui lentement l’environne,
Pour reconstruire les noblesses affublées
D’un sceptre de sang et d’une sombre couronne.
C’est le plaisir
Sauvage
Griffant mon visage,
C’est l’entretient
Serein
Et clair de ta main,
J’ouvre le livre…
Ses pages brunes me rappelaient de vivre
Le court lent, tremblant et puissant que l’on effeuille,
Mais la reliure de cuir mourrait sous le deuil
De mes mains fermées qui ne souhaitaient pas poursuivre
Les courses illusoires des lèvres tiédies
Par le silence cruel de tout tes mensonges,
Sentiment injurieux qui nécrose mes songes
Dans les ruines sombres de mes muscles raidis.
Dés lors il fallut réfléchir
Pour construire le souvenir.
Selma, tu es rouge comme l’heure perdue
Dans le vin incréé des vignes solitaires,
Et tes yeux tendres, une volée de bois vert,
S’ensauvagent tout deux vers les pointes ardues
Des montagnes…
Qui dominent la clairvoyance des campagnes
Menées sur un grand pied, une fleur à la ceinture,
Et les souvenirs que nous laissent nos compagnes
Dorment sur la peau comme des points de sutures,
Ce sont les cicatrices qui font les récits
Si ridicules des ivrognes indécis,
Qui une fois arrivés dans le lit de la belle
Vont se prendre les mains dans leurs mèches rebelles.
Selma, tu es ma fierté et ma distinction
Portés dans mon œil, cerné de voiles violets
Qui répondent au brutal claquement des volets,
Couvant ensemble la naissance et l’extinction
De ma chambre
Selma
Piège d’ambre
Selma
Qui vient prendre
Selma
Mes doux membres
Sans les rendre…
« Naître fleur ou bien n’être rien »
Fut la devise de mes nuits
Cherchant le soleil bohémien
Dans la tendre pulpe du fruit
Mûr des corbeilles enchantées
Se laissant saisir dans l’empreinte
Que laisse l’ombre à la clarté
Pâle des anciennes étreintes
Les coupes étaient pleines d’un jus délicieux,
Selma, torréfié par les éclats de mon cœur,
Qui ajoutait au vitrail de tes yeux insoucieux
Des teintes alcooliques, empruntées aux liqueurs
Fielleuses au bord des gencives,
Brillantes sur tes incisives.
Des paroles sans retours
Qui voyagent à rebours…
Comme une supernova à effondrement
De cœur, j’ai laissé sur ton sein les rémanences
D’une poussière de chair, à la saveur d’onguent
Qui cristallise le royaume du silence,
Et les dentelles duveteuses que laissait
Mon amour, dans son vêtement de cérémonie,
Paraient les émotions de voilettes cendreuses
A saveur de songe, de peur, et d’insomnie.