Univers de poésie d'un auteur

Prose:Eurydice

A Propos de cette Prose

Texte sur la naissance par la perte.

La Prose

Ce soir là, les veines brûlaient à l’unisson, dans un vaste feu de joie. Les verres s’entrechoquaient. Les bouteilles pleines de liqueur semblaient se vider à l’infini. Les silhouettes colorées des convives se mêlaient dans une farandole de tons et de teintes. Le vin rouge, jaillissait des goulots d’un vert sombre, comme des fontaines de sang, se mêlant à la couleur ambrée des whiskys, au blanc spectral des gins et à la transparence chaude des vodkas.
Le monde se retrouvait autour de la table aux alcools, au milieu d’un jardin perdu, peu entretenu, enclos par un grillage fébrile, grignoté à quelques endroits par la rouille. Les arbres décharnés semblaient reprendre des couleurs au contact des festivités et les plantes indigènes supportaient sans un mot, les valses trépidantes des corps enivrés.
Personne ne savait bien ce que l’on fêtait. Il paraissait que l’on fêtait l’aménagement d’un jeune couple dans cette résidence de campagne. Pour autant, le terrain était glauque, comme abandonné depuis très longtemps et il transpirait une espèce de langueur campagnarde, un secret douloureux dissimulé par les herbes folles. Elles étaient folle de garder ce secret depuis si longtemps, et puis, personne ne savait parler leur langage, alors elles proliféraient sans autre attention que celle des tondeuses et des sécateurs.
On avait installé quelques guirlandes dans le jardins ce qui produisait une lumière faiblarde oscillant entre le jaunâtre, le bleu ocre et le rouge délavé. Mais personne ne pouvait y prêter attention : tous buvaient, buvaient, buvaient, la fête semblaient ne vouloir jamais finir et ne pas connaître de limites. Les contours devenaient flous, les inconnus se découvraient des connivences surnaturelles et s’enlaçaient, la plupart avaient déjà oubliés pourquoi ils étaient là.
Quand on ne sait pas ce que l’on fête, on boit sans retenue parce que l’on boit pour personne. Les toasts sont essentiellement portés à nous-même et les frontières sont occultées par l’absence d’un medium, d’un événement à célébrer. On revenait à l’état de présences indistinctes et l’autre venant à nous avait l’apparence d’un sauveur, celle d’un garant de notre identité diluée dans l’ivresse.
Fragments de verres. Ciel lourd et vapeurs de nuit. Goutte à goutte vers ton cœur humide. Danse et silence en nous-même.

Dans la foule des danseurs, on pouvait remarquer un homme étrange qui portait un foulard rouge. Il avait un visage d’aigle et quand il parlait, il donnait l’impression de fondre des cimes. Lui ne dansait pas et par ailleurs, il parlait très peu ce qui lui donnait l’apparence d’un oiseau de proie au sommet de son promontoire. Il essayait de s’approcher des danseuses, il voulait mordre leurs écharpes de chairs et plonger sa mains dans des cascades de boucles.
L’alcool fort avait un effet aigu sur lui en cette soirée, et il avait vite abandonné son verre de cognac pour lui substituer une bière brune. Il voyait les mâchoires alentours claquer fort, les maxillaires en fusion pour pouvoir parler malgré le bruit des enceintes.
Il avait choisi ce foulard rouge comme un hommage au sang, et plus il buvait, plus il rêvait d’un sacrifice maya, au sommet d’une pyramide, le cœur dans sa main, porté vers les nues.
Il envisageait la vie ainsi, comme une pyramide, dont l’acmé résiderait dans le sacrifice, le sacrifice de soi pour ne plus être un lest à la libre expansion de ses fantasmes.
Il ne savait pas bien comment écrire le mot « fantasme », s’il devait préférer le « f » accentuant la parenté avec le fantôme ou le « ph », insistant sur le caractère grec et ancien de l’expression. Ce soir là, il choisi le « f », car il était un fantôme dans cette fête fébrile et fatigante.
Il bu lentement. Il aurait voulu que cette nuit soit silencieuse et que les danseurs soient vêtus par les rayons de la lune, puis changer ses yeux en scalpels pour disséquer les corps et saisir leurs mouvements intrinsèques.
L’ensemble des convives avait désertée la maison pour se masser dans le jardin, et l’homme au foulard rouge décida de rentrer pour inspecter les lieux et avoir une conversation avec des objets à défaut d’humains. Il frémit un peu face à sa propre misanthropie, il voulait écraser un calice et lécher les diamants incrustés dans l’or de la coupe, y diluer des cauchemars onctueux pour les engloutir cul-sec… il lâcha son gobelet dans l’herbe et pénétra dans la demeure.
La maison l’accueillit comme une ogresse, il pouvait sentir ses longues canines effilées dans sa nuque.
Le plafond de bois brun lui jeta sa mélancolie au visage, violemment, comme une gifle qu’on donne au traître, comme un baiser que l’on donne quand on aime plus. Un amour puissant, déçu, trompé émanait de ces lieux, montait dans la cage thoracique, envahie à présent par les termites du sentiment.
Sur les murs, il y avait un papier peint jaunâtre. Celui que l’on voit dans les hôpitaux et qui nous désespère car il est le reflet de notre mal. Il est jaune comme la bile, jaune comme la maladie, jaune comme les prunelle d’un chat qui agonise.
L’homme au foulard rouge fut ému. Ces subites apparitions, ces souvenirs des cloisons infligées, les maisons tristes, revinrent à lui pour danser nues. Sans doute cet intérieur était sordide et triste. On pouvait entendre la musique au dehors et les basses faisait légèrement bruire la poussière sur les meubles sombres. Il marcha. Ses pas firent grincer le parquet, un grincement sarcastique. Devant lui il y avait un escalier de bois montant dans les hauteurs sombres. Il l’emprunta à pas de loup, comme chassé par un trappeur invisible, tout en bousculant par instant quelques vieux livres empilés à la va-vite.
Le premier étage n’avait pas besoin qu’on allume la lumière, il était beau comme sa noirceur et l’homme au foulard rouge n’avait pas besoin qu’on le guide ; les ténèbres lui suffisaient amplement.
Il lui sembla entendre un lointain murmure un peu plus loin. Il se dirigea vers la source sonore et aperçu, dans une chambre, éclairé par la lune, un vieux volet rouillé qui jouait sa symphonie. Il s’assit sur le plancher en tailleur et il se mit à écouter. Il lui semblait que la maison respirait, une respiration sourde et difficile, presque sanglotante. Les souvenirs l’assaillirent…

« Il était minuit. Dans les draps rouges et noirs dormait quelqu’un qui ressemblait à un ange. Mon Ange tu n’es pas vrai, tu es terriblement faux, j’aimerais enfoncer des cornes dans ton front. J’étais venu implorer ton pardon, me repentir d’avoir cru en toi. Je t’ai demandé l’enfer tu entends ? Et toi, tu persistait à promettre un paradis qui nécrose le cœur. Je me souviens de tes draps, puissamment. Puissamment. A tes pieds j’ai déposée ma croyance, tu l’as prise sans retour.
En partant, je jouait de l’harmonica. Je n’ai jamais eu d’harmonica, je faisais semblant, comme toi tu faisais semblant de m’aimer. Tes mains étaient des missels, par lesquels je suis devenu mystique, par lesquels j’ai commencé à aller à la messe de tes seins.
Il était midi. A ton balcon, tu regardais le monde avec hauteur, tu ne le craignais pas, tu étais sûre d’être immortelle, c’est pourquoi tout flétrissait autour de toi. J’ai essayé de me mettre à l’heure de l’éternité…
Par pitié ne me ramène pas au banal, je veux rester au Golgotha précieux, Mon Ange. Viens boire l’eau qui s’écoule à la source de mes plaies. Viens glaner les roses de ma couronne d’épines. AH AH. Tu vois, maintenant, je ne marche plus accompagné, je ne suis plus l’acolyte au parapluie qui t’accompagnais à la station de bus, je n’épluche même plus des pommes, je ne sors plus doucement de ta chambre. Tu m’as fait lire le livre des anges, le livre des morts ; maintenant je suis souillé et impie. Bienvenue au sabbat noir. Les yeux se ferment. Il était midi, il était le soir, il était le matin, il était. Jamais là. Ton amour.
Puis les pages se sont refermée et il n’y avait pas de numéro de tirage sur la dernière feuille. Tu m’as présenté aux éditions du néant et j’ai cessé d’y être publié. »

Il se releva et sorti brutalement de ses songeries d’un passé douloureux. Il voulait monter plus haut, au sommet de cette cathédrale sombre, loin de la fête où il n’avait pas la place du roi. Le volet de la chambre continuait de claquer avec la même langueur sous la brise mystérieuse d’une nuit sans étoiles. A ce moment là, il ne savait pas bien si le ciel était effectivement vide, ou si sa mélancolie avait posée un voile de baptise devant ses yeux.
Il quitta la pièce pour regagner le couloir, plus loin, un vieil escalier indiquait un grenier ; cette perspective d’altitude le séduit et il se décida à y monter.
L’ascension fut pénible, les marches essoufflées craquaient sous ses pas et une odeur de moisi émanait du vieux papier peint, des vieilles babioles qui traînaient ça et là le long des marches. Chaque objet semblait détenir un ancien secret, ils était tous des appels nostalgiques aux souvenirs d’enfances. Des petits livres jaunis par le temps lui rappelaient les contes qu’il aimait lire seul chez sa grand-mère. Oh ! Il avait beaucoup lu, il se rappelait surtout des aventures de Renart le goupil, il se souvint qu’il aimait la désinvolture presque cruelle de ce personnage, mais qui n’était en réalité que l’expression sincères des désirs, que l’on finit par juger odieux avec le temps.
Il finit par arriver dans le grenier. La pièce était envahi par la brume particulière que l’on retrouve dans les lieux abandonnés depuis longtemps. Il n’y avait rien de bien intéressant, à part quelques vieux masques vénitiens craquelés et d’autres souvenirs de voyage.
Il scruta bien l’obscurité, mais la pièce restait désespérément vide, sans aucun appel de ténèbres, ni même, le présage d’un temps dans lequel on aurait pu s’identifier. Tu sais ? Les autres mondes dans lesquels on se réfugie parfois, et dans lesquels l’odeur du passé agit comme un baume sur nos cœurs.
Tout ici était hermétique, fermé, et ce grenier ne cherchait nullement un initié ; il voulait la paix et pour cela, il s’était vêtu de poussière.
Le jeune homme à l’écharpe rouge, malgré l’inimitié du grenier, voulu tout de même poursuivre l’investigation, et il s’avança un peu plus dans l’obscurité, à tâtons. La musique du dehors était maintenant à peine perceptible, elle faisait l’effet d’un rêve lointain, comme le rêve de la vie qu’entendent les ombres perdues dans les limbes.
Il n’aimait pas ce grenier, il était malveillant, prêt à préparer quelque mauvais coup ; plus il avançait et plus le parquet vermoulu semblait ricaner sous ses pas. Le vent s’engouffrait parmi les tuiles en hululant, comme en matière d’avertissement. Non, décidément, ce grenier, il ne l’aimait pas du tout. Il se mit à ressentir de la peur, ou plutôt une angoisse indéfinissable ; quelque chose de mauvais, tapi dans l’ombre l’attendait pour le saisir par surprise. Il se retourna brusquement, pensant avoir perçu une présence, mais derrière lui, il n’y avait rien d’autre qu’une ombre traversé par un rayon de lune qui s’était frayé un passage dans la toiture abîmée.
Il senti peu à peu que ses forces étaient absorbée par une puissance étrange, et une lassitude malsaine l’envahit lentement, irrémédiablement. « j’ai trop pensé aux amours passées, j’ai trop glorifié des fantômes, le tout avec complaisance en plus ! Maintenant il viennent me chercher, il vont me demander des comptes… Et que répondrais-je ? Je n’ai pas encore assez existé pour saisir de la vraie chair, pour saisir de la vraie passion. Il y a tellement de vide ici. »
Une odeur atroce de pourriture l’atteignit, si atroce qu’il en eut un haut le cœur et il ne put retenir un gémissement. Son corps s’enflamma d’angoisse comme vaincu par une mort imminente ; l’adrénaline lui brûlait les veines… Mais inexorablement, il continua à marcher comme si il voulait vaincre sa terreur par l’excès, l’excès de sensation peu parfois agir comme un antalgique.
« C’est la vengeance de tout mes morts, ces gens que j’ai connu et auxquels j’ai refusé mon verbe vrai pour leur offrir le mensonge de mon désir. Ils viennent me prendre, il viennent m’ôter toute espérance. » Partir ? Pourquoi ? Maintenant, il n’y a plus le choix. Il vivait cette terreur comme une épreuve, et parallèlement à son angoisse, un immense orgueil le poussait à avancer encore, vers la source de la peur, une damnation invisible.

Damnation est mon mot préféré. D’aucuns imaginent d’emblée des démons cruels et une longue torture vers l’anéantissement. Ce n’est pas vrai. Un damné brûle dans les flammes, ressent intensément son brasier tout en portant la marque d’un jugement plus haut que celui des hommes. J’ai été damné, on m’a donné une direction, oui, et j’ai voulu les embrasser toutes, sans limite pour éprouver ma flamme et ses volutes qui viennent tisser au bord des yeux des rêves gris, ouverts à des conjectures infinies. Damné, c’est vivre à contre-ciel, à contre-jour. Nous ne sommes pas aveugles, nous sommes face au soleil, et nos yeux brûlent à travers le défi jeté à la vérité. Tout cela, c’est mon fantasme de la cendre, et j’éprouve un plaisir narcissique à envisager mon châtiment éternel ; mais pourvu que j’accède à la vérité de mon désir !

Il avançait dans l’ombre qui exhalait un douloureux parfum, celui d’une essence distillée à l’alambic des mélancolies. Il avançait dans l’ombre. Encore. Le parquait ricanait toujours. Il n’y avait pas un seul sourire pour démystifier les grimaces des planches mal jointes. Et là, il la vit.
Dans les ténèbres, près du mur, un corps drapé d’un linceul gisait sur le sol. Des taches pourpres fleurissaient sur le tissu pâle, comme des roses dans un jardin d’hiver. Le froid parcourut ses veines, tel un long baiser ; le même que l’on pose sur les lèvres aimées, défuntes, pour en cueillir l’âme.
Il se souvint de tout. Des perles de sang sur son cou de cygne, venant se mêler aux boucles calcinées de ses cheveux. Elle s’est éteinte dans l’herbe pendant qu’il lui caressait les cheveux. Plus loin, la voiture brisée par le choc recrachait sa bile dans le fossé, agonisante.
Il l’avait pris dans ses bras avec douceur, pour la mettre à l’abri ; la mort apposait son voile de marbre sur son visage à mesure qu’elle regagnait le ciel, cependant que lui goûtait pour la première fois aux délices de l’enfer.
Ils étaient perdus dans la campagne, il n’y avait aucun signal, aucun moyen d’appeler à l’aide. Il ne pouvait pas la sauver, même pas par des larmes, ou par des suppliques. Toutes ses paroles d’amour se changeaient en oraisons, et l’ombre du chêne posait une voilette sur ses yeux bruns, pour annoncer les prochains jours de deuil.
Non il n’y avait pas eu de larmes. Il savait qu’il irait jusqu’en enfer pour faire vivre son souvenir. Il ne la perdra qu’une fois, le souvenir restera toujours, au détour de chaque battements du cœur.
Cicatrice.
Il se rapprocha du corps, en silence, comme on épluche une pomme le soir, le matin, la journée. Il se rapprocha, d’un silence terrible, comme l’on découvre que l’on a plus de souvenirs réels des premières joies.
Il saisit la gaze blanche pour la découvrir, mais un pressentiment vint l’étreindre, l’avertissant que cette découverte serait la seconde perte, beaucoup plus fatale, de l’amour.
Mais était-ce vraiment elle ? Cette maison étrange, habitée par une troupe de théâtre depuis maintenant un an pouvait bien garder quelques costumes et autres artifices scéniques. De toutes façon, il ne voulait pas le savoir, il avait bien sondé son âme et il avait atteint l’abîme, cela suffisait. Garder du désir pour l’absente, faire séjourner l’absence dans la présence et danser la valse, perdre l’être aimé, c’est renoncer à la réalité ; viennent alors le règne de l’introspection et des recréations.
Il sorti précipitamment du grenier, sans se retourner, avec la peur sourde de voir son visage. Quand elle était partie, il avait déjà angélisé son visage, il en avait déjà fait un univers ; il n’a jamais vu son visage de mort, sa disparition fut une seconde naissance, car la douleur à le pouvoir d’engendrer ; de même que les amants ont des enfants avant même de les concevoir vraiment.
Il sortit de la maison, la fête duraient toujours et le bruit des bouteilles de verre venaient matraquer ses tympans. Il fila jusqu’à la table pour récupérer la fin d’un bourbon bon marché qu’il enfila d’une traite. La lave vint directement, sans concession dans ses cavernes dévastées par les coups de grisou, il avait bu cash au déversoir du volcan. …

« Pourquoi tu regardes la lune ? Demandait-elle. Ils étaient assis à la fenêtre d’une maison de campagne, les carreaux étaient embuées par le froid et la lumière blafarde de la planète laissait voir les anciennes traces de doigts, les caresses sur du verre. Un phalène tournoyait autour d’une lampe de chevet, recouverte d’un abat-jour vert.
Parce qu’elle me donne un silence amical. J’aime beaucoup le silence.
Il paraît que c’est quand deux personnes acceptent de rester silencieuses ensemble qu’elles s’apprécient vraiment. Tu n’aimes pas quand je te parle ?
Si… Bien sûr que si. Tu as une voix silence. Ce n’est pas que j’aime quand les gens se taisent, mais quand ils parlent, ils se soucient peu de converser, en général ils bavardent et ça m’énerve. Ça crée des interférences, et moi, je ne profite plus de la lune, ni des arbres, ni du cadre en bois de la fenêtre.
Elle se leva et prit sa tête pour lui caresser les cheveux, ses lèvres formaient toujours une sorte de petit plis un peu sournois qu’il aimait bien, car il lui adressait comme un défi : le défi du baiser qui ramène au sérieux.
Ils avaient fait infuser une tisane de verveine et la vapeur montaient jusqu’au plafond en volutes transparentes, qui évoquait comme des visages parfumés, invoqués par l’infusion des plantes. La chambres était tapissées de draperies colorées évoquant des motifs précolombiens et hindous ; de petites figurines en bois représentaient Ganesh, Shiva, Boudha et d’autres figures orientales qui donnaient l’impression de reposer lascivement chez une bayadère. De grandes tentures portaient des mandalas et d’autres symboles dont l’usage ne sert plus à présent qu’à évoquer des états de bien-être, occultant ainsi leurs significations premières, plus profondes et moins naïves.
» Cette chambre est la définition du paradis artificiel « pensa-t-il. Oh, non pas un artifice douloureux et vulgaire, mais si charmant, si charmant… Elle s’était reconstruit un paradis, ou tout ce qui l’entoure devient un pense-bête au bonheur. Tout ça, c’est un mensonge si charmant ; un mensonge bienfaisant, grisant, très doux.
Elle se mis sur le ventre dans les draps de satin ocre et saisit son nécessaire à tabac pour rouler un joint. Lui la regardait avec bonheur, ce geste venait pour lui comme l’intrusion d’un élément trivial qui ne venait que confirmer l’aspect paradisiaque de son refuge.
» Tu le veux doux, ou plus chargé ? « demanda-t-elle d’une voix un peu éteinte. Elle parlait comme un briquet que l’on a du mal à allumer et quand il entendait sa voix, il était soulagé par la présence d’une flamme, alors qu’il pensait que la précédente serait la dernière.
Tu m’aimes ?
Pourquoi tu me poses la question ?
J’ai besoin de le savoir. J’aime le silence, quand il se tait et que j’ai l’impression qu’il m’écoute. Mais la parole, c’est toute ma vie la parole.
Elle s’assombrit et marqua une pose.
Je t’aime, mais je ne suis pas amoureuse de toi.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Comment peux-tu m’aimer si tu n’es pas amoureuse ?
Elle s’empourpra un peu et répondit d’un air un peu agacé,
Tu es vraiment grandiloquent. Pourquoi vous avez en permanence besoin qu’on vous rassure ? Moi, je n’appartiens à personne et je ne me soumettrais à personne. Je ne suis pas amoureuse parce qu’il n’ y a pas de fatalité, ça ne m’est pas tombé dessus, c’est juste doux, c’est juste bon d’être avec toi ; c’est pour ça que je t’aime. Quand je tombe amoureuse c’est plus fort que moi, je suis vaincue par l’autre.
On dirait qu’être amoureuse pour toi c’est une souffrance. En quoi reconnaître son attachement à quelqu’un serait une soumission ? Et pourquoi vouloir être fidèle, par exemple…
Pourquoi fidèle par exemple ? Répondit-elle un peu vexée.
Qu’est-ce qui me dit, si tu m’aimes juste parce que c’est doux, que tu n’aimes pas d’autres hommes ? Si on aime juste la douceur, on peut se remplir un harem !
Cette discussion me fatigue… Brisons là tu veux ?
De toutes façon c’est bien à la mode et bien commode ça, l’amour, c’est franchement devenu une grosse blague ! Chacun invente sa petite théorie pour jouir sans entrave en passant pour un intellectuel émancipé. Maintenant on confond même le badinage et la passion… Mais bon sang ! C’est mortel ! Moi je t’aime, je suis fou de toi. Pourquoi ne pas le reconnaître ? Je n’ai pas peur, je ne me soumet pas. Je suis libre, plus libre que jamais. Je n’ai jamais été aussi libre que depuis que je sais que je peux donner mon cœur. Tout ces frileux me font de la peine. Ce n’est pas dans mes projets de vivre à moitié, vivre à la banlieue de moi-même, ou mettre mon cœur à la consigne pour voyager léger.
Un silence se fit.
Bon, tu le veux comment alors ? Elle s’était calmée et lui aussi, ses lèvres reprirent leur petit plis un peu sournois. Il essaya de l’embrasser mais elle détourna la tête.
Attends.
Chargé, je le veux chargé. Finit-il par dire, abattu.
Ce soir, même dans son paradis, il aurait voulu être ailleurs, il aurait voulu une étoile du chaos.
Deux paroles s’aimait, mais deux paroles qui ne pouvaient pas se comprendre.

Il s’éloigna, ivre, vers le petit sous-bois qui s’étendait à proximité du jardin, dans toute sa splendeur sombre. Il voyait les étoiles se dupliquer dans le ciel, en un glissement flou. Les constellations se répétaient, se multipliaient pour finalement disparaître dans la confusion. Il titubait entre les branchages qui lui griffaient parfois le visage, et ses pas faisait craquer des brindilles séchées sur des lits de feuilles en décomposition.
Il avait l’impression de marcher sur elle, comme si la terre avait exhumé ses restes de défunte pour lui accorder une revanche narcissique, tout en lui imposant le violant rappel de tombe pour tout les êtres vivants. Une sorte de vénération l’emplit, il aurait voulu flotter tout doucement au-dessus du sol pour ne pas accabler son visage de feuilles mortes avec ses pas maladroits. Le sol craquait quand même. Il marchait quand même. La vie continue, alors même que l’on foule nos morts.
La présence des arbres lui fit du bien et l’air frais de la nuit avancée rasséréna son âme ; la lumière de la lune traversait les cimes noires diaprées de reflets vert sombre.
Il voulait oublier, mais pas au sens ordinaire. Il était seulement fatigué du combat, fatigué d’être un homme hanté, fatigué de vivre d’une marche expiatoire. Il en était presque à juger que cela suffisait, qu’il s’était suffisamment fait payer. Au fond, la pire des pertes, n’est-ce pas une double perte ? Certains se réfugient dans l’hermétisme, la forclusion, ils voient l’oubli comme l’anéantissement du souvenir. Ce n’est pas vrai. Cela, il en était sûr. Lui se rappelait d’elle et il avait accepté de vivre avec son fantôme, sa présence-absence en lui ; il avait conjuré la mort par la puissance de la poésie et c’est en aimant le monde à présent, les visages de feuilles mortes, qu’il pouvait regagner la source, le foyer de l’amour. Se souvenir d’elle, c’est se souvenir qu’il avait aimé un être qui l’a ouvert au monde, c’est comme cela que la douleur se métamorphose à présent en élévation vive. Pourquoi ? Parce maintenant il voit le visage des feuilles mortes et que le monde tout entier est habité par sa présence, un désir qui ne se laisse plus contenir par le raisonnable et qui s’abandonne à l’harmonie.
Non… Malgré son malheur, il n’avait pas tout perdu, il n’a pas connu la perte terrible, la double perte.
Il continuait à marcher, l’haleine chaude. Il entendit un bruissement provenant sans doute d’un petit cours d’eau. Il décida de s’en rapprocher pour se rafraîchir.
L’onde était pure, sans autres troubles que le courant. Le ruisseau semblait vouloir métaphoriser ses pensées, il le perçu comme le premier acte poétique de sa renaissance. Une joie immense l’envahi, soudaine, intense… Mais il sentit soudain une présence diffuse, se confirmant peu à peu dans l’ombre tiède. Et son emphase s’atténua légèrement, inquiète, se préparant, par réflexe à un danger. La rose de sa joie darda ses épines, prête à en découdre.
La lune pensait à lui et il pensa à elle, très profondément, à travers les nuages brûlants, sanglants presque, qui se détachaient du ciel ténébreux. Toutes ses pensées convergèrent vers l’astre qui se reflétait dans le faible cours d’eau, et peu à peu, il sentit que lui-même se confondait avec le monde, le réfléchissant comme le cours d’eau évoquait la lune dans ses plis.
Il se produisit alors un effet étrange de déréalisation, où les choses perdaient de leur évidence pour devenir des objets de songes et d’évocations sans fins. Son regard glissa sur les ajoncs et les arbres environnant, et il eut l’impression de voir un peuple spectral massé autour de lui ; les troncs décharnés des chênes lui évoquaient des vieillards géants et les racines, des serpents ou les cheveux de Marie Madeleine.
Il y avait une respiration mystique et religieuse qui reprenait l’écho de son souffle, plus rapide, exalté par une angoisse sourde ; celle d’une âme qui délaisse ses frontières pour plonger dans des abîmes de visions perdues. Peu à peu, il fut comme à une distance immense, à des lieues du miroir qu’était en cet instant pour lui la nature. Et comme Werther qui craignait de ne pouvoir se contempler dans la nature, lui se sentait pris au piège d’un écart irréductible entre lui et l’univers : le monde devenait son propre reflet, il était piégé en lui-même, forclos dans son imaginaire. Il se sentait enterré vivant, au sein de son propre regard.
Des fantômes se mirent à danser en place des légers bancs de brume, et des femmes commencèrent à tournoyer parmi les feuilles embrasées des arbres sombres. Tout un monde d’esprit s’ouvrait pour lui, un monde d’une familiarité insupportable. Il y avait tant de songes qu’il ne pouvait plus distinguer aucun visage aimé ; des figures toutes semblables passaient devant lui, dans une infinie métamorphose.
Il se demanda. Il se demanda très profondément. Le vent souffle. Il se demanda si son amour lui-même n’était pas au fond une erreur sur la personne. La puissance érotique. La puissance érotique de son imaginaire l’effrayait. Aurait-il pu mettre au monde ce qu’il a aimé au-delà de toute raison ? Était-ce un madrigal composé à l’avance par ses frères d’ombre qui se serait révélé à l’occasion d’une rencontre ? N’était-il pas au fond un nécromant ? Qui exhume ses fantômes pour les incarner dans la chair accueillante d’une femme ?
Son trouble demeura, constant, et au milieu des valses, il vit une apparition.
Il considéra l’apparition avec angoisse, puis avec fascination. Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau de toute sa vie. C’était comme une bribe de ciel qui se détachait du font forestier avec grâce. Tout inspirait la sérénité et la joie. C’était vraiment une apparition, une intense condensation du temporel, la réunification sous la même égide de la naissance et de la mort, la forme même du sens pas encore ouvert à la réflexion.
» C’est moi " dit l’idée avec une voix de femme, sa voix à elle !
Toi ? Comment ? Pourquoi ? S’écria-t-il, perdu.
C’est moi. Reprit-elle.
Je croyais avoir l’habitude de parler aux fantôme. Dit-il d’une voix brisée.
Parce que tu n’as jamais accepté la chair, ni la mort même si tu y es très attaché au fond. Tu as voulu faire de moi une déesse, mais es-tu bien sûr de qui je suis ? Pendant tout ce temps tu garde en toi une image, une religieuse image de moi. C’est presque à croire que tu as véritablement aimé la femme que tu cherchais après ma mort. Et moi ? Égoïste ! Tu ne m’aimais pas… tu ne m’aimais pas…

De la sueur coulait sur ses tempes, la scène était vraiment surréaliste. Il pouvait sentir son cœur battre à se rompre et son front être parcouru par une rumeur glacée.

Ce n’est pas vrai ! Hurla-t-il. C’est toi qui n’a jamais voulu me donner ta réalité. C’est toi qui m’a sucé le sang pour en extraire tout l’idéal ! Tu me voulais près de toi seulement pour que je t’idéalise, que je fasse de toi un ange ! Tu es devenu un fantôme toute seule !

Il se sentait devenir fou, sa fureur augmentant car il savait bien au fond qu’elle avait raison. Il avait peur. Il sentait qu’il la perdait pour de bon, la femme aimé. Avant, la chair ; maintenant, c’est le rêve qui se décompose. Voir des promesse d’éternité, elles-mêmes rongé par la corruption, il n’y a peut-être pas plus terrible.

Il se calma.
Ce ne peut pas être un rêve à qui je parle, c’est bien toi, je le sais que c’est toi. Ta beauté irradie partout autour de toi. C’est bien ta réalité que j’aime, pas un rêve, pas un rêve. Oh non, je sais bien que je ne me ment pas à moi-même.
Si tu penses que ta pensée est bien réelle et que c’est à moi que tu parles, est-ce que tu crois aux esprits ?
Non, bien sûr que non. Il n’y avait que toi, je te jure, que toi… Il n’y avait que toi, mon amour.
Dans ce cas, regarde bien autour de toi.

Il regarda bien, il ne vit rien, et quand il retourna la tête pour le dire à l’apparition, il fut glacé d’effroi en voyant qu’elle n’était plus là.

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La fête continuait son cour au loin, il y retourna hagard, ayant vécu le comble de la perte. Les gens buvaient toujours, certains s’étaient enfin assis pour discuter plus à l’aise, et d’autres s’étaient écarté un peu plus loin pour pouvoir parler sans être entendus, ou pour conclure un baiser.
Il revint au banal, peu à peu, amer, comme l’océan, une vague, non c’est le ciel. La nuit finissait, comme en lui un voile de ténèbres se levait. Les anciennes paroles devinrent murmures, puis de faibles brises. Les grandes promesses que l’ego forgeait pour préserver l’idéal et l’honneur de la douleur, s’effondrèrent comme des édifices fragiles et branlants.
Tout en lui renaissait de plus en plus perceptiblement. Les anciennes crampes mentales, les vieux maux de ventres et de cœurs s’assouplirent. Des portes verrouillées se déverrouillaient, comme les artères soumises aux phantasmes cessèrent leurs battements douloureux.
Il pouvait sentir comme une chaleur s’épanouir dans le corps oublié, laissé pour compte, comme un obstacle, et c’est avec émotion qu’il pu ressentir à nouveaux, les horizons que promettent les sens, au moins aussi merveilleux que les plus belles idées.
Enfin. Il n’était plus cette supernova dans une boîte, il n’était plus cette étoile à effondrement de cœur qui délaisse sa substance pour s’évanouir dans l’univers. Cette perte terrible et déchirante, cette deuxième perte si crainte… il le vivait avec étonnement comme une seconde naissance, une naissance à la vérité de son désir, débarrassé de son manteau phantasmatique. Magique. Tout un monde était à reconquérir, un visage à reconstruire ; c’est une naissance à travers la création nouvelle, du désir qui lâche la bride de son coursier mort.
Il s’assit par terre pour méditer, et il était d’une joie immense, il en aurait presque pleuré de joie. C’était comme si il était passé de l’autre côté du miroir, qui cesse d’inverser son image, pour l’amener à une promesse de lui-même, symétrique avec lui-même, en harmonie avec lui-même. Le règne de l’Autre hors de lui prenait fin, et il allait pouvoir vivre, en son recueillement, une réconciliation.
Il se leva pour marcher, et il pu sentir que la nature, l’environnement entier et les étoiles, étaient à nouveau des correspondants étrangers. Il n’avait plus la sensation désagréable de marcher sur sa morte aux cheveux de bois sombres. Les conversations avec le monde allaient pouvoir reprendre, et c’est en vivant la perte plus profonde de son rêve omniprésent qu’il a pu achever son cercle de renaissance.
Il s’allongea dans l’herbe, radieux, contemplant les nuages pourpres et cramoisis par le lever d’un jour nouveau…
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Poeme de Aldébaran

Poète Aldébaran

Aldébaran a publié sur le site 55 écrits. Aldébaran est membre du site depuis l'année 2015.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Eurydicesə swaʁ la, lε vεnə bʁylε a lynisɔ̃, dɑ̃z- œ̃ vastə fø də ʒwa. lε veʁə- sɑ̃tʁəʃɔkε. lε butεjə plεnə də likœʁ sɑ̃blε sə vide a lɛ̃fini. lε siluεtə kɔlɔʁe dε kɔ̃vivə sə mεlε dɑ̃z- ynə faʁɑ̃dɔlə də tɔ̃z- e də tɛ̃tə. lə vɛ̃ ʁuʒə, ʒajisε dε ɡulo dœ̃ vεʁ sɔ̃bʁə, kɔmə dε fɔ̃tεnə də sɑ̃, sə mεlɑ̃ a la kulœʁ ɑ̃bʁe dε wiski, o blɑ̃ spεktʁal dε ʒɛ̃z- e a la tʁɑ̃spaʁɑ̃sə ʃodə dε vɔdka.
lə mɔ̃də sə ʁətʁuvε otuʁ də la tablə oz- alkɔl, o miljø dœ̃ ʒaʁdɛ̃ pεʁdy, pø ɑ̃tʁətəny, ɑ̃klo paʁ œ̃ ɡʁijaʒə febʁilə, ɡʁiɲɔte a kεlkz- ɑ̃dʁwa paʁ la ʁujə. lεz- aʁbʁə- deʃaʁne sɑ̃blε ʁəpʁɑ̃dʁə dε kulœʁz- o kɔ̃takt dε fεstivitez- e lε plɑ̃təz- ɛ̃diʒεnə sypɔʁtε sɑ̃z- œ̃ mo, lε valsə tʁepidɑ̃tə dε kɔʁz- ɑ̃nivʁe.
pεʁsɔnə nə savε bjɛ̃ sə kə lɔ̃ fεtε. il paʁεsε kə lɔ̃ fεtε lamenaʒəmɑ̃ dœ̃ ʒənə kuplə dɑ̃ sεtə ʁezidɑ̃sə də kɑ̃paɲə. puʁ otɑ̃, lə teʁɛ̃ etε ɡlokə, kɔmə abɑ̃dɔne dəpɥi tʁε lɔ̃tɑ̃z- e il tʁɑ̃spiʁε ynə εspεsə də lɑ̃ɡœʁ kɑ̃paɲaʁdə, œ̃ sεkʁε duluʁø disimyle paʁ lεz- εʁbə- fɔlə. εlləz- etε fɔlə də ɡaʁde sə sεkʁε dəpɥi si lɔ̃tɑ̃, e pɥi, pεʁsɔnə nə savε paʁle lœʁ lɑ̃ɡaʒə, alɔʁz- εllə pʁɔlifeʁε sɑ̃z- otʁə atɑ̃sjɔ̃ kə sεllə dε tɔ̃døzəz- e dε sekatœʁ.
ɔ̃n- avε ɛ̃stale kεlk ɡiʁlɑ̃də dɑ̃ lə ʒaʁdɛ̃ sə ki pʁɔdɥizε ynə lymjεʁə fεblaʁdə ɔsijɑ̃ ɑ̃tʁə lə ʒonatʁə, lə blø ɔkʁə e lə ʁuʒə delave. mε pεʁsɔnə nə puvε i pʁεte atɑ̃sjɔ̃ : tus byvε, byvε, byvε, la fεtə sɑ̃blε nə vulwaʁ ʒamε finiʁ e nə pa kɔnεtʁə də limitə. lε kɔ̃tuʁ dəvənε flus, lεz- ɛ̃kɔnys sə dekuvʁε dε kɔnivɑ̃sə syʁnatyʁεlləz- e sɑ̃lasε, la plypaʁ avε deʒa ublje puʁkwa ilz- etε la.
kɑ̃t- ɔ̃ nə sε pa sə kə lɔ̃ fεtə, ɔ̃ bwa sɑ̃ ʁətənɥ paʁsə kə lɔ̃ bwa puʁ pεʁsɔnə. lε tɔast sɔ̃t- esɑ̃sjεllmɑ̃ pɔʁtez- a nu mεmə e lε fʁɔ̃tjεʁə sɔ̃t- ɔkylte paʁ labsɑ̃sə dœ̃ mədjɔm, dœ̃n- evenəmɑ̃ a selebʁe. ɔ̃ ʁəvənε a leta də pʁezɑ̃səz- ɛ̃distɛ̃ktəz- e lotʁə vənɑ̃ a nuz- avε lapaʁɑ̃sə dœ̃ sovœʁ, sεllə dœ̃ ɡaʁɑ̃ də nɔtʁə idɑ̃tite dilye dɑ̃ livʁεsə.
fʁaɡmɑ̃ də veʁə. sjεl luʁ e vapœʁ də nɥi. ɡutə a ɡutə vεʁ tɔ̃ kœʁ ymidə. dɑ̃sə e silɑ̃sə ɑ̃ nu mεmə.

dɑ̃ la fulə dε dɑ̃sœʁ, ɔ̃ puvε ʁəmaʁke œ̃n- ɔmə etʁɑ̃ʒə ki pɔʁtε œ̃ fulaʁ ʁuʒə. il avε œ̃ vizaʒə dεɡlə e kɑ̃t- il paʁlε, il dɔnε lɛ̃pʁesjɔ̃ də fɔ̃dʁə dε simə. lɥi nə dɑ̃sε pa e paʁ ajœʁ, il paʁlε tʁε pø sə ki lɥi dɔnε lapaʁɑ̃sə dœ̃n- wazo də pʁwa o sɔmε də sɔ̃ pʁomɔ̃twaʁə. il esεjε də sapʁoʃe dε dɑ̃søzə, il vulε mɔʁdʁə lœʁz- eʃaʁpə- də ʃεʁz- e plɔ̃ʒe sa mɛ̃ dɑ̃ dε kaskadə də buklə.
lalkɔl fɔʁ avε œ̃n- efε εɡy syʁ lɥi ɑ̃ sεtə swaʁe, e il avε vitə abɑ̃dɔne sɔ̃ veʁə də kɔɲak puʁ lɥi sybstitɥe ynə bjεʁə bʁynə. il vwajε lε maʃwaʁəz- alɑ̃tuʁ klake fɔʁ, lε maksijεʁəz- ɑ̃ fyzjɔ̃ puʁ puvwaʁ paʁle malɡʁe lə bʁɥi dεz- ɑ̃sɛ̃tə.
il avε ʃwazi sə fulaʁ ʁuʒə kɔmə œ̃n- ɔmaʒə o sɑ̃, e plysz- il byvε, plysz- il ʁεvε dœ̃ sakʁifisə mεja, o sɔmε dynə piʁamidə, lə kœʁ dɑ̃ sa mɛ̃, pɔʁte vεʁ lε nɥ.
il ɑ̃vizaʒε la vi ɛ̃si, kɔmə ynə piʁamidə, dɔ̃ lakme ʁezidəʁε dɑ̃ lə sakʁifisə, lə sakʁifisə də swa puʁ nə plysz- εtʁə œ̃ lεst a la libʁə εkspɑ̃zjɔ̃ də sε fɑ̃tasmə.
il nə savε pa bjɛ̃ kɔmɑ̃ ekʁiʁə lə mɔt « fɑ̃tasmə », sil dəvε pʁefeʁe lə « f » aksɑ̃tɥɑ̃ la paʁɑ̃te avεk lə fɑ̃tomə u lə « f », ɛ̃sistɑ̃ syʁ lə kaʁaktεʁə ɡʁεk e ɑ̃sjɛ̃ də lεkspʁesjɔ̃. sə swaʁ la, il ʃwazi lə « f », kaʁ il etε œ̃ fɑ̃tomə dɑ̃ sεtə fεtə febʁilə e fatiɡɑ̃tə.
il by lɑ̃təmɑ̃. il oʁε vuly kə sεtə nɥi swa silɑ̃sjøzə e kə lε dɑ̃sœʁ swae vεtys paʁ lε ʁεjɔ̃ də la lynə, pɥi ʃɑ̃ʒe sεz- iøz- ɑ̃ skalpεl puʁ diseke lε kɔʁz- e sεziʁ lœʁ muvəmɑ̃z- ɛ̃tʁɛ̃sεk.
lɑ̃sɑ̃blə dε kɔ̃vivəz- avε dezεʁte la mεzɔ̃ puʁ sə mase dɑ̃ lə ʒaʁdɛ̃, e lɔmə o fulaʁ ʁuʒə desida də ʁɑ̃tʁe puʁ ɛ̃spεkte lε ljøz- e avwaʁ ynə kɔ̃vεʁsasjɔ̃ avεk dεz- ɔbʒεz- a defo dymɛ̃. il fʁemi œ̃ pø fasə a sa pʁɔpʁə mizɑ̃tʁɔpi, il vulε ekʁaze œ̃ kalisə e leʃe lε djamɑ̃z- ɛ̃kʁyste dɑ̃ lɔʁ də la kupə, i dilɥe dε koʃəmaʁz- ɔ̃ktɥø puʁ lεz- ɑ̃ɡlutiʁ kyl sεk… il laʃa sɔ̃ ɡɔbəlε dɑ̃ lεʁbə e penetʁa dɑ̃ la dəməʁə.
la mεzɔ̃ lakœji kɔmə ynə ɔɡʁεsə, il puvε sɑ̃tiʁ sε lɔ̃ɡ kaninəz- efile dɑ̃ sa nykə.
lə plafɔ̃ də bwa bʁœ̃ lɥi ʒəta sa melɑ̃kɔli o vizaʒə, vjɔlamɑ̃, kɔmə ynə ʒiflə kɔ̃ dɔnə o tʁεtʁə, kɔmə œ̃ bεze kə lɔ̃ dɔnə kɑ̃t- ɔ̃n- εmə plys. œ̃n- amuʁ pɥisɑ̃, desy, tʁɔ̃pe emanε də sε ljø, mɔ̃tε dɑ̃ la kaʒə tɔʁasikə, ɑ̃vai a pʁezɑ̃ paʁ lε tεʁmitə dy sɑ̃timɑ̃.
syʁ lε myʁ, il i avε œ̃ papje pɛ̃ ʒonatʁə. səlɥi kə lɔ̃ vwa dɑ̃ lεz- opitoz- e ki nu dezεspεʁə kaʁ il ε lə ʁəflε də nɔtʁə mal. il ε ʒonə kɔmə la bilə, ʒonə kɔmə la maladi, ʒonə kɔmə lε pʁynεllə dœ̃ ʃa ki aɡɔnizə.
lɔmə o fulaʁ ʁuʒə fy emy. sε sybitəz- apaʁisjɔ̃, sε suvəniʁ dε klwazɔ̃z- ɛ̃fliʒe, lε mεzɔ̃ tʁistə, ʁəvɛ̃ʁe a lɥi puʁ dɑ̃se nɥ. sɑ̃ dutə sεt ɛ̃teʁjœʁ etε sɔʁdidə e tʁistə. ɔ̃ puvε ɑ̃tɑ̃dʁə la myzikə o dəɔʁz- e lε basə fəzε leʒεʁəmɑ̃ bʁɥiʁə la pusjεʁə syʁ lε məblə sɔ̃bʁə. il maʁʃa. sε pa fiʁe ɡʁɛ̃se lə paʁkε, œ̃ ɡʁɛ̃səmɑ̃ saʁkastikə. dəvɑ̃ lɥi il i avε œ̃n- εskalje də bwa mɔ̃tɑ̃ dɑ̃ lεz- otœʁ sɔ̃bʁə. il lɑ̃pʁœ̃ta a pa də lu, kɔmə ʃase paʁ œ̃ tʁapœʁ ɛ̃viziblə, tut- ɑ̃ buskylɑ̃ paʁ ɛ̃stɑ̃ kεlk vjø livʁəz- ɑ̃pilez- a la va vitə.
lə pʁəmje etaʒə navε pa bəzwɛ̃ kɔ̃n- alymə la lymjεʁə, il etε bo kɔmə sa nwaʁsœʁ e lɔmə o fulaʁ ʁuʒə navε pa bəzwɛ̃ kɔ̃ lə ɡidə, lε tenεbʁə- lɥi syfizε ɑ̃pləmɑ̃.
il lɥi sɑ̃bla ɑ̃tɑ̃dʁə œ̃ lwɛ̃tɛ̃ myʁmyʁə œ̃ pø plys lwɛ̃. il sə diʁiʒa vεʁ la suʁsə sonoʁə e apεʁsy, dɑ̃z- ynə ʃɑ̃bʁə, eklεʁe paʁ la lynə, œ̃ vjø vɔlε ʁuje ki ʒuε sa sɛ̃fɔni. il sasi syʁ lə plɑ̃ʃe ɑ̃ tajœʁ e il sə mit a ekute. il lɥi sɑ̃blε kə la mεzɔ̃ ʁεspiʁε, ynə ʁεspiʁasjɔ̃ suʁdə e difisilə, pʁεskə sɑ̃ɡlɔtɑ̃tə. lε suvəniʁ lasajiʁe…

« il etε minɥi. dɑ̃ lε dʁa ʁuʒəz- e nwaʁ dɔʁmε kεlkœ̃ ki ʁəsɑ̃blε a œ̃n- ɑ̃ʒə. mɔ̃n- ɑ̃ʒə ty nε pa vʁε, ty ε teʁibləmɑ̃ fo, ʒεməʁεz- ɑ̃fɔ̃se dε kɔʁnə- dɑ̃ tɔ̃ fʁɔ̃. ʒetε vəny ɛ̃plɔʁe tɔ̃ paʁdɔ̃, mə ʁəpɑ̃tiʁ davwaʁ kʁy ɑ̃ twa. ʒə tε dəmɑ̃de lɑ̃fe ty ɑ̃tɑ̃ ? e twa, ty pεʁsistε a pʁɔmεtʁə œ̃ paʁadi ki nekʁozə lə kœʁ. ʒə mə suvjɛ̃ də tε dʁa, pɥisamɑ̃. pɥisamɑ̃. a tε pje ʒε depoze ma kʁwajɑ̃sə, ty la pʁizə sɑ̃ ʁətuʁ.
ɑ̃ paʁtɑ̃, ʒə ʒuε də laʁmɔnika. ʒə nε ʒamεz- y daʁmɔnika, ʒə fəzε sɑ̃blɑ̃, kɔmə twa ty fəzε sɑ̃blɑ̃ də mεme. tε mɛ̃z- etε dε misεl, paʁ lekεl ʒə sɥi dəvəny mistikə, paʁ lekεl ʒε kɔmɑ̃se a ale a la mεsə də tε sɛ̃.
il etε midi. a tɔ̃ balkɔ̃, ty ʁəɡaʁdε lə mɔ̃də avεk-otœʁ, ty nə lə kʁεɲε pa, ty etε syʁə dεtʁə imɔʁtεllə, sε puʁkwa tu fletʁisε otuʁ də twa. ʒε esεje də mə mεtʁə a lœʁ də letεʁnite…
paʁ pitje nə mə ʁamεnə pa o banal, ʒə vø ʁεste o ɡɔlɡɔta pʁesjø, mɔ̃n- ɑ̃ʒə. vjɛ̃ bwaʁə lo ki sekulə a la suʁsə də mε plε. vjɛ̃ ɡlane lε ʁozə də ma kuʁɔnə depinə. a a. ty vwa, mɛ̃tənɑ̃, ʒə nə maʁʃə plysz- akɔ̃paɲe, ʒə nə sɥi plys lakɔlitə o paʁaplɥi ki takɔ̃paɲεz- a la stasjɔ̃ də bys, ʒə neplyʃə mεmə plys dε pɔmə, ʒə nə sɔʁ plys dusəmɑ̃ də ta ʃɑ̃bʁə. ty ma fε liʁə lə livʁə dεz- ɑ̃ʒə, lə livʁə dε mɔʁ, mɛ̃tənɑ̃ ʒə sɥi suje e ɛ̃pi. bjɛ̃vənɥ o saba nwaʁ. lεz- iø sə fεʁme. il etε midi, il etε lə swaʁ, il etε lə matɛ̃, il etε. ʒamε la. tɔ̃n- amuʁ.
pɥi lε paʒə sə sɔ̃ ʁəfεʁme e il ni avε pa də nymeʁo də tiʁaʒə syʁ la dεʁnjεʁə fœjə. ty ma pʁezɑ̃te oz- edisjɔ̃ dy neɑ̃ e ʒε sese di εtʁə pyblje. »

il sə ʁələva e sɔʁti bʁytaləmɑ̃ də sε sɔ̃ʒəʁi dœ̃ pase duluʁø. il vulε mɔ̃te plys-o, o sɔmε də sεtə katedʁalə sɔ̃bʁə, lwɛ̃ də la fεtə u il navε pa la plasə dy ʁwa. lə vɔlε də la ʃɑ̃bʁə kɔ̃tinɥε də klake avεk la mεmə lɑ̃ɡœʁ su la bʁizə misteʁjøzə dynə nɥi sɑ̃z- etwalə. a sə mɔmɑ̃ la, il nə savε pa bjɛ̃ si lə sjεl etε efεktivəmɑ̃ vidə, u si sa melɑ̃kɔli avε poze œ̃ vwalə də batizə dəvɑ̃ sεz- iø.
il kita la pjεsə puʁ ʁəɡaɲe lə kulwaʁ, plys lwɛ̃, œ̃ vjεj εskalje ɛ̃dikε œ̃ ɡʁənje, sεtə pεʁspεktivə daltitydə lə sedɥi e il sə desida a i mɔ̃te.
lasɑ̃sjɔ̃ fy peniblə, lε maʁʃəz- esufle kʁakε su sε pa e ynə ɔdœʁ də mwazi emanε dy vjø papje pɛ̃, dε vjεjə babjɔlə ki tʁεnε sa e la lə lɔ̃ dε maʁʃə. ʃakə ɔbʒε sɑ̃blε detəniʁ œ̃n- ɑ̃sjɛ̃ sεkʁε, ilz- etε tus dεz- apεl nɔstalʒikz- o suvəniʁ dɑ̃fɑ̃sə. dε pəti livʁə- ʒoni paʁ lə tɑ̃ lɥi ʁapəlε lε kɔ̃tə kil εmε liʁə səl ʃe sa ɡʁɑ̃ mεʁə. ɔ ! il avε boku ly, il sə ʁapəlε syʁtu dεz- avɑ̃tyʁə də ʁənaʁ lə ɡupil, il sə suvɛ̃ kil εmε la dezɛ̃vɔltyʁə pʁεskə kʁyεllə də sə pεʁsɔnaʒə, mε ki netε ɑ̃ ʁealite kə lεkspʁesjɔ̃ sɛ̃sεʁə dε deziʁ, kə lɔ̃ fini paʁ ʒyʒe ɔdjøz- avεk lə tɑ̃.
il fini paʁ aʁive dɑ̃ lə ɡʁənje. la pjεsə etε ɑ̃vai paʁ la bʁymə paʁtikyljεʁə kə lɔ̃ ʁətʁuvə dɑ̃ lε ljøz- abɑ̃dɔne dəpɥi lɔ̃tɑ̃. il ni avε ʁjɛ̃ də bjɛ̃ ɛ̃teʁesɑ̃, a paʁ kεlk vjø mask venisjɛ̃ kʁakəlez- e dotʁə- suvəniʁ də vwajaʒə.
il skʁyta bjɛ̃ lɔpskyʁite, mε la pjεsə ʁεstε dezεspeʁemɑ̃ vidə, sɑ̃z- okœ̃ apεl də tenεbʁə, ni mεmə, lə pʁezaʒə dœ̃ tɑ̃ dɑ̃ ləkεl ɔ̃n- oʁε py sidɑ̃tifje. ty sε ? lεz- otʁə- mɔ̃də dɑ̃ lekεlz- ɔ̃ sə ʁefyʒi paʁfwa, e dɑ̃ lekεl lɔdœʁ dy pase aʒi kɔmə œ̃ bomə syʁ no kœʁ.
tut- isi etε εʁmetikə, fεʁme, e sə ɡʁənje nə ʃεʁʃε nylmɑ̃ œ̃n- initje, il vulε la pε e puʁ səla, il setε vεty də pusjεʁə.
lə ʒənə ɔmə a leʃaʁpə ʁuʒə, malɡʁe linimitje dy ɡʁənje, vuly tu də mεmə puʁsɥivʁə lɛ̃vεstiɡasjɔ̃, e il savɑ̃sa œ̃ pø plys dɑ̃ lɔpskyʁite, a tatɔ̃. la myzikə dy dəɔʁz- etε mɛ̃tənɑ̃ a pεnə pεʁsεptiblə, εllə fəzε lefε dœ̃ ʁεvə lwɛ̃tɛ̃, kɔmə lə ʁεvə də la vi kɑ̃tɑ̃de lεz- ɔ̃bʁə- pεʁdɥ dɑ̃ lε lɛ̃bə.
il nεmε pa sə ɡʁənje, il etε malvεjɑ̃, pʁε a pʁepaʁe kεlkə movε ku, plysz- il avɑ̃sε e plys lə paʁkε vεʁmuly sɑ̃blε ʁikane su sε pa. lə vɑ̃ sɑ̃ɡufʁε paʁmi lε tɥiləz- ɑ̃n- ylylɑ̃, kɔmə ɑ̃ matjεʁə davεʁtisəmɑ̃. nɔ̃, desidemɑ̃, sə ɡʁənje, il nə lεmε pa dy tu. il sə mit a ʁəsɑ̃tiʁ də la pœʁ, u plyto ynə ɑ̃ɡwasə ɛ̃definisablə, kεlkə ʃozə də movε, tapi dɑ̃ lɔ̃bʁə latɑ̃dε puʁ lə sεziʁ paʁ syʁpʁizə. il sə ʁətuʁna bʁyskəmɑ̃, pɑ̃sɑ̃ avwaʁ pεʁsy ynə pʁezɑ̃sə, mε dəʁjεʁə lɥi, il ni avε ʁjɛ̃ dotʁə kynə ɔ̃bʁə tʁavεʁse paʁ œ̃ ʁεjɔ̃ də lynə ki setε fʁεje œ̃ pasaʒə dɑ̃ la twatyʁə abime.
il sɑ̃ti pø a pø kə sε fɔʁsəz- etε absɔʁbe paʁ ynə pɥisɑ̃sə etʁɑ̃ʒə, e ynə lasitydə malsεnə lɑ̃vai lɑ̃təmɑ̃, iʁemedjabləmɑ̃. « ʒε tʁo pɑ̃se oz- amuʁ pase, ʒε tʁo ɡlɔʁifje dε fɑ̃tomə, lə tut- avεk kɔ̃plεzɑ̃sə ɑ̃ plys ! mɛ̃tənɑ̃ il vjεne mə ʃεʁʃe, il vɔ̃ mə dəmɑ̃de dε kɔ̃tə… e kə ʁepɔ̃dʁε ʒə ? ʒə nε pa ɑ̃kɔʁə asez- εɡziste puʁ sεziʁ də la vʁε ʃεʁ, puʁ sεziʁ də la vʁε pasjɔ̃. il i a tεllmɑ̃ də vidə isi. »
ynə ɔdœʁ atʁɔsə də puʁʁityʁə latεɲi, si atʁɔsə kil ɑ̃n- y œ̃-o lə kœʁ e il nə pyt ʁətəniʁ œ̃ ʒemisəmɑ̃. sɔ̃ kɔʁ sɑ̃flama dɑ̃ɡwasə kɔmə vɛ̃ky paʁ ynə mɔʁ iminɑ̃tə, ladʁenalinə lɥi bʁylε lε vεnə… mεz- inεksɔʁabləmɑ̃, il kɔ̃tinɥa a maʁʃe kɔmə si il vulε vɛ̃kʁə sa teʁœʁ paʁ lεksε, lεksε də sɑ̃sasjɔ̃ pø paʁfwaz- aʒiʁ kɔmə œ̃n- ɑ̃talʒikə.
« sε la vɑ̃ʒɑ̃sə də tu mε mɔʁ, sε ʒɑ̃ kə ʒε kɔny e okεl ʒε ʁəfyze mɔ̃ vεʁbə vʁε puʁ lœʁ ɔfʁiʁ lə mɑ̃sɔ̃ʒə də mɔ̃ deziʁ. il vjεne mə pʁɑ̃dʁə, il vjεne mote tutə εspeʁɑ̃sə. » paʁtiʁ ? puʁkwa ? mɛ̃tənɑ̃, il ni a plys lə ʃwa. il vivε sεtə teʁœʁ kɔmə ynə epʁəvə, e paʁalεləmɑ̃ a sɔ̃n- ɑ̃ɡwasə, œ̃n- imɑ̃sə ɔʁɡœj lə pusε a avɑ̃se ɑ̃kɔʁə, vεʁ la suʁsə də la pœʁ, ynə damnasjɔ̃ ɛ̃viziblə.

damnasjɔ̃ ε mɔ̃ mo pʁefeʁe. dokœ̃z- imaʒine dɑ̃ble dε demɔ̃ kʁyεlz- e ynə lɔ̃ɡ tɔʁtyʁə vεʁ laneɑ̃tisəmɑ̃. sə nε pa vʁε. œ̃ damne bʁylə dɑ̃ lε flamə, ʁəse ɛ̃tɑ̃semɑ̃ sɔ̃ bʁazje tut- ɑ̃ pɔʁtɑ̃ la maʁkə dœ̃ ʒyʒəmɑ̃ plys-o kə səlɥi dεz- ɔmə. ʒε ete damne, ɔ̃ ma dɔne ynə diʁεksjɔ̃, ui, e ʒε vuly lεz- ɑ̃bʁase tutə, sɑ̃ limitə puʁ epʁuve ma flamə e sε vɔlytə ki vjεne tise o bɔʁ dεz- iø dε ʁεvə ɡʁi, uvεʁz- a dε kɔ̃ʒεktyʁəz- ɛ̃fini. damne, sε vivʁə a kɔ̃tʁə sjεl, a kɔ̃tʁə ʒuʁ. nu nə sɔmə pa avøɡlə, nu sɔmə fasə o sɔlεj, e noz- iø bʁyle a tʁavεʁ lə defi ʒəte a la veʁite. tu səla, sε mɔ̃ fɑ̃tasmə də la sɑ̃dʁə, e ʒepʁuvə œ̃ plεziʁ naʁsisikə a ɑ̃vizaʒe mɔ̃ ʃatime etεʁnεl, mε puʁvy kə ʒaksεdə a la veʁite də mɔ̃ deziʁ !

il avɑ̃sε dɑ̃ lɔ̃bʁə ki εɡzalε œ̃ duluʁø paʁfœ̃, səlɥi dynə esɑ̃sə distije a lalɑ̃bik dε melɑ̃kɔli. il avɑ̃sε dɑ̃ lɔ̃bʁə. ɑ̃kɔʁə. lə paʁkε ʁikanε tuʒuʁ. il ni avε pa œ̃ səl suʁiʁə puʁ demistifje lε ɡʁimasə dε plɑ̃ʃə mal ʒwɛ̃tə. e la, il la vit.
dɑ̃ lε tenεbʁə, pʁε dy myʁ, œ̃ kɔʁ dʁape dœ̃ lɛ̃səl ʒizε syʁ lə sɔl. dε taʃə puʁpʁə- fləʁisε syʁ lə tisy palə, kɔmə dε ʁozə dɑ̃z- œ̃ ʒaʁdɛ̃ divεʁ. lə fʁwa paʁkuʁy sε vεnə, tεl œ̃ lɔ̃ bεze, lə mεmə kə lɔ̃ pozə syʁ lε lεvʁəz- εme, defœ̃tə, puʁ ɑ̃ kœjiʁ lamə.
il sə suvɛ̃ də tu. dε pεʁlə- də sɑ̃ syʁ sɔ̃ ku də siɲə, vənɑ̃ sə mεle o buklə kalsine də sε ʃəvø. εllə sεt- etɛ̃tə dɑ̃ lεʁbə pɑ̃dɑ̃ kil lɥi kaʁesε lε ʃəvø. plys lwɛ̃, la vwatyʁə bʁize paʁ lə ʃɔk ʁəkʁaʃε sa bilə dɑ̃ lə fɔse, aɡɔnizɑ̃tə.
il lavε pʁi dɑ̃ sε bʁaz- avεk dusœʁ, puʁ la mεtʁə a labʁi, la mɔʁ apozε sɔ̃ vwalə də maʁbʁə syʁ sɔ̃ vizaʒə a məzyʁə kεllə ʁəɡaɲε lə sjεl, səpɑ̃dɑ̃ kə lɥi ɡutε puʁ la pʁəmjεʁə fwaz- o delisə də lɑ̃fe.
ilz- etε pεʁdys dɑ̃ la kɑ̃paɲə, il ni avε okœ̃ siɲal, okœ̃ mwajɛ̃ dapəle a lεdə. il nə puvε pa la sove, mεmə pa paʁ dε laʁmə, u paʁ dε syplik. tutə sε paʁɔlə damuʁ sə ʃɑ̃ʒε ɑ̃n- ɔʁεzɔ̃, e lɔ̃bʁə dy ʃεnə pozε ynə vwalεtə syʁ sεz- iø bʁœ̃, puʁ anɔ̃se lε pʁoʃɛ̃ ʒuʁ də dəj.
nɔ̃ il ni avε pa y də laʁmə. il savε kil iʁε ʒyskɑ̃n- ɑ̃fe puʁ fεʁə vivʁə sɔ̃ suvəniʁ. il nə la pεʁdʁa kynə fwa, lə suvəniʁ ʁεstəʁa tuʒuʁ, o detuʁ də ʃakə batəmɑ̃ dy kœʁ.
sikatʁisə.
il sə ʁapʁoʃa dy kɔʁ, ɑ̃ silɑ̃sə, kɔmə ɔ̃n- eplyʃə ynə pɔmə lə swaʁ, lə matɛ̃, la ʒuʁne. il sə ʁapʁoʃa, dœ̃ silɑ̃sə teʁiblə, kɔmə lɔ̃ dekuvʁə kə lɔ̃n- a plys də suvəniʁ ʁeεl dε pʁəmjεʁə ʒwa.
il sεzi la ɡazə blɑ̃ʃə puʁ la dekuvʁiʁ, mεz- œ̃ pʁəsɑ̃time vɛ̃ letʁɛ̃dʁə, lavεʁtisɑ̃ kə sεtə dekuvεʁtə səʁε la səɡɔ̃də pεʁtə, boku plys fatalə, də lamuʁ.
mεz- etε sə vʁεmɑ̃ εllə ? sεtə mεzɔ̃ etʁɑ̃ʒə, abite paʁ ynə tʁupə də teatʁə dəpɥi mɛ̃tənɑ̃ œ̃n- ɑ̃ puvε bjɛ̃ ɡaʁde kεlk kɔstyməz- e otʁəz- aʁtifisə senik. də tutə fasɔ̃, il nə vulε pa lə savwaʁ, il avε bjɛ̃ sɔ̃de sɔ̃n- amə e il avε atɛ̃ labimə, səla syfizε. ɡaʁde dy deziʁ puʁ labsɑ̃tə, fεʁə seʒuʁne labsɑ̃sə dɑ̃ la pʁezɑ̃sə e dɑ̃se la valsə, pεʁdʁə lεtʁə εme, sε ʁənɔ̃se a la ʁealite, vjεne alɔʁ lə ʁεɲə də lɛ̃tʁɔspεksjɔ̃ e dε ʁəkʁeasjɔ̃.
il sɔʁti pʁesipitamɑ̃ dy ɡʁənje, sɑ̃ sə ʁətuʁne, avεk la pœʁ suʁdə də vwaʁ sɔ̃ vizaʒə. kɑ̃t- εllə etε paʁti, il avε deʒa ɑ̃ʒelize sɔ̃ vizaʒə, il ɑ̃n- avε deʒa fε œ̃n- ynive, il na ʒamε vy sɔ̃ vizaʒə də mɔʁ, sa dispaʁisjɔ̃ fy ynə səɡɔ̃də nεsɑ̃sə, kaʁ la dulœʁ a lə puvwaʁ dɑ̃ʒɑ̃dʁe, də mεmə kə lεz- amɑ̃z- ɔ̃ dεz- ɑ̃fɑ̃z- avɑ̃ mεmə də lε kɔ̃səvwaʁ vʁεmɑ̃.
il sɔʁti də la mεzɔ̃, la fεtə dyʁε tuʒuʁz- e lə bʁɥi dε butεjə də veʁə vənε matʁake sε tɛ̃pɑ̃. il fila ʒyska la tablə puʁ ʁekypeʁe la fɛ̃ dœ̃ buʁbɔ̃ bɔ̃ maʁʃe kil ɑ̃fila dynə tʁεtə. la lavə vɛ̃ diʁεktəmɑ̃, sɑ̃ kɔ̃sesjɔ̃ dɑ̃ sε kavεʁnə- devaste paʁ lε ku də ɡʁizu, il avε by kaʃ o devεʁswaʁ dy vɔlkɑ̃…

« puʁkwa ty ʁəɡaʁdə- la lynə ? dəmɑ̃dε tεllə. ilz- etε asiz- a la fənεtʁə dynə mεzɔ̃ də kɑ̃paɲə, lε kaʁoz- etε ɑ̃bye paʁ lə fʁwa e la lymjεʁə blafaʁdə də la planεtə lεsε vwaʁ lεz- ɑ̃sjεnə tʁasə də dwa, lε kaʁesə syʁ dy veʁə. œ̃ falεnə tuʁnwajε otuʁ dynə lɑ̃pə də ʃəvε, ʁəkuvεʁtə dœ̃n- aba ʒuʁ vεʁ.
paʁsə kεllə mə dɔnə œ̃ silɑ̃sə amikal. ʒεmə boku lə silɑ̃sə.
il paʁε kə sε kɑ̃ dø pεʁsɔnəz- aksεpte də ʁεste silɑ̃sjøzəz- ɑ̃sɑ̃blə kεllə sapʁesje vʁεmɑ̃. ty nεmə pa kɑ̃ ʒə tə paʁlə ?
si… bjɛ̃ syʁ kə si. ty a ynə vwa silɑ̃sə. sə nε pa kə ʒεmə kɑ̃ lε ʒɑ̃ sə tεze, mε kɑ̃t- il paʁle, il sə susje pø də kɔ̃vεʁse, ɑ̃ ʒeneʁal il bavaʁde e sa menεʁvə. sa kʁe dεz- ɛ̃tεʁfeʁɑ̃sə, e mwa, ʒə nə pʁɔfitə plys də la lynə, ni dεz- aʁbʁə, ni dy kadʁə ɑ̃ bwa də la fənεtʁə.
εllə sə ləva e pʁi sa tεtə puʁ lɥi kaʁese lε ʃəvø, sε lεvʁə- fɔʁmε tuʒuʁz- ynə sɔʁtə də pəti pliz- œ̃ pø suʁnwa kil εmε bjɛ̃, kaʁ il lɥi adʁesε kɔmə œ̃ defi : lə defi dy bεze ki ʁamεnə o seʁjø.
ilz- avε fε ɛ̃fyze ynə tizanə də vεʁvεnə e la vapœʁ mɔ̃tε ʒysko plafɔ̃t- ɑ̃ vɔlytə tʁɑ̃spaʁɑ̃tə, ki evɔkε kɔmə dε vizaʒə paʁfyme, ɛ̃vɔke paʁ lɛ̃fyzjɔ̃ dε plɑ̃tə. la ʃɑ̃bʁəz- etε tapise də dʁapəʁi kɔlɔʁez- evɔkɑ̃ dε mɔtif pʁekɔlɔ̃bjɛ̃z- e ɛ̃dus, də pətitə fiɡyʁinəz- ɑ̃ bwa ʁəpʁezɑ̃tε ɡanεʃ, ʃiva, buda e dotʁə- fiɡyʁəz- ɔʁjɛ̃talə ki dɔnε lɛ̃pʁesjɔ̃ də ʁəpoze lasivəmɑ̃ ʃez- ynə bεjadεʁə. də ɡʁɑ̃də tɑ̃tyʁə pɔʁtε dε mɑ̃dalaz- e dotʁə- sɛ̃bɔlə dɔ̃ lyzaʒə nə sεʁ plysz- a pʁezɑ̃ ka evɔke dεz- eta də bjɛ̃ εtʁə, ɔkyltɑ̃ ɛ̃si lœʁ siɲifikasjɔ̃ pʁəmjεʁə, plys pʁɔfɔ̃dəz- e mwɛ̃ najvə.
» sεtə ʃɑ̃bʁə ε la definisjɔ̃ dy paʁadiz- aʁtifisjəl « pɑ̃sa til. ɔ, nɔ̃ pa œ̃n- aʁtifisə duluʁøz- e vylɡεʁə, mε si ʃaʁmɑ̃, si ʃaʁmɑ̃… εllə setε ʁəkɔ̃stʁɥi œ̃ paʁadi, u tu sə ki lɑ̃tuʁə dəvjɛ̃ œ̃ pɑ̃sə bεtə o bɔnœʁ. tu sa, sεt- œ̃ mɑ̃sɔ̃ʒə si ʃaʁmɑ̃, œ̃ mɑ̃sɔ̃ʒə bjɛ̃fəzɑ̃, ɡʁizɑ̃, tʁε du.
εllə sə mi syʁ lə vɑ̃tʁə dɑ̃ lε dʁa də satɛ̃ ɔkʁə e sεzi sɔ̃ nesesεʁə a taba puʁ ʁule œ̃ ʒwɛ̃. lɥi la ʁəɡaʁdε avεk bɔnœʁ, sə ʒεstə vənε puʁ lɥi kɔmə lɛ̃tʁyzjɔ̃ dœ̃n- elemɑ̃ tʁivjal ki nə vənε kə kɔ̃fiʁme laspε paʁadizjakə də sɔ̃ ʁəfyʒə.
» ty lə vø du, u plys ʃaʁʒe ? « dəmɑ̃da tεllə dynə vwa œ̃ pø etɛ̃tə. εllə paʁlε kɔmə œ̃ bʁikε kə lɔ̃n- a dy mal a alyme e kɑ̃t- il ɑ̃tɑ̃dε sa vwa, il etε sulaʒe paʁ la pʁezɑ̃sə dynə flamə, alɔʁ kil pɑ̃sε kə la pʁesedɑ̃tə səʁε la dεʁnjεʁə.
ty mεmə ?
puʁkwa ty mə pozə la kεstjɔ̃ ?
ʒε bəzwɛ̃ də lə savwaʁ. ʒεmə lə silɑ̃sə, kɑ̃t- il sə tε e kə ʒε lɛ̃pʁesjɔ̃ kil mekutə. mε la paʁɔlə, sε tutə ma vi la paʁɔlə.
εllə sasɔ̃bʁi e maʁka ynə pozə.
ʒə tεmə, mε ʒə nə sɥi pa amuʁøzə də twa.
kε sə kə sa vø diʁə ? kɔmɑ̃ pø ty mεme si ty nε pa amuʁøzə ?
εllə sɑ̃puʁpʁa œ̃ pø e ʁepɔ̃di dœ̃n- εʁ œ̃ pø aɡase,
ty ε vʁεmɑ̃ ɡʁɑ̃dilɔke. puʁkwa vuz- avez- ɑ̃ pεʁmanɑ̃sə bəzwɛ̃ kɔ̃ vu ʁasyʁə ? mwa, ʒə napaʁtjɛ̃z- a pεʁsɔnə e ʒə nə mə sumεtʁεz- a pεʁsɔnə. ʒə nə sɥi pa amuʁøzə paʁsə kil ni a pa də fatalite, sa nə mε pa tɔ̃be dəsy, sε ʒystə du, sε ʒystə bɔ̃ dεtʁə avεk twa, sε puʁ sa kə ʒə tεmə. kɑ̃ ʒə tɔ̃bə amuʁøzə sε plys fɔʁ kə mwa, ʒə sɥi vɛ̃kɥ paʁ lotʁə.
ɔ̃ diʁε kεtʁə amuʁøzə puʁ twa sεt- ynə sufʁɑ̃sə. ɑ̃ kwa ʁəkɔnεtʁə sɔ̃n- ataʃəmɑ̃ a kεlkœ̃ səʁε ynə sumisjɔ̃ ? e puʁkwa vulwaʁ εtʁə fidεlə, paʁ εɡzɑ̃plə…
puʁkwa fidεlə paʁ εɡzɑ̃plə ? ʁepɔ̃di tεllə œ̃ pø vεkse.
kε sə ki mə di, si ty mεmə ʒystə paʁsə kə sε du, kə ty nεmə pa dotʁə- ɔmə ? si ɔ̃n- εmə ʒystə la dusœʁ, ɔ̃ pø sə ʁɑ̃pliʁ œ̃-aʁεm !
sεtə diskysjɔ̃ mə fatiɡ… bʁizɔ̃ la ty vø ?
də tutə fasɔ̃ sε bjɛ̃ a la mɔdə e bjɛ̃ kɔmɔdə sa, lamuʁ, sε fʁɑ̃ʃəmɑ̃ dəvəny ynə ɡʁɔsə blaɡ ! ʃakœ̃ ɛ̃vɑ̃tə sa pətitə teɔʁi puʁ ʒuiʁ sɑ̃z- ɑ̃tʁavə ɑ̃ pasɑ̃ puʁ œ̃n- ɛ̃tεllεktɥεl emɑ̃sipe. mɛ̃tənɑ̃ ɔ̃ kɔ̃fɔ̃ mεmə lə badinaʒə e la pasjɔ̃… mε bɔ̃ sɑ̃ ! sε mɔʁtεl ! mwa ʒə tεmə, ʒə sɥi fu də twa. puʁkwa nə pa lə ʁəkɔnεtʁə ? ʒə nε pa pœʁ, ʒə nə mə sumε pa. ʒə sɥi libʁə, plys libʁə kə ʒamε. ʒə nε ʒamεz- ete osi libʁə kə dəpɥi kə ʒə sε kə ʒə pø dɔne mɔ̃ kœʁ. tu sε fʁilø mə fɔ̃ də la pεnə. sə nε pa dɑ̃ mε pʁɔʒε də vivʁə a mwatje, vivʁə a la bɑ̃ljø də mwa mεmə, u mεtʁə mɔ̃ kœʁ a la kɔ̃siɲə puʁ vwajaʒe leʒe.
œ̃ silɑ̃sə sə fi.
bɔ̃, ty lə vø kɔmɑ̃ alɔʁ ? εllə setε kalme e lɥi osi, sε lεvʁə- ʁəpʁiʁe lœʁ pəti pliz- œ̃ pø suʁnwa. il esεja də lɑ̃bʁase mεz- εllə detuʁna la tεtə.
atɑ̃.
ʃaʁʒe, ʒə lə vø ʃaʁʒe. fini til paʁ diʁə, abaty.
sə swaʁ, mεmə dɑ̃ sɔ̃ paʁadi, il oʁε vuly εtʁə ajœʁ, il oʁε vuly ynə etwalə dy ʃao.
dø paʁɔlə sεmε, mε dø paʁɔlə ki nə puvε pa sə kɔ̃pʁɑ̃dʁə.

il selwaɲa, ivʁə, vεʁ lə pəti su bwa ki setɑ̃dε a pʁɔksimite dy ʒaʁdɛ̃, dɑ̃ tutə sa splɑ̃dœʁ sɔ̃bʁə. il vwajε lεz- etwalə sə dyplike dɑ̃ lə sjεl, ɑ̃n- œ̃ ɡlisəmɑ̃ flu. lε kɔ̃stεllasjɔ̃ sə ʁepetε, sə myltipljε puʁ finaləmɑ̃ dispaʁεtʁə dɑ̃ la kɔ̃fyzjɔ̃. il titybε ɑ̃tʁə lε bʁɑ̃ʃaʒə ki lɥi ɡʁifε paʁfwa lə vizaʒə, e sε pa fəzε kʁake dε bʁɛ̃dijə seʃe syʁ dε li də fœjəz- ɑ̃ dekɔ̃pozisjɔ̃.
il avε lɛ̃pʁesjɔ̃ də maʁʃe syʁ εllə, kɔmə si la teʁə avε εɡzyme sε ʁεstə də defœ̃tə puʁ lɥi akɔʁde ynə ʁəvɑ̃ʃə naʁsisikə, tut- ɑ̃ lɥi ɛ̃pozɑ̃ lə vjɔlɑ̃ ʁapεl də tɔ̃bə puʁ tu lεz- εtʁə- vivɑ̃. ynə sɔʁtə də veneʁasjɔ̃ lɑ̃pli, il oʁε vuly flɔte tu dusəmɑ̃ o dəsy dy sɔl puʁ nə pa akable sɔ̃ vizaʒə də fœjə mɔʁtəz- avεk sε pa maladʁwa. lə sɔl kʁakε kɑ̃ mεmə. il maʁʃε kɑ̃ mεmə. la vi kɔ̃tinɥ, alɔʁ mεmə kə lɔ̃ fulə no mɔʁ.
la pʁezɑ̃sə dεz- aʁbʁə- lɥi fi dy bjɛ̃ e lεʁ fʁε də la nɥi avɑ̃se ʁaseʁena sɔ̃n- amə, la lymjεʁə də la lynə tʁavεʁsε lε simə nwaʁə djapʁe də ʁəflε vεʁ sɔ̃bʁə.
il vulε ublje, mε pa o sɑ̃sz- ɔʁdinεʁə. il etε sələmɑ̃ fatiɡe dy kɔ̃ba, fatiɡe dεtʁə œ̃n- ɔmə-ɑ̃te, fatiɡe də vivʁə dynə maʁʃə εkspjatwaʁə. il ɑ̃n- etε pʁεskə a ʒyʒe kə səla syfizε, kil setε syfizamɑ̃ fε pεje. o fɔ̃, la piʁə dε pεʁtə, nε sə pa ynə dublə pεʁtə ? sεʁtɛ̃ sə ʁefyʒje dɑ̃ lεʁmetismə, la fɔʁklyzjɔ̃, il vwae lubli kɔmə laneɑ̃tisəmɑ̃ dy suvəniʁ. sə nε pa vʁε. səla, il ɑ̃n- etε syʁ. lɥi sə ʁapəlε dεllə e il avε aksεpte də vivʁə avεk sɔ̃ fɑ̃tomə, sa pʁezɑ̃sə absɑ̃sə ɑ̃ lɥi, il avε kɔ̃ʒyʁe la mɔʁ paʁ la pɥisɑ̃sə də la pɔezi e sεt- ɑ̃n- εmɑ̃ lə mɔ̃də a pʁezɑ̃, lε vizaʒə də fœjə mɔʁtə, kil puvε ʁəɡaɲe la suʁsə, lə fwaje də lamuʁ. sə suvəniʁ dεllə, sε sə suvəniʁ kil avε εme œ̃n- εtʁə ki la uvεʁ o mɔ̃də, sε kɔmə səla kə la dulœʁ sə metamɔʁfozə a pʁezɑ̃ ɑ̃n- elevasjɔ̃ vivə. puʁkwa ? paʁsə mɛ̃tənɑ̃ il vwa lə vizaʒə dε fœjə mɔʁtəz- e kə lə mɔ̃də tut- ɑ̃tje ε-abite paʁ sa pʁezɑ̃sə, œ̃ deziʁ ki nə sə lεsə plys kɔ̃təniʁ paʁ lə ʁεzɔnablə e ki sabɑ̃dɔnə a laʁmɔni.
nɔ̃… malɡʁe sɔ̃ malœʁ, il navε pa tu pεʁdy, il na pa kɔny la pεʁtə teʁiblə, la dublə pεʁtə.
il kɔ̃tinɥε a maʁʃe, lalεnə ʃodə. il ɑ̃tɑ̃di œ̃ bʁɥisəmɑ̃ pʁɔvənɑ̃ sɑ̃ dutə dœ̃ pəti kuʁ do. il desida də sɑ̃ ʁapʁoʃe puʁ sə ʁafʁεʃiʁ.
lɔ̃də etε pyʁə, sɑ̃z- otʁə- tʁublə kə lə kuʁɑ̃. lə ʁɥiso sɑ̃blε vulwaʁ metafɔʁize sε pɑ̃se, il lə pεʁsy kɔmə lə pʁəmje aktə pɔetikə də sa ʁənεsɑ̃sə. ynə ʒwa imɑ̃sə lɑ̃vai, sudεnə, ɛ̃tɑ̃sə… mεz- il sɑ̃ti sudɛ̃ ynə pʁezɑ̃sə difyzə, sə kɔ̃fiʁmɑ̃ pø a pø dɑ̃ lɔ̃bʁə tjεdə. e sɔ̃n- ɑ̃fazə satenɥa leʒεʁəmɑ̃, ɛ̃kjεtə, sə pʁepaʁɑ̃, paʁ ʁeflεksə a œ̃ dɑ̃ʒe. la ʁozə də sa ʒwa daʁda sεz- epinə, pʁεtə a ɑ̃ dekudʁə.
la lynə pɑ̃sε a lɥi e il pɑ̃sa a εllə, tʁε pʁɔfɔ̃demɑ̃, a tʁavεʁ lε nɥaʒə bʁylɑ̃, sɑ̃ɡlɑ̃ pʁεskə, ki sə detaʃε dy sjεl tenebʁø. tutə sε pɑ̃se kɔ̃vεʁʒεʁe vεʁ lastʁə ki sə ʁəfletε dɑ̃ lə fεblə kuʁ do, e pø a pø, il sɑ̃ti kə lɥi mεmə sə kɔ̃fɔ̃dε avεk lə mɔ̃də, lə ʁefleʃisɑ̃ kɔmə lə kuʁ do evɔkε la lynə dɑ̃ sε pli.
il sə pʁɔdɥizi alɔʁz- œ̃n- efε etʁɑ̃ʒə də deʁealizasjɔ̃, u lε ʃozə pεʁdε də lœʁ evidɑ̃sə puʁ dəvəniʁ dεz- ɔbʒε də sɔ̃ʒəz- e devɔkasjɔ̃ sɑ̃ fɛ̃. sɔ̃ ʁəɡaʁ ɡlisa syʁ lεz- aʒɔ̃kz- e lεz- aʁbʁəz- ɑ̃viʁɔnɑ̃, e il y lɛ̃pʁesjɔ̃ də vwaʁ œ̃ pəplə spεktʁal mase otuʁ də lɥi, lε tʁɔ̃k deʃaʁne dε ʃεnə lɥi evɔkε dε vjεjaʁd ʒeɑ̃z- e lε ʁasinə, dε sεʁpɑ̃z- u lε ʃəvø də maʁi madəlεnə.
il i avε ynə ʁεspiʁasjɔ̃ mistikə e ʁəliʒjøzə ki ʁəpʁənε leʃo də sɔ̃ suflə, plys ʁapidə, εɡzalte paʁ ynə ɑ̃ɡwasə suʁdə, sεllə dynə amə ki delεsə sε fʁɔ̃tjεʁə puʁ plɔ̃ʒe dɑ̃ dεz- abimə də vizjɔ̃ pεʁdɥ. pø a pø, il fy kɔmə a ynə distɑ̃sə imɑ̃sə, a dε ljø dy miʁwaʁ ketε ɑ̃ sεt ɛ̃stɑ̃ puʁ lɥi la natyʁə. e kɔmə wεʁtœʁ ki kʁεɲε də nə puvwaʁ sə kɔ̃tɑ̃ple dɑ̃ la natyʁə, lɥi sə sɑ̃tε pʁiz- o pjεʒə dœ̃n- ekaʁ iʁedyktiblə ɑ̃tʁə lɥi e lynive : lə mɔ̃də dəvənε sɔ̃ pʁɔpʁə ʁəflε, il etε pjeʒe ɑ̃ lɥi mεmə, fɔʁklo dɑ̃ sɔ̃n- imaʒinεʁə. il sə sɑ̃tε ɑ̃teʁe vivɑ̃, o sɛ̃ də sɔ̃ pʁɔpʁə ʁəɡaʁ.
dε fɑ̃tomə sə miʁe a dɑ̃se ɑ̃ plasə dε leʒe bɑ̃ də bʁymə, e dε famə kɔmɑ̃sεʁe a tuʁnwaje paʁmi lε fœjəz- ɑ̃bʁaze dεz- aʁbʁə- sɔ̃bʁə. tut- œ̃ mɔ̃də dεspʁi suvʁε puʁ lɥi, œ̃ mɔ̃də dynə familjaʁite ɛ̃sypɔʁtablə. il i avε tɑ̃ də sɔ̃ʒə kil nə puvε plys distɛ̃ɡe okœ̃ vizaʒə εme, dε fiɡyʁə tutə sɑ̃blablə pasε dəvɑ̃ lɥi, dɑ̃z- ynə ɛ̃fini metamɔʁfozə.
il sə dəmɑ̃da. il sə dəmɑ̃da tʁε pʁɔfɔ̃demɑ̃. lə vɑ̃ suflə. il sə dəmɑ̃da si sɔ̃n- amuʁ lɥi mεmə netε pa o fɔ̃t- ynə eʁœʁ syʁ la pεʁsɔnə. la pɥisɑ̃sə eʁɔtikə. la pɥisɑ̃sə eʁɔtikə də sɔ̃n- imaʒinεʁə lefʁεjε. oʁε til py mεtʁə o mɔ̃də sə kil a εme o dəla də tutə ʁεzɔ̃ ? etε sə œ̃ madʁiɡal kɔ̃poze a lavɑ̃sə paʁ sε fʁεʁə dɔ̃bʁə ki sə səʁε ʁevele a lɔkazjɔ̃ dynə ʁɑ̃kɔ̃tʁə ? netε til pa o fɔ̃t- œ̃ nekʁɔmɑ̃ ? ki εɡzymə sε fɑ̃tomə puʁ lεz- ɛ̃kaʁne dɑ̃ la ʃεʁ akœjɑ̃tə dynə famə ?
sɔ̃ tʁublə dəməʁa, kɔ̃stɑ̃, e o miljø dε valsə, il vit ynə apaʁisjɔ̃.
il kɔ̃sideʁa lapaʁisjɔ̃ avεk ɑ̃ɡwasə, pɥiz- avεk fasinasjɔ̃. il navε ʒamε ʁjɛ̃ vy dosi bo də tutə sa vi. setε kɔmə ynə bʁibə də sjεl ki sə detaʃε dy fɔ̃ fɔʁεstje avεk ɡʁasə. tut- ɛ̃spiʁε la seʁenite e la ʒwa. setε vʁεmɑ̃ ynə apaʁisjɔ̃, ynə ɛ̃tɑ̃sə kɔ̃dɑ̃sasjɔ̃ dy tɑ̃pɔʁεl, la ʁeynifikasjɔ̃ su la mεmə eʒidə də la nεsɑ̃sə e də la mɔʁ, la fɔʁmə mεmə dy sɑ̃s pa ɑ̃kɔʁə uvεʁ a la ʁeflεksjɔ̃.
» sε mwa ɡjmε di lide avεk ynə vwa də famə, sa vwa a εllə !
twa ? kɔmɑ̃ ? puʁkwa ? sekʁja til, pεʁdy.
sε mwa. ʁəpʁi tεllə.
ʒə kʁwajεz- avwaʁ labitydə də paʁle o fɑ̃tomə. di til dynə vwa bʁize.
paʁsə kə ty na ʒamεz- aksεpte la ʃεʁ, ni la mɔʁ mεmə si ty i ε tʁεz- ataʃe o fɔ̃. ty a vuly fεʁə də mwa ynə deεsə, mεz- ε ty bjɛ̃ syʁ də ki ʒə sɥi ? pɑ̃dɑ̃ tu sə tɑ̃ ty ɡaʁdə ɑ̃ twa ynə imaʒə, ynə ʁəliʒjøzə imaʒə də mwa. sε pʁεskə a kʁwaʁə kə ty a veʁitabləmɑ̃ εme la famə kə ty ʃεʁʃεz- apʁε ma mɔʁ. e mwa ? eɡɔistə ! ty nə mεmε pa… ty nə mεmε pa…

də la sɥœʁ kulε syʁ sε tɑ̃pə, la sεnə etε vʁεmɑ̃ syʁealistə. il puvε sɑ̃tiʁ sɔ̃ kœʁ batʁə a sə ʁɔ̃pʁə e sɔ̃ fʁɔ̃ εtʁə paʁkuʁy paʁ ynə ʁymœʁ ɡlase.

sə nε pa vʁε ! yʁla til. sε twa ki na ʒamε vuly mə dɔne ta ʁealite. sε twa ki ma syse lə sɑ̃ puʁ ɑ̃n- εkstʁεʁə tu lideal ! ty mə vulε pʁε də twa sələmɑ̃ puʁ kə ʒə tidealizə, kə ʒə fasə də twa œ̃n- ɑ̃ʒə ! ty ε dəvəny œ̃ fɑ̃tomə tutə sələ !

il sə sɑ̃tε dəvəniʁ fu, sa fyʁœʁ oɡmɑ̃tɑ̃ kaʁ il savε bjɛ̃ o fɔ̃ kεllə avε ʁεzɔ̃. il avε pœʁ. il sɑ̃tε kil la pεʁdε puʁ də bɔ̃, la famə εme. avɑ̃, la ʃεʁ, mɛ̃tənɑ̃, sε lə ʁεvə ki sə dekɔ̃pozə. vwaʁ dε pʁɔmεsə detεʁnite, εllə mεmə ʁɔ̃ʒe paʁ la kɔʁypsjɔ̃, il ni a pø tεtʁə pa plys teʁiblə.

il sə kalma.
sə nə pø pa εtʁə œ̃ ʁεvə a ki ʒə paʁlə, sε bjɛ̃ twa, ʒə lə sε kə sε twa. ta bote iʁadi paʁtu otuʁ də twa. sε bjɛ̃ ta ʁealite kə ʒεmə, pa œ̃ ʁεvə, pa œ̃ ʁεvə. ɔ nɔ̃, ʒə sε bjɛ̃ kə ʒə nə mə mɑ̃ pa a mwa mεmə.
si ty pɑ̃sə kə ta pɑ̃se ε bjɛ̃ ʁeεllə e kə sεt- a mwa kə ty paʁlə, ε sə kə ty kʁwaz- oz- εspʁi ?
nɔ̃, bjɛ̃ syʁ kə nɔ̃. il ni avε kə twa, ʒə tə ʒyʁə, kə twa… il ni avε kə twa, mɔ̃n- amuʁ.
dɑ̃ sə ka, ʁəɡaʁdə bjɛ̃ otuʁ də twa.

il ʁəɡaʁda bjɛ̃, il nə vit ʁjɛ̃, e kɑ̃t- il ʁətuʁna la tεtə puʁ lə diʁə a lapaʁisjɔ̃, il fy ɡlase defʁwa ɑ̃ vwajɑ̃ kεllə netε plys la.

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la fεtə kɔ̃tinɥε sɔ̃ kuʁ o lwɛ̃, il i ʁətuʁna-aɡaʁ, εjɑ̃ veky lə kɔ̃blə də la pεʁtə. lε ʒɑ̃ byvε tuʒuʁ, sεʁtɛ̃ setε ɑ̃fɛ̃ asi puʁ diskyte plysz- a lεzə, e dotʁə- setε ekaʁte œ̃ pø plys lwɛ̃ puʁ puvwaʁ paʁle sɑ̃z- εtʁə ɑ̃tɑ̃dys, u puʁ kɔ̃klyʁə œ̃ bεze.
il ʁəvɛ̃ o banal, pø a pø, ame, kɔmə lɔseɑ̃, ynə vaɡ, nɔ̃ sε lə sjεl. la nɥi finisε, kɔmə ɑ̃ lɥi œ̃ vwalə də tenεbʁə- sə ləvε. lεz- ɑ̃sjεnə paʁɔlə dəvɛ̃ʁe myʁmyʁə, pɥi də fεblə bʁizə. lε ɡʁɑ̃də pʁɔmesə kə ləɡo fɔʁʒε puʁ pʁezεʁve lideal e lɔnœʁ də la dulœʁ, sefɔ̃dʁεʁe kɔmə dεz- edifisə fʁaʒiləz- e bʁɑ̃lɑ̃.
tut- ɑ̃ lɥi ʁənεsε də plysz- ɑ̃ plys pεʁsεptibləmɑ̃. lεz- ɑ̃sjεnə kʁɑ̃pə mɑ̃talə, lε vjø mo də vɑ̃tʁəz- e də kœʁ sasupliʁe. dε pɔʁtə- veʁuje sə deveʁujε, kɔmə lεz- aʁtεʁə sumizəz- o fɑ̃tasmə sesεʁe lœʁ batəmɑ̃ duluʁø.
il puvε sɑ̃tiʁ kɔmə ynə ʃalœʁ sepanuiʁ dɑ̃ lə kɔʁz- ublje, lεse puʁ kɔ̃tə, kɔmə œ̃n- ɔpstaklə, e sεt- avεk emɔsjɔ̃ kil py ʁəsɑ̃tiʁ a nuvo, lεz- ɔʁizɔ̃ kə pʁɔmεte lε sɑ̃s, o mwɛ̃z- osi mεʁvεjø kə lε plys bεlləz- ide.
ɑ̃fɛ̃. il netε plys sεtə sypεʁnɔva dɑ̃z- ynə bwatə, il netε plys sεtə etwalə a efɔ̃dʁəmɑ̃ də kœʁ ki delεsə sa sybstɑ̃sə puʁ sevanuiʁ dɑ̃ lynive. sεtə pεʁtə teʁiblə e deʃiʁɑ̃tə, sεtə døzjεmə pεʁtə si kʁɛ̃tə… il lə vivε avεk etɔnəmɑ̃ kɔmə ynə səɡɔ̃də nεsɑ̃sə, ynə nεsɑ̃sə a la veʁite də sɔ̃ deziʁ, debaʁase də sɔ̃ mɑ̃to fɑ̃tasmatikə. maʒikə. tut- œ̃ mɔ̃də etε a ʁəkɔ̃keʁiʁ, œ̃ vizaʒə a ʁəkɔ̃stʁɥiʁə, sεt- ynə nεsɑ̃sə a tʁavεʁ la kʁeasjɔ̃ nuvεllə, dy deziʁ ki laʃə la bʁidə də sɔ̃ kuʁsje mɔʁ.
il sasi paʁ teʁə puʁ medite, e il etε dynə ʒwa imɑ̃sə, il ɑ̃n- oʁε pʁεskə pləʁe də ʒwa. setε kɔmə si il etε pase də lotʁə kote dy miʁwaʁ, ki sεsə dɛ̃vεʁse sɔ̃n- imaʒə, puʁ laməne a ynə pʁɔmεsə də lɥi mεmə, simetʁikə avεk lɥi mεmə, ɑ̃-aʁmɔni avεk lɥi mεmə. lə ʁεɲə də lotʁə ɔʁ də lɥi pʁənε fɛ̃, e il alε puvwaʁ vivʁə, ɑ̃ sɔ̃ ʁəkœjmɑ̃, ynə ʁekɔ̃siljasjɔ̃.
il sə ləva puʁ maʁʃe, e il py sɑ̃tiʁ kə la natyʁə, lɑ̃viʁɔnəmɑ̃ ɑ̃tje e lεz- etwalə, etε a nuvo dε kɔʁεspɔ̃dɑ̃z- etʁɑ̃ʒe. il navε plys la sɑ̃sasjɔ̃ dezaɡʁeablə də maʁʃe syʁ sa mɔʁtə o ʃəvø də bwa sɔ̃bʁə. lε kɔ̃vεʁsasjɔ̃z- avεk lə mɔ̃də alε puvwaʁ ʁəpʁɑ̃dʁə, e sεt- ɑ̃ vivɑ̃ la pεʁtə plys pʁɔfɔ̃də də sɔ̃ ʁεvə ɔmnipʁezɑ̃ kil a py aʃəve sɔ̃ sεʁklə də ʁənεsɑ̃sə.
il salɔ̃ʒa dɑ̃ lεʁbə, ʁadjø, kɔ̃tɑ̃plɑ̃ lε nɥaʒə puʁpʁəz- e kʁamwazi paʁ lə ləve dœ̃ ʒuʁ nuvo…

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Commentaire Sur La Poesie

Auteur de Poésie
05/11/2017 12:34Zéphyr

c’est puissant ! Merci !

Prose Amour
Du 18/10/2017 21:20

L'écrit contient 5833 mots qui sont répartis dans 16 strophes.