Poème:C’était Ma Fille

C’ÉTAIT MA FILLE
Je la croisais tous les matins.
Entre Barbes et Stalingrad.
Elle revenait de son boulot.
Alors que moi j’allais au chagrin.
Elle me prenait souvent par la main.
Pour aller prendre un café crème.
Toute démaquillée après une nuit mouvementée.
Elle me racontait sa vie.
En me disant qu’elle ne pouvait pas faire autrement.
Il fallait bien élever son enfant.
Regardant ses yeux cernés.
J’avais du mal à la regarder.
Elle me donnait envie de pleurer.
Car elle ne méritait pas ce métier.
Venant d’une famille déshérité.
Si j’avais eu vingt ans de moins.
Je l’aurais remise sur les bon chemin.
C’est pour cela qu’elle savait très bien.
Qu’elle avait trouvé un bon copain.
Elle me racontait sa vie.
Que sa mère était née à Nancy.
Que son mari était parti faire un tour à Paris.
C’est là que j’ai compris en parlant de son parcours.
Que cet homme c’était moi.
Faut-il en rire faut-t’il pleurer.
Ce matin là je n’avais plus le cœur à le dire.
Je l’ai prise dans mes bras.
Elle avait compris qu’elle n’aurait plus à faire ce métier.