Poème:Dans Les Nuits Noires Et Blanches

Mes nuits sont noires et blanches.
Tous mes choix sont bleu-gris.
Chaque soir c’est dimanche
Et il pleut sur ma vie.

Le minuteur s’enclenche,
Mes paupières ouvertes à demi,
Blanches, mes nuits sont blanches,
Pourtant noire est la nuit.

Mes jours sont bleus et roses
Peu à peu je maigris.
Je n’aime pas grand-chose
Hormis la poésie.

Il y a tant de causes
A cette absence d’appétit,
A la beauté éclose
Dans la souffrance et l’interdit.

Pourquoi y a-t-il ces choses
Qu’il me faudrait chasser
De ma vie, mais je n’ose
Tout juste me les avouer.

J’ai peur de l’overdose
Du sang presque asséché,
Seuls les mots que je pose
Me disent à quoi je suis vouée.

Il faudrait, je suppose,
M’assouplir et tâcher
D’ouvrir ces portes closes,
Tourner les pages arrachées.

Est-ce que les corps se décomposent
En laissant l’âme s’échapper,
Qu’enfin tranquille elle repose
Par une toison d’or drapée.

Il va de soi que je m’isole
Par l’écriture, attachée
A mon stylo, en camisole,
Ne venez pas me détacher.

Puisqu’il n’est plus rien qui dissolve
Cette encre, sur mes doigts, séchée.
Il faut que je résolve
L’énigme du pêché.

Mes nuits sont noires et blanches.
J’ai le blues, c’est ainsi…
Seul la pluie qui se penche
M’amène l’éclaircie.

Je connais trop dimanche
Et trop peu aujourd’hui.
Je vais sur une planche
Que le hasard conduit.

Je brise mes phalanges
En un point imprécis
Je fais le saut de l’ange
En plongeant dans les « si ».